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Au sommet de Porto, un rendez-vous majeur pour l’Europe sociale

Réunis pour un sommet exceptionnel à partir de ce vendredi 7 mai, chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, partenaires sociaux et institutions européennes espèrent faire de leur rencontre un tournant pour l’Europe sociale. Un plan d’action sur le long terme, présenté par la Commission le 4 mars, pourrait notamment y être adopté.

Le Premier ministre portugais António Costa, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne, avait prévu ce sommet social avant même la pandémie de Covid-19
Le Premier ministre portugais António Costa, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, avait prévu ce sommet social avant même la pandémie de Covid-19 - Crédits : Conseil européen

C’est au Portugal, qui préside le Conseil de l’UE depuis le 1er janvier et jusqu’au 30 juin, que les chefs d’Etat et de gouvernement européens se rencontrent ces vendredi 7 et samedi 8 mai “afin d’élaborer l’agenda social de l’Europe pour la prochaine décennie”, résume l’hebdomadaire portugais Visão. “Pour le Portugal, il s’agit d’une ‘occasion unique’, où les domaines de l’emploi, de l’égalité des chances, de l’inclusion, de la protection sociale et de la santé seront examinés”, détaille la chaîne publique RTP.

Sommet exceptionnel

De nombreuses personnalités européennes sont attendues à Porto. En plus des 27 dirigeants des Etats membres, ce sommet réunira “les présidents du Parlement européen, David Sassoli, du Conseil européen, Charles Michel, et de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ainsi que les vice-présidents exécutifs de la Commission, Margrethe Vestager et Valdis Dombrovskis, le haut représentant Josep Borrell et les commissaires Elisa Ferreira, Mariya Gabriel et Nicolas Schmit”, liste Visão. Pour débattre avec eux, des syndicalistes européens et des membres de la société civile seront présents, fait savoir Courrier international.

L’ensemble des acteurs entame les échanges ce vendredi en milieu de journée avec une conférence et des groupes de travail, qui doivent “se concentrer sur la recherche des meilleurs moyens de mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux” [RTP], un ensemble de 20 principes appelés à guider les politiques sociales de l’UE et des Etats membres. Visão relève par ailleurs une “différence” notable avec le précédent sommet social, tenu en 2017 à Göteborg en Suède et au cours duquel avait été adopté le socle : celui de Porto devrait s’achever avec une déclaration “signée non seulement au niveau institutionnel, mais aussi avec les partenaires sociaux et la société civile”.

Un plan d’action social

Ce soir, les chefs d’Etat et de gouvernement se retrouveront “avec un dîner de travail où seront aussi évoqués des sujets internationaux comme les tensions avec la Russie et la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid”, indique La Tribune. Le plan d’action présenté par la Commission européenne le 4 mars dernier pour mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux devrait toutefois occuper une large part des discussions de la soirée et de samedi. Constitué d’un calendrier de propositions de directives, de révisions de textes existants et de recommandations aux Etats membres, “ce plan non contraignant a énoncé plusieurs objectifs” à atteindre d’ici à 2030, relate Euronews. A savoir “un emploi pour au moins 78 % des 20-64 ans, une formation pour au moins 60 % des adultes chaque année” et au minimum “15 millions de personnes menacées de pauvreté en moins”.

Si […] nous parvenons à avoir une déclaration commune de soutien ou d’approbation du plan d’action, ce sera une étape importante”, a déclaré le Premier ministre portugais António Costa, cité par Euronews. Pour le chef du gouvernement, un “immense travail” attendrait alors les Vingt-Sept “pour faire du plan d’action […] une réalité”. “Il est nécessaire qu’il y ait un engagement de la part de toutes les institutions”, prévient Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), cité par L’Humanité. Le dirigeant syndical souhaite que ces “objectifs se traduisent par des initiatives législatives” afin de concrétiser les annonces européennes.

Parmi les sujets souvent évoqués, le salaire minimum européen alimente particulièrement les débats. “Il s’agit sans doute de la mesure la plus symbolique”, estime Le Temps. La proposition de directive de la Commission relative à des salaires minimaux adéquats dans l’Union européenne, datant d’octobre 2020, vise à “imposer une convergence entre les niveaux nationaux de rémunération, à la fois pour augmenter le pouvoir d’achat au sein du marché unique et pour éviter le ‘dumping social’ entre les Etats membres”, explique le journal suisse.

Concernant un éventuel mécanisme européen de réassurance chômage permanent, le président du Conseil européen Charles Michel s’est montré prudent : “nous n’en sommes pas encore au stade de la prise de décision, mais nous avons besoin de tels moments pour construire un compromis”, a-t-il déclaré en amont du sommet, dans une interview à six médias européens, dont La Croix.

Des Etats divisés

En raison de situations nationales très variées dans l’UE, les positions des gouvernements sur les questions sociales sont loin d’être unanimes. “Il n’y aura pas de mesure concrète”, avance un haut fonctionnaire européen interrogé par Le Monde, mais “un message politique” des Etats membres, lesquels sont “divisés” sur plusieurs dossiers sociaux [Le Huffington Post]. “Les pays du Sud, comme la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, sont très allants”, là où “les pays nordiques, attachés à leur modèle, et ceux de l’Est, soucieux de garder leur compétitivité, sont nettement moins enthousiastes”, relate Le Monde.

Le contexte politique et social est exceptionnel : la crise liée au Covid-19 a “touché de manière disproportionnée les pauvres et les marginalisés, en particulier les femmes et les jeunes, approfondissant les clivages socio-économiques existants” [Politico]. La pandémie a mis aussi “sous les feux de la rampe les travailleurs faiblement rémunérés, vulnérables mais essentiels”, donnant au passage un nouvel élan à l’idée d’une “Europe sociale”, relève le média. C’est “sans doute” cette même crise “qui a permis à l’Europe sociale de paraître un peu plus concrète ces derniers temps”, en particulier avec le lancement du plan de relance européen de 750 milliards et le mécanisme SURE pour le chômage partiel [Le Monde].

Alors, cette “Europe des classes populaires” a-t-elle “rendez-vous à Porto”, comme l’annonce Euronews ? En marge des réunions, plusieurs associations et “des partis de gauche ont organisé un contre-sommet et prévu de manifester samedi” dans les rues de la ville [La Tribune]. “Nous ne pouvons pas manquer cette occasion de construire une Europe ambitieuse et solidaire, une Europe centrée sur les personnes”, avertissait António Costa à la veille de la rencontre [RTP].

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