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Le sport dans l’Union européenne

Dans le domaine du sport, qui relève encore largement de la compétence des Etats membres, l’Union européenne intervient en complément. En la matière, l’un de ses principaux objectifs est de renforcer la dimension sociétale du sport.

Marathon de Fribourg

Le sport européen dans le monde

Au sein de l’Union européenne, les politiques sportives relèvent de la compétence des Etats. Ces derniers sont libres dans la définition de leurs priorités et dans leurs choix budgétaires. S’il n’existe pas de politique sportive uniforme parmi les pays, le continent européen dans son ensemble est connu pour son action souvent ambitieuse dans ce domaine.

De nombreuses compétitions sportives se déroulent chaque année en Europe, concernant un large spectre de disciplines. Ces événements sont aussi bien suivis à l’échelle nationale qu’internationale pour certains. C’est notamment le cas du football, sport pour lequel la plupart des compétitions les plus prestigieuses et réputées ont lieu sur le Vieux Continent, attirant d’ailleurs une grande partie des meilleurs joueurs du monde. Plus généralement, des champions européens excellent dans un très grand nombre de sports et rares sont les disciplines où des sportifs, clubs ou nations européennes ne figurent pas parmi les meilleurs à l’international.

Le poids du sport en Europe

A l’échelle du continent européen, le secteur du sport représente une part non négligeable de la production de richesses. Les études sont rares, datent et divergent sur ce point, mais selon les modes de comptabilité, elles estiment qu’il représenterait entre 3,4% et 3,7 % du PIB pour environ 15 millions d’emplois.

En matière de pratiques, le continent se caractérise également par sa diversité. Si certains sports sont pratiqués partout ou dans un grand nombre de pays, comme le football, le basket-ball, le tennis ou l’athlétisme, d’autres sont plus spécifiques à certains pays ou régions. C’est le cas du ski qui se pratique logiquement plutôt dans les pays nordiques ou ayant des montagnes, du rugby qui est surtout populaire dans les îles britanniques, en France et en Italie, ou encore des sports gaéliques qui, comme leur nom l’indique, sont très majoritairement présents en Irlande. Bon nombre de ces disciplines sont en tout cas nées sur le continent européen, et font aujourd’hui partie de son patrimoine culturel.

Par ailleurs, nombreux sont les Européens, dans l’ensemble des Vingt-Sept, à pratiquer une activité sportive en amateur. D’après le Parlement européen, près de 60% de la population serait concernée, tandis qu’environ 700 000 clubs sportifs existent dans l’UE.

La politique européenne du sport

Dans le domaine du sport, l’Union européenne ne dispose que de compétences d’appui. Cela signifie que les Etats membres conservent très largement la main dans la définition de leurs priorités et dans la mise en œuvre de leurs orientations.

La mise en place progressive d’une politique européenne du sport - Pour agrandir, cliquez sur l’image

La politique européenne du sport provient initialement du Conseil de l’Europe. En 1967 d’abord, l’institution émet une première résolution invitant les Etats membres à se doter d’une réglementation contre le dopage. Puis en 1985, une convention européenne sur la violence et les débordements de spectateurs lors de manifestations sportives est adoptée. Un texte élaboré à la suite du drame du stade du Heysel à Bruxelles, qui accueillait la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, l’ancêtre de l’actuelle Ligue des Champions. La rencontre, remportée par la Juventus de Turin face à Liverpool (1-0), avait été émaillée d’affrontements entre supporters, un important mouvement de foule générant l’effondrement d’une tribune. Bilan : 39 morts et 450 blessés.

Au niveau de l’Union européenne à proprement parler, les premières initiatives en matière de sport remontent à 1974, avec une décision de la Cour européenne de justice définissant le sport comme relevant des compétences communautaires. En 1991 se tient ensuite un Forum européen du sport puis, en 1997, avec le traité d’Amsterdam, est reconnue “l’importance sociale du sport” et notamment son rôle de “ferment de l’identité et de trait d’union entre les hommes” . Depuis, l’UE multiplie les initiatives autour du rôle économique du sport et de son importance pour la santé, l’éducation, l’intégration sociale et la culture. Enfin, depuis 2014 a lieu chaque année la Semaine européenne du sport, qui vise à promouvoir la place de l’activité physique dans la société et le quotidien des Européens.

Deux plans de travail pour le sport ont ensuite été fixés par des décisions du Conseil européen pour les périodes 2014-2017 et 2017-2020. Tous deux définissent les mêmes priorités : encadrer la croissance économique du sport pour en limiter les dérives (corruption, dopage, non respect du droit du travail) et développer sa dimension sociétale (éducation, formation, lien social, santé). Budgétairement, cette stratégie est financée via le programme Erasmus +, qui consacre 1,8% de son budget au sport pour la période 2014-2020. Le sport est donc une politique transversale, qui permet de construire des programmes dans tous les domaines, du développement économique à l’intégration sociale des migrants en Europe (par exemple via le projet inclusion sociale par le bénévolat dans les clubs de sport).

Débats et perspectives

Sur le plan sportif, l’un des débats les plus fréquents est certainement celui de la dérégulation des transferts, particulièrement dans le football européen. Consécutif à l’arrêt Bosman de 1995 rendu par la Cour de justice de l’Union européenne instaurant la libre-circulation des sportifs européens au sein de l’Union, le marché des transferts connaît effectivement une croissance exponentielle.

L’arrêt Bosman, une révolution économique pour le foot

L’arrêt Bosman a été rendu pour trancher sur le cas du milieu de terrain belge Jean-Marc Bosman. Joueur du FC Liège, ce dernier se trouvait en fin de contrat avec son club et voulait rejoindre la formation française de Dunkerque, ce que lui refusait Liège et la réglementation en vigueur, autorisant seulement 3 ressortissants étrangers issus de l’Union européenne par équipe.

Le joueur a porté l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne, qui a considéré que cette règle constituait une discrimination entre nationalités européennes et contrevenait à l’article 48 du traité de Rome, défendant la liberté de circulation des travailleurs. Cette décision a permis au marché des transferts footballistiques de se développer largement depuis.

Chaque été, plusieurs milliards d’euros sont ainsi dépensés pour l’acquisition de joueurs par l’ensemble des clubs de football professionnels, laissant croire à la possible explosion d’une “bulle spéculative” au cours des prochaines années. Ainsi, les clubs des cinq grands championnats européens (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie et France) ont investi 1,5 milliard d’euros en 2010. En 2019, le montant total de leur dépenses atteignait 6,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 340%, note l’Observatoire du Football CIES.

En outre, le dopage, encore très présent dans de nombreux sports comme le cyclisme ou l’athlétisme, ou encore la corruption et la bonne gouvernance, notamment au sein d’organismes tels que l’UEFA et la FIFA dans le football ou encore le Comité international olympique, apparaissent également comme des enjeux très prégnants. A cet égard, la Russie, pour avoir couvert le dopage de plusieurs de ses athlètes lors des Jeux olympiques d’hiver 2014 qu’elle organisait à Sotchi, s’est vue disqualifiée de l’édition 2018, qui s’est déroulée à Pyeongchang (Corée du Sud). Certains sportifs russes n’ont donc pas été autorisés à concourir sous le drapeau neutre olympique. De la même manière, le président de la FIFA, Sepp Blatter, a été suspendu de ses fonctions en 2015 pour des affaires de corruption qui ont également touché Michel Platini, alors président de l’UEFA ainsi que plusieurs autres dirigeants des instances footballistiques mondiales.

Notons également qu’après avoir été confiés à Rio de Janeiro en 2016 puis à Tokyo en 2021 suite à l’épidémie de coronavirus, les Jeux olympiques d’été reviendront sur le sol européen en 2024. En effet, douze ans après Londres, la ville de Paris recevra cet événement sportif incontournable, et ce pour la troisième fois de son histoire après les éditions de 1900 et 1924. Finaliste contre Los Angeles, Paris a pu bénéficier du soutien politique des institutions européennes pour obtenir l’organisation des Jeux. Enfin, derrière la Coupe du monde de football et les Jeux Olympiques, les deux événements sportifs les plus regardés de la planète, l’Europe accueille chaque année la troisième compétition la plus médiatisée au monde : le Tour de France.

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1 commentaire

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    Danielle Vicente

    J’ai lu avec intérêt cet article qui m’a instruit sur les compétences de l’UE dans le domaine sportif.
    S’il est vrai que les politiques sportives relèvent de la compétence des états et que l’UE tente d’en uniformiser les règlements, croissance économique et juridique, il n’en reste pas moins que le sentiment d’appartenir à l’UE en est complètement absent.
    Et pourtant n’est-ce pas là notre avenir ?