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L’Europe dans la campagne : premier bilan à quelques jours du dénouement

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Tout au long de la campagne, Touteleurope.fr a suivi les déclarations des différents candidats, les commentaires des observateurs et les évolutions de l’opinion sur les questions européennes. Retour sur les principaux enseignements de ces dernières semaines, à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle.

Un enjeu important au second plan de la campagne

Deux ans après un débat passionné sur le projet de Constitution européenne, la campagne présidentielle était attendue par de nombreux militants de la cause européenne comme un moment de vérité, une occasion pour les candidats à la magistrature suprême de dévoiler leur vision pour la France dans l’Europe.

Ainsi, le collectif “Sauvons l’Europe” , qui réunit des associations européennes, des think tanks et des mouvements syndicaux a publié à la mi-avril une adresse aux candidats intitulée : “L’Europe doit être présente dans la campagne”. Ses signataires y soulignent l’importance de ce thème pour le prochain Chef de l’Etat qui, à peine élu, participera en juin à un Conseil européen déterminant pour l’avenir institutionnel de l’UE. L’association EuropaNova a

demandé aux deux candidats investis au second tour de l’élection de se prononcer sur les 7 propositions d’un “Pacte européen” .

Pourtant, à quelques jours du second tour, l’Europe n’a occupé qu’un rôle secondaire dans une campagne longtemps marquée par des interrogations sur le modèle français et l’identité de la France. Interrogé par Touteleurope, le politologue Dominique Reynié explique ce silence relatif par la position inconfortable et “paradoxale” des trois candidats donnés pour favoris avant le premier tour, qui tous avaient soutenus le “oui” à la Constitution.

Réforme des institutions européennes et orientations économiques au cœur du débat

Si l’Europe n’a jamais été au cœur de cette campagne, les principaux candidats ont pourtant multiplié les propositions et déclarations concernant la politique environnementale européenne, les relations extérieures de l’UE, les futurs élargissements, l’avenir de la politique agricole commune, etc. Deux sujets ont particulièrement retenu l’attention des observateurs : la réforme des institutions européennes et les orientations économiques et sociales de l’UE.

D’accord sur le principe d’un futur traité à caractère institutionnel, les deux candidats qualifiés pour le second tour se distinguent concernant le mode d’adoption de ce texte. Le “traité simplifié” que Nicolas Sarkozy appelle de ses vœux serait ratifié par voie parlementaire. Ségolène Royal promet pour sa part l’organisation d’un référendum sur un texte qu’elle souhaite voir complété d’un “protocole social” .

Leurs propositions en matière économique présentent certaines analogies. Tous deux critiquent la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) et manifestent leur volonté de réorienter l’économie européenne dans un sens plus protecteur pour les citoyens.

Ségolène Royal réclame une modification des statuts de la BCE et appelle de ses vœux l’émergence d’un gouvernement économique européen. Elle veut “construire une Europe plus protectrice” , à dimension sociale. Pour Nicolas Sarkozy, l’Europe doit “protéger dans la mondialisation” et réhabiliter la préférence communautaire. Le candidat veut mettre l’euro “au service de la croissance et de l’emploi” .

Des propositions qui répondent aux préoccupations des Français…

Ces propositions rejoignent les attentes des Français, qui, selon plusieurs sondages, attendent surtout de l’Europe des progrès en matière sociale et associent souvent l’introduction de l’euro à la hausse des prix.

Interrogés sur la priorité du prochain chef de l’Etat en matière européenne, les Français estiment qu’il lui reviendra avant tout de travailler au renforcement de la protection sociale dans toute l’Europe (sondage CSA / Europanova/ Nouvel Observateur du 7 mars 2007). Lorsqu’on leur demande dans quels domaines ils souhaitent voir l’Union européenne aller plus loin dans les 20 années à venir, ils citent d’abord “une politique sociale commune” (sondage CSA / Touteleurope.fr / France 3 / France Info du 25 mars 2007).

Quant à l’euro, une majorité de Français (52 %) juge que son adoption par la France a été, dans l’ensemble, une “assez mauvaise” ou une “très mauvaise chose” (sondage Pèlerin / TNS-Sofres du 27 décembre 2006). Nombreux sont les Français qui considèrent que l’adoption de la monnaie unique a nui à l’emploi (53%) et à la croissance économique (51%).

… mais suscitent le scepticisme des commentateurs

Les propositions des deux candidats sur la politique économique européenne sont en revanche loin de susciter l’adhésion des experts. Au plus fort de la polémique sur le rôle de la BCE, de nombreux économistes sont montés au créneau pour défendre l’euro et l’indépendance de l’appareil monétaire européen, soulignant l’isolement de la France sur cette question.

Plus généralement, les spécialistes des questions européennes ont souligné le décalage entre les promesses de campagne et la réalité de l’Union européenne. Pour Corinne Deloy, de la Fondation Robert Schuman, les candidats “s’expriment souvent comme si la France pouvait dicter ses lois à l’Union alors que certaines de leurs propositions, notamment les demandes de protection, ont peu de chance de recevoir l’aval de nos partenaires” .

L’économiste Charles Wyplosz est encore plus catégorique dans son analyse du discours sur l’Europe des dirigeants français : en promouvant une “Europe sociale” , affirme-t-il, “la France ne poursuit pas seulement un rêve impossible, mais elle alimente les divisions et, du coup, elle pave le chemin de la résurgence des nationalismes” .

Dominique Reynié estime que lorsqu’ils évoquent “l’Europe protectrice” , les candidats aspirent avant tout à montrer qu’ils ont entendu les inquiétudes des Français. Pourtant, conclut le spécialiste de l’opinion, l’Europe devra effectivement répondre aux préoccupations de ses citoyens à l’égard de la mondialisation si elle ne veut pas perdre définitivement leur confiance.

Sources

Présidentielle : les candidats souscrivent au Pacte européen d’EuropaNova - Article - Touteleurope.fr
Les Français et l’avenir de l’Europe - Sondage - Touteleurope.fr
50 ans de construction européenne - Sondage - Touteleurope.fr
Les Français et l’euro - Sondage - Touteleurope.fr
Entretien avec Dominique Reynié - Touteleurope.fr
Mobilisation “pour que l’ambition européenne demeure” - Dans les think tanks - Touteleurope.fr
Europe, ce qu’en disent les candidats - Dans les think tanks - Touteleurope.fr
Les malentendus français sur l’Europe - Dans les think tanks - Touteleurope.fr

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