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Erasmus+ des apprentis : un programme renforcé

Vous êtes apprenti ou en formation professionnelle ? Erasmus+ est aussi fait pour vous. Encore trop peu représentés parmi les milliers de personnes qui partent chaque année en échange grâce au programme, les apprentis sont une priorité aussi bien pour l’Union européenne que pour le gouvernement français. Objectif : un plus grand nombre de bénéficiaires et des échanges plus longs.

Apprenti

Erasmus+, programme phare de l’Union européenne, est perçu de façon très positive par la majorité des citoyens européens. Il est considéré comme la 3e réalisation la plus réussie en Europe, et même la plus positive pour les Français. Depuis 2014, il a permis à 1,8 million d’apprenants de réaliser un échange.

Pourtant, le programme reste mal connu. Car lorsque l’on évoque Erasmus+, la plupart ont l’image de ces étudiants en échange universitaire, clichés de l’Auberge espagnole. Or Erasmus+ est aujourd’hui bien plus large. Le programme touche aussi bien les étudiants que les apprentis, les jeunes en formation professionnelle, les professeurs, les professionnels et tout étudiant qui souhaiterait réaliser un stage dans un autre pays européen.

Erasmus+ hors des clichés

Avec une hausse de 40% de son budget européen pour la période 2014-2020, Erasmus+ vise d’ici 2020 à financer la mobilité de 650 000 apprentis et jeunes Européens en formation professionnelle. La France semble partager cette ambition. Dans le pays, seuls 7% des jeunes de 16 à 25 ans sont des apprentis, ce qui représente en tout 400 000 personnes. Cette disproportion n’est pas commune à tous les pays européens. Dans certains Etats, les systèmes de formation professionnelle sont développés de longue date et valorisés. C’est le cas par exemple en Autriche, au Danemark, en Lituanie, au Pays-Bas, en Pologne ou en Allemagne. Dans ce dernier pays, le pourcentage d’élèves en apprentissage s’élève alors à 15% (source : Ministère de l’Education nationale).

Pour pallier un déficit d’attractivité de la filière, le gouvernement français propose notamment de doubler le nombre d’apprentis qui partent grâce au programme Erasmus+. Chaque année, seuls 7 000 apprentis bénéficient de deux à trois semaines d’échange en moyenne dans un autre pays européen, contre plus de 44 000 étudiants qui partent généralement pour un semestre ou une année entière. Le gouvernement souhaite faire passer ce nombre à 15 000 d’ici 2022, avec une durée d’échange qui se compterait cette fois-ci en mois.

Mais pour pouvoir partir plus longtemps dans un pays européen non-francophone, il faut un enseignement en langue plus solide. C’est en tout cas ce que préconise le député européen Jean Arthuis. Dans son rapport remis en janvier 2018 au ministère français du Travail, le député formule 16 propositions pour développer l’Erasmus+ des apprentis. Entre autres : revoir les contrats de travail des apprentis, notamment en matière de rémunérations, ou harmoniser la validation des diplômes pour que la période en stage ne soit pas perçue comme une “pause” dans l’apprentissage et qu’elle n’allonge pas la durée de la formation.

Bénéficier d’un échange est une opportunité pour les élèves, qui ne sont pas tous issus de classes favorisés. D’après une étude menée par l’agence Erasmus+ en France, 39% des apprenants sont boursiers : un chiffre supérieur à celui des boursiers dans l’enseignement supérieur. Parmi les jeunes et moins jeunes en formation professionnelle bénéficiaires d’une mobilité Erasmus+, 59% ont deux parents ouvriers et/ou employés et/ou agriculteurs et/ou sans activité professionnelle (Source : Observatoire Erasmus+).

Témoignage : Janik Paquier, professeure en charge du programme Erasmus+

“Les premiers élèves du lycée à avoir bénéficié du programme, des stagiaires en culture marine, sont d’abord partis au Royaume-Uni.

Nous sommes passés de 6 mobilités en 2008 à 36 mobilités dix ans après. Nous envoyons maintenant des élèves en hôtellerie en Italie, au Portugal, en Allemagne, au Royaume-Uni, mais aussi des élèves en maintenance automobile en Allemagne, ou en aquaculture en Irlande et en Norvège, en mécanique parc et jardin au Royaume-Uni et enfin des élèves en horticulture au Portugal.

Nous sélectionnons les élèves candidats à un stage Erasmus+ à partir d’un CV et d’une lettre de motivation, puis par entretien. Le programme rencontre un large succès et les demandes sont de plus en plus nombreuses. C’est pourquoi nous allons demander
49 bourses pour la période 2018-2020.

Avant leur départ, les élèves suivent une formation en anglais sur la plateforme linguistique Erasmus+ en ligne. Pour d’autres langues, ils peuvent parfois suivre des initiations culturelles et linguistiques, comme ça a été le cas avec le Portugal cette année.

Lorsque les élèves reviennent d’échange, les professeurs remarquent un gain en autonomie important et une vraie richesse culturelle. La plupart souhaitent repartir.

L’échange fait partie intégrante du parcours des élèves, qui sont évalués sur place par l’entreprise dans laquelle ils sont en échange puis à leur retour sur une présentation qu’ils font devant un jury. Cette note compte pour leur bac professionnel. S’ils réussissent, ils obtiendront des certificats EuroMobiPro et Europass” .

Janik Paquier, professeure au lycée professionnel Olivier Guichard à Guérande (Loire-Atlantique) en charge du programme Erasmus+.

Partir avec Erasmus en tant qu’apprenti

La demande des apprentis et des élèves en formation professionnelle pour partir en échange est de plus en plus forte. Entre 2016 et 2017, le nombre de demandes a augmenté de 12%. Dans le même temps, le nombre de mobilités accordées a augmenté de 35%. En Europe, ce sont donc 20 338 élèves en formation professionnelle qui ont pu bénéficier d’une bourse Erasmus+ pour partir en échange.

Le montant des bourses varie en fonction des pays de destination. Pour un étudiant d’origine française, elles peuvent aller de 13 à 39 euros par jour.

Elodie, en mention complémentaire pâtisserie spécialisée, est partie en novembre 2016 à Barcelone (Espagne). Là-bas, elle a découvert le travail de pâtissier dans un autre pays. “J’avais comme mission l’assistance des boulangers pâtissiers dans l’entreprise dans laquelle j’ai été accueillie, en l’occurrence une entreprise de pâtisseries japonaises”, témoigne-t-elle. Pour elle, la barrière de la langue n’a pas été rédhibitoire.

Ce n’est pas le cas de Julien, en première année de brevet professionnel maintenance de véhicules, qui est parti à Augsbourg (Allemagne) en mars 2017. Pour lui “la barrière de la langue” n’est “pas un détail”, ce qui lui a permis de rapidement améliorer son anglais. “Partir à l’étranger est important pour l’expérience professionnelle, et sur le CV c’est toujours un plus”, ajoute Elodie. Pour Rémi, en 1ère année de brevet professionnel boulanger, parti à Francfort (Allemagne) en mars 2017, partir permet aussi de “représenter la France et ses savoirs faire à l’étranger” (témoignages extraits de la vidéo “mobilité professionnelle des apprentis” , Institut des métiers de l’artisanat, Institut des saveurs, CMAI 33).

Témoignage : Adeline Laplaud, référente mobilité

“Le centre de formation d’apprentis (CFA) organise des mobilités à l’étranger depuis plus de 10 ans. Nous l’avons totalement inclus au sein de notre projet d’établissement. Cela permet de valoriser les parcours des apprentis et les encourage à aller plus loin, à ouvrir leurs horizons à l’échelle européenne. Nous partons du principe que ce sont des projets extrêmement porteurs, non seulement pour l’insertion professionnelle mais aussi pour la réussite de leur examen.

Aujourd’hui, environ 50 élèves du CFA participent chaque année au programme. La porte de la mobilité est ouverte à tous les apprentis, en favorisant les élèves en fin de parcours, car nous visons l’insertion professionnelle. Cette année, pour la première fois, nous avons également envoyé des premières années. Nous évitons d’envoyer des éléments perturbateurs ou des apprentis qui pourraient mettre en danger l’obtention de leur diplôme, mais toujours avec une explication.

Malheureusement, nous ne pouvons pas mettre en place de dispositifs particuliers pour l’enseignement des langues. Ce sont des projets courts, qui durent deux à trois semaines, ce qu’Erasmus ne finance plus.

Tous les stages des apprentis sont organisés en entreprise, c’est-à-dire qu’ils vont exercer leurs métiers à l’étranger. Les employeurs français n’enverraient jamais leurs salariés à l’étranger si ce n’était pas pour travailler ! A la fin du séjour, l’entreprise évalue les apprentis selon une grille qui prend en compte le savoir-faire, le savoir être…

Les effets de ces échanges dépendent bien évidemment des élèves, mais ils en reviennent en majorité positivement changés” .


Adeline Laplaud, référente mobilité à l’institut des métiers et de l’artisanat de Dordogne, Gironde et Lot-et-Garonne

Toutes les informations pratiques pour faire un échange avec Erasmus sont disponibles sur le site Génération Erasmus+.

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