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2019, une année pleine de surprises en Europe

Brexit, Gilets jaunes (la suite), élections nationales et européennes, négociations budgétaires et guerres commerciales… L’année 2019 sera ponctuée de dates clés pour l’avenir de l’UE.

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Brexit : ça déménage au Royaume-Uni

Sans nul doute, l’actualité de l’année 2019 sera plus que jamais marquée par le Brexit. Alors que la date fatidique de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne est fixée au 29 mars à minuit, la Première ministre Theresa May tente désespérément, depuis la fin de l’année 2018, de convaincre les députés britanniques de valider l’accord de retrait trouvé avec Bruxelles en novembre.

Ce “deal” doit donner le temps au Royaume-Uni et à l’UE d’organiser sereinement leurs futures relations (notamment commerciales) en instaurant une période de transition jusqu’à fin 2020. A défaut, les deux parties deviendront purement et simplement étrangères l’une à l’autre le 30 mars, avec des conséquences particulièrement redoutées par les ressortissants et les entreprises installés de part et d’autre de la Manche.

La Chambre des communes est censée se prononcer sur l’accord le 15 janvier, afin de laisser le temps au Parlement européen de le ratifier à son tour. Mais pour l’heure, la majorité se fracasse sur une disposition qui prévoit que le Royaume-Uni restera dans une union douanière avec l’UE tant qu’aucune alternative n’aura été trouvée pour éviter le rétablissement d’une frontière physique entre les deux Irlande.

Toutes les options restent donc ouvertes pour l’année 2019 : un accord arraché in extremis, un divorce brutal (no deal), un report de la date fatidique du 29 mars, voire un second référendum et l’annulation de la procédure de sortie… Ce dernier scénario redistribuerait toutes les cartes pour les élections européennes de mai prochain.

Pendant toute l’année (et surtout en mai), vote ce qu’il te plaît !

De nombreuses élections nationales seront organisées dans les Etats membres en 2019 : des présidentielles en Slovaquie et en Lituanie au printemps, en Roumanie à l’automne, et sans doute en Lettonie voire en Croatie (dates incertaines).

Mais aussi des législatives en Belgique, de nouveau touchée par une crise politique, ainsi qu’en Estonie, en Finlande et au Danemark au premier semestre. A l’automne, des élections similaires auront lieu en Grèce, au Portugal et en Pologne. Des élections anticipées pourraient également être convoquées en Espagne en mai, à l’occasion d’autres scrutins locaux. Parallèlement, des votes régionaux auront lieu en Italie, aux Pays-Bas ou encore en Allemagne, où quatre Länder voteront cette année pour confirmer ou non la perte de vitesse des partis traditionnels : le SPD et surtout la CDU, passée des mains d’Angela Merkel à celles d’Annegret Kramp-Karrenbauer à la suite de revers électoraux en 2018.

A la croisée de tous ces scrutins nationaux, les élections européennes se tiendront entre le 23 et le 26 mai selon les pays. Au menu : l’immigration, la cohésion, l’identité, la défense, le commerce extérieur, la politique agricole commune ou encore l’ingérence de puissances étrangères dans les élections… Au regard des tendances enregistrées dans les Etats membres (montée de l’extrême droite en Espagne et en Allemagne, poussée du populisme en Italie et en Hongrie, recul de Syriza en Grèce, percée des Verts lors de scrutins locaux…), elles pourraient redessiner le visage de l’Union pour les cinq années à venir.

Ces élections devraient aussi être les premières sans le Royaume-Uni, depuis l’instauration du suffrage universel au Parlement européen en 1979. Elles déboucheront sur un renouvellement des têtes de l’UE : en juillet, Antonio Tajani laissera sa place au perchoir de l’assemblée, tandis que pendant l’été, le successeur de Jean-Claude Juncker à la Commission européenne devra être approuvé par le Parlement. Il prendra ses fonctions avec sa nouvelle équipe de commissaires à l’automne. Federica Mogherini devrait ainsi, elle aussi, être remplacée au poste de Haut-représentant de l’UE pour les Affaires étrangères.

Un nouveau président du Conseil européen sera aussi choisi pour succéder à Donald Tusk le 1er décembre, ce dernier ayant effectué deux mandats. Selon la pratique, “lorsque le Conseil européen débat de l’élection du président, cette partie de la réunion est présidée par le chef d’État ou de gouvernement de l’État membre exerçant la présidence tournante de l’UE” , précise le site de l’institution : la Roumanie entre janvier et juin, puis la Finlande au second semestre.

Notons, enfin, que Mario Draghi quittera la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) fin octobre.

Le 9 mai 2019 : un sommet symbolique à Sibiu

Si le Royaume-Uni sort bien de l’UE le 29 mars prochain, le sommet des dirigeants européens à Sibiu, en Roumanie, pourrait être le premier à se tenir sans les Britanniques depuis leur entrée dans l’Union en 1973.

Au lendemain du Brexit et à l’aube d’élections européennes qui pourraient faire la part belle aux eurosceptiques, ce sommet informel organisé à l’occasion de la “Journée de l’Europe” doit symboliquement marquer l’aboutissement du processus de réflexion sur l’avenir de l’Europe, enclenché en 2017 lors des 60 ans du traité de Rome. A cet égard, un point pourrait être fait sur les récentes consultations citoyennes lancées dans les Etats membres et par la Commission européenne.

Commerce et diplomatie : à l’Ouest et à l’Est, du nouveau

Au-delà des partis politiques, l’année 2019 sera aussi l’occasion, pour les Européens, de regarder à droite et à gauche de l’échiquier géographique.

Trente ans après la Chute du Mur de Berlin, que célèbrera l’Allemagne cette année, les relations entre les puissances sont toujours mues par la compétition : à l’Ouest, l’Américain Donald Trump bouscule les rapports commerciaux (les négociations sur un accord de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis, qui doivent reprendre le 8 janvier, ont plutôt cédé la place à une guerre des taxes en 2018), tandis qu’à l’Est, le comportement diplomatique de la Russie lors des élections européennes de mai et de la présidentielle en Ukraine au printemps sera scruté avec attention. Le pays est soupçonné par la Commission européenne de vouloir influencer ces scrutins, notamment à travers la propagation de fausses nouvelles.

Le 1er février, le JEFTA, le traité de libre-échange signé avec le Japon en juillet 2018 et ratifié à la fin de l’année par le Parlement européen, entrera néanmoins en vigueur. Ce partenariat historique, présenté comme un pied de nez au protectionnisme de Donald Trump, supprimera progressivement les taxations sur l’import-export de fromages et de voitures, et ouvrira les marchés des services financiers, des télécommunications ou encore du commerce électronique.

Parallèlement, l’Europe souhaite mieux se protéger contre les appétits féroces des investisseurs étrangers, et notamment chinois, dans les entreprises européennes. Un vote des eurodéputés est ainsi attendu au début de l’année 2019 sur un dispositif de surveillance et de filtrage des investissements étrangers jugés sensibles, dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, l’énergie, le stockage des données ou les terres agricoles.

Le 22 janvier : un nouveau traité de l’Elysée entre la France et l’Allemagne ?

Le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, l’avaient laissé entendre en janvier dernier : pour relancer le “couplefranco-allemand, souvent décrit comme le “moteur” de la construction européenne, l’heure serait venue de “renouveler” le traité de l’Elysée afin de l’ “adapter” aux réalités contemporaines.

Le premier a été signé le 22 janvier 1963 entre Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, afin de sceller l’amitié franco-allemande après des décennies de guerres et autres rivalités.

En 2019, face aux poussées nationalistes dans les Etats membres et à la compétition économique mondiale, un nouveau traité permettrait symboliquement aux deux dirigeants de défendre leur vision d’une Europe plus forte et plus intégrée.

Les dirigeants européens sortent les calculettes

Les négociations autour du budget européen pour la période 2021-2027 se poursuivront tout au long de l’année, pour un accord espéré lors du Conseil européen d’octobre 2019, et validé par le Parlement européen à la toute fin de l’année.

Alors que l’UE sera désormais privée de la contribution britannique, les Vingt-Sept devront s’entendre sur le montant global du futur cadre financier pluriannuel, sur la répartition de leurs contributions et sur la répartition des fonds entre la politique agricole commune, les migrations, la recherche, la jeunesse, la défense, le changement climatique ou encore la cohésion par exemple.

Dans ce dernier chapitre, la proposition de la Commission de suspendre ou de réduire l’accès aux aides de l’Union européenne en cas de violation de l’Etat de droit fera sans doute encore grincer les dents des dirigeants polonais et hongrois cette année.

D’ici à juin, les ministres des Finances de la zone euro devront aussi s’accorder sur l’architecture et les modalités de mise en œuvre du nouvel instrument financier dédié aux 19 pays de la zone. Selon l’accord de principe trouvé à Bruxelles en décembre dernier, cette capacité budgétaire, un premier pas vers un budget de la zone euro, ne sera pour l’heure qu’une composante supplémentaire du cadre financier pluriannuel de l’UE. Son montant reste à définir et son rôle devrait être cantonné à améliorer la compétitivité et faciliter la convergence des économies partageant la monnaie commune.

Taxe GAFA et autres “révolutions” en France

La France prendra-t-elle la place de l’Italie dans le collimateur de la Commission européenne en 2019 ? Alors que la Botte a dû modifier son projet de budget à la fin de l’année 2018, les députés français ont validé en décembre, sous la pression des Gilets jaunes, une loi de finances largement hors des clous européens (avec des promesses sociales estimées à 10 milliards d’euros). Le déficit devrait ainsi excéder 3% du PIB en 2019, exposant la France à une nouvelle procédure de déficit excessif, elle qui en était enfin sortie en 2017, après en avoir fait l’objet pendant une décennie !

Autre petite “révolution” française qui pourrait faire parler d’elle à Bruxelles : dans l’espoir de récolter 500 millions d’euros, le gouvernement français a finalement décidé d’instaurer une “taxe Gafa” dès le 1er janvier 2019, sans attendre ses partenaires européens (la Commission européenne doit présenter une directive en mars, mais certains Etats membres ont déjà fait connaître leur forte opposition à ce projet). Cette taxe permettra de mettre à contribution les géants du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon…) qui parviennent en général à payer peu d’impôts en France en limitant leur présence physique à des pays où les taux d’imposition sont plus faibles. Si elle doit encore être précisée dans une loi au cours du premier trimestre, cette taxe devrait atteindre 3% du chiffres d’affaires réalisé en France cette année via la vente de publicités en ligne, la revente de données personnelles ou encore les plateformes de services du type Airbnb ou Uber.

Sur un plan plus national, des débats houleux sont également attendus autour des projets de réforme des retraites et de l’assurance chômage, des institutions et de la fonction publique, de la séparation des Eglises et de l’Etat, ou encore de la bioéthique, le gouvernement ayant promis d’étendre la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes en 2019.

Vers un référendum sur les institutions françaises ?

En réponse à la demande de démocratie directe des Gilets jaunes, le gouvernement a aussi décidé de lancer, de mi-janvier à mi-mars, un “grand débat national” sur quatre thèmes : transition écologique, fiscalité et dépenses publiques, démocratie et citoyenneté, organisation de l’Etat et des services publics. A la clé, l’exécutif promet des “décisions concrètes” inspirées des propositions citoyennes.

Des bruits courent désormais aussi sur l’organisation, au printemps, d’un référendum à questions multiples sur la réforme des institutions (introduction d’une dose de proportionnelle, reconnaissance du vote blanc, diminution du nombre de parlementaires, etc.).

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