Lancées en 2013, les négociations commerciales entre l’Union européenne et le Japon ont abouti en juillet 2018. A Tokyo, le Premier ministre Shinzo Abe, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président du Conseil européen Donald Tusk ont signé ce qui est présenté comme l’accord de libre-échange le plus important de l’histoire. Ce dernier va en effet concerner 600 millions de citoyens et deux entités qui représentent à elles seules 28% du PIB mondial.
Le Parlement européen s’est à cet égard prononcé en faveur du traité, mercredi 12 décembre, à 474 voix pour, 152 contre et 40 abstentions. Le 7 décembre, les parlementaires japonais ont également approuvé l’accord JEFTA, ouvrant donc la voie à une ratification définitive en février 2019.
A l’inverse du traité CETA passé avec le Canada, le JEFTA n’a pas fait l’objet de nombreuses oppositions. Nul doute que l’absence d’accord entre l’UE et le Japon concernant les controversés tribunaux d’arbitrage - qui permettent aux entreprises de contester des politiques publiques portant, selon elles, atteinte à leurs investissements - a facilité l’approbation du traité.
De plus, un large consensus règne quant aux perspectives économiques positives liées au JEFTA. Comme l’explique Franck Proust, “il y a des marges de progression évidentes” pour que les entreprises européennes “prennent davantage de parts de marché au Japon” , grâce notamment à une meilleure ouverture des marchés publics japonais aux Européens dans le cadre d’un accord qu’il qualifie de “juste échange” .
Certaines dispositions du JEFTA suscitent toutefois l’inquiétude de certains responsables politiques, principalement à gauche. Pour Marie Arena, “l’Europe se fragilise” car deux chapitres ne prévoient pas de sanctions en cas de manquement : ceux relatifs aux droits du travail et à l’environnement. De cette manière, l’UE manque l’opportunité, selon elle, d’opérer un “saut qualitatif” avec un partenaire “fiable” comme le Japon.