Une rencontre sans issue
“Les dirigeants européens se retrouvent jeudi [18 octobre] à Bruxelles” , relate Libération. Programme chargé pour le Conseil européen, qui va “débattre de questions migratoires, de sécurité et de l’avenir de la zone euro” . La rencontre de la veille au soir, mercredi 17, a quant à elle “échoué à débloquer les négociations du Brexit, à moins de six mois du divorce avec Londres” , poursuit le quotidien. Pourtant, c’est “dans une bien meilleure atmosphère qu’il y a un mois à Salzbourg” que s’est déroulé ce nouveau “face-à-face de la Première ministre britannique Theresa May avec ses 27 homologues” .
C’est donc un bilan en demi-teinte que dresse la presse ce jeudi matin. D’un côté, “les dirigeants de l’Union européenne ont pris note de l’absence de percée dans les négociations sur le Brexit” et constaté l’inexistence “de nouvelles propositions de Theresa May” [France 24]. Ils ont “toutefois reconnu la ‘bonne volonté’ de [la Première ministre britannique], qui s’est montrée ouverte sur l’idée d’une prolongation de la période de transition après le divorce” .
“Il faut dire que les dirigeants de l’Europe à Vingt-Sept avaient peu de choses à se dire après l’échec des discussions, le week-end précédent, entre les Britanniques et l’équipe de Michel Barnier, le négociateur en chef pour l’UE” , souligne Le Monde. “Le but de ce rendez-vous au sommet était surtout, pour Bruxelles comme pour Londres, de créer les conditions médiatiques et politiques (…) pour qu’un accord soit possible ultérieurement” , explique donc le quotidien.
Dans cette optique, Michel Barnier “considère désormais que les discussions pourraient aller jusqu’à décembre” , relate Le Figaro. Les négociations continueraient ainsi “bien au-delà de la période butoir de mi-octobre initialement fixée par les Britanniques” .
En effet, la seule échéance réellement fixée est celle de la sortie du Royaume-uni de l’UE le 29 mars 2019, soit deux ans après l’activation de l’article 50. Mais l’accord de retrait, si accord il y a, devra tout de même être validé par le Parlement britannique d’ici là. Et l’insoluble question irlandaise reste un point central de blocage.
L’impasse irlandaise
Prolonger la période de transition “n’est pas une solution en tant que telle. Ça ne va pas résoudre miraculeusement le problème” , explique donc un diplomate européen pour la Tribune de Genève. Cette solution consisterait simplement à permettre de “donner plus de temps pour négocier un accord commercial avec le Royaume-Uni” , et ainsi “augmenter les chances d’éviter d’avoir à recourir au ‘filet de sécurité’ (‘backstop’) en Irlande” .
Pour l’heure, les négociations butent toujours “sur la solution qui permettrait d’éviter le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord, afin de sauvegarder les Accords de paix de 1998″ . Au-delà de ces accords entre nationalistes et unionistes, il y a également une motivation purement économique pour l’île. “Habitants et entreprises des deux côtés insistent sur la nécessité de garder la frontière aussi invisible que possible” , relate le Huffpost : “un tiers des exportations nord-irlandaises vont en Irlande et quelque 30.000 personnes traversent chaque jour la zone” . Or sortir du marché unique, cela signifie la fin de la “liberté de circulation et de normes et droits de douanes communs” : “des contrôles sur cette frontière seraient de facto nécessaires” .
Mais “pour Londres et Theresa May, un ‘backstop’ limité à l’Irlande du Nord est inacceptable car il reviendrait à unifier de facto l’île d’Irlande, qui serait alors comme rattachée à l’UE” , soulèvent Les Echos. Le problème est aussi largement politique pour la Première ministre, qui “a besoin des voix des dix députés nord-irlandais du Parti unioniste démocrate (DUP), opposés à ce projet, pour conserver sa majorité absolue à la Chambre des communes” , et ainsi espérer obtenir un vote favorable pour un hypothétique accord.