Réunis hier à Bruxelles, les ministres ont donné leur feu vert à la “cinquième version” d’un texte présenté pour la première fois en novembre 2021 : la “boussole stratégique” de l’UE [Le Monde].
“Première du genre”, cette feuille de route doit “orienter l’action extérieure de l’Union européenne pour les dix prochaines années” [Le Monde]. Elle vise à faire de l’UE “un acteur mondial dans le domaine de la Défense” en la dotant de “moyens ambitieux”, notent Jakob Hanke Vela et Suzanne Lynch dans Politico.
Force militaire
Le texte approuvé hier prévoit notamment le “développement et l’approvisionnement conjoints d’armes, ainsi qu’une meilleure coopération en matière de politique de sécurité”. Il acte la création, “à l’horizon 2025″, d’une force militaire conjointe de déploiement rapide composée de 5 000 hommes et femmes, précise Le Figaro. Cette dernière “s’appuiera sur les ‘battle groups’ créés en 2007 et sera constituée de ‘composantes terrestres, aériennes et maritimes’ “, détaille la journaliste Anne Rovan dans le journal.
Si Politico y voit “le premier pas vers une armée européenne”, la force de déploiement rapide devrait d’abord se concentrer sur “des missions militaires d’urgence plus modestes […] en raison de sa taille très limitée”, note le journal en ligne. Le “document de 47 pages” recense également les réponses à apporter “aux cyberattaques, […] [au] terrorisme ou encore [au] dérèglement climatique” ainsi qu’aux “tensions en Afrique ou dans le voisinage proche” [Le Figaro].
Complémentarité avec l’Otan
A plus long terme, “les Vingt-Sept s’engagent à atteindre des dépenses militaires à hauteur de 2 % de leur PIB”, contre 1,5 % aujourd’hui, ajoute RFI. Ces fonds supplémentaires “permettraient aux Européens d’investir dans des équipements qui leur font actuellement défaut, notamment des drones, des systèmes de combat, des chars, des systèmes de défense antiaérienne et antimissile”, précise le site de la radio.
A travers le texte adopté hier, les Européens affirment également “leur désormais totale ‘complémentarité’ avec l’Otan”, explique Le Monde. Car la boussole “évoque, par ailleurs, l’extension de la clause d’assistance mutuelle de l’Union aux pays européens neutres, non membres de l’Alliance atlantique, soit l’Autriche, Chypre, la Finlande, l’Irlande, Malte et la Suède. En cas d’attaque, ils seraient aidés par l’UE”.
Tournant pour l’UE
Il s’agit “certainement d’un tournant pour l’UE en tant que pourvoyeuse de sécurité”, s’est félicité le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la sécurité Josep Borrell hier soir [Le Figaro]. Avec cet accord, “les Vingt-Sept achèvent cet exercice inédit, lancé en 2020 avec un enthousiasme mitigé, à point nommé”, abonde Maria Udrescu dans La Libre. Car leur unanimité “a été hâtée par la décision de Vladimir Poutine d’attaquer l’Ukraine”, analyse Jean-Pierre Stroobants dans Le Monde.
Pourtant, “ni la guerre en ex-Yougoslavie, ni celle qui a ravagé la Syrie, ni l’annexion de la Crimée, ni l’hostilité affirmée de l’administration Trump, ni l’évident constat d’une trop grande dépendance énergétique à l’égard de la Russie n’avaient permis l’adoption d’un tel texte”, note le journaliste. Et pour cause : désormais “les agissements du pouvoir russe menacent ‘directement et à long terme’ la sécurité de l’Union et son architecture de défense”, a notamment estimé Josep Borrell [Le Monde].
Les Vingt-Sept ont par ailleurs conclu hier “ ‘un accord de principe’ pour fournir une aide militaire supplémentaire de 500 millions d’euros [à l’Ukraine] via la Facilité européenne pour la paix”, a également annoncé ce dernier [Politico].
Qu’en sera-t-il désormais de “la traduction en actes de ce texte”, pointe le journal ? La boussole est assortie d’un calendrier de mise en œuvre “s’étirant sur plusieurs années”, relate Le Figaro.
Dès jeudi, le document “sera présenté aux dirigeants européens” réunis en sommet à Bruxelles [La Libre], lors d’une “séquence diplomatique tout à fait exceptionnelle” qui “verra se juxtaposer, jeudi et vendredi, un sommet du G7, un sommet de l’Otan et un Conseil européen, tout trois consacrés à la réponse des puissances occidentales à la guerre en Ukraine”, notent Les Echos. Trois réunions qui se tiendront en présence du président des Etats-Unis, Joe Biden, précise le quotidien.
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