“Désolé, hors d’usage”. C’est le message indiqué sur un panneau “accroché aux pistolets des pompes à essence” d’une station du sud de Londres, rapporte Eric Albert pour Le Monde. “A la suite d’un afflux inhabituel de clients, samedi 25 septembre, il n’y a plus aucun carburant ici, comme dans des centaines d’autres stations-service au Royaume-Uni”, poursuit le correspondant du journal dans la capitale britannique.
“Le Royaume-Uni manque non pas d’essence mais de camionneurs pour la transporter”, souligne Le Monde. “Longtemps, les chauffeurs d’Europe de l’Est sont venus compenser le manque de main-d’œuvre”, poursuit-il. Mais beaucoup sont partis pendant la pandémie et peu sont revenus depuis, en raison de difficultés liées aux visas de travail. Conséquence de cette pénurie de chauffeurs, le groupe pétrolier BP a annoncé la fermeture d’une poignée de stations et provoqué du même coup “la panique des automobilistes”, explique outre-Manche The Daily Telegraph. Depuis, les images de “queues interminables devant les stations-service” et d’ ”automobilistes au bord de la crise de nerfs” se multiplient [Le Point]. “Certains médias britanniques ont [même] publié des vidéos de conducteurs à cran en venant aux mains près des pompes, par peur de tomber en panne ou de ne pouvoir aller travailler”, complète Ouest-France.
Réaction d’urgence
Face à cette situation d’urgence, samedi 25 septembre, “les ministres [britanniques] ont cédé à la pression des entreprises du transport […] et annoncé qu’ils allaient accorder 5 000 visas temporaires aux chauffeurs de poids lourds étrangers”, fait savoir le Financial Times. Pour Le Monde, “il s’agit d’un revirement politique complet” car “depuis des mois, le premier ministre se refusait obstinément à faire appel à l’immigration”.
Boris Johnson ne compte pas s’arrêter là. Son gouvernement a également “temporairement exempté le secteur des distributeurs de carburant des règles de la concurrence afin qu’ils puissent livrer en priorité les zones qui en ont le plus besoin” [La Libre]. Plus impressionnant encore, le ministère de l’Energie a demandé lundi 27 septembre à l’armée de se préparer à apporter son aide, rapporte BFM TV. “Des camions-citernes militaires pourraient [ainsi] être mobilisés pour stabiliser l’approvisionnement en carburant”, détaille 20 Minutes.
La faute du Brexit ?
“Certes, cette situation doit beaucoup à la pandémie, qui a mis à rude épreuve, dans le monde entier, les chaînes logistiques, la main-d’œuvre et les systèmes de santé”, concède The Observer, cité par Courrier international. Mais pour l’hebdomadaire britannique, les choix politiques du Premier ministre, en particulier “l’obsession de l’exécutif pour le Brexit”. n’ont fait qu’aggraver les conséquences de la pandémie sur les infrastructures du Royaume-Uni. En effet, le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne “complique […] les procédures migratoires là où les travailleurs européens circulaient auparavant librement”, note ainsi Ouest-France. Toujours rattachée à l’espace douanier européen en raison de la mise en place de règles spécifiques, celles du fameux protocole nord-irlandais, “l’Irlande du Nord échappe [en revanche] à la pénurie d’essence”, précise RFI.
Une analyse que ne partagent pas les partisans du vote “Leave” qui ont de leur côté affirmé le contraire dans le Sunday Times, note Courrier international : “C’est justement la sortie de l’Union européenne qui nous permet de choisir le moment où l’on souhaite faire venir des travailleurs, comme c’est le cas actuellement”.
Politico observe en tout cas que ““l’UE est également confronté à une pénurie de chauffeurs”. “En France aussi, une pénurie de main-d’œuvre se fait sentir”, ajoute d’ailleurs Le Figaro. L’ampleur du phénomène demeure cependant moindre : “les besoins s’élèvent à 100 000 chauffeurs routiers supplémentaires” au Royaume-Uni, contre “40 000 à 50 000″ en France, selon les organisations professionnelles du secteur mentionnées par le quotidien.
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