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UE-Mercosur : Emmanuel Macron juge l’accord de libre-échange “très mauvais”, plaidant pour de nouvelles négociations

En visite au Brésil pour rencontrer son homologue Luiz Inácio Lula da Silva, le président français a appelé de ses vœux, mercredi 27 mars, la conclusion d’un nouvel accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Le chef de l’Etat souhaite y inclure des “clauses miroirs” environnementales afin de protéger les producteurs européens.

En visite d'Etat au Brésil, le président de la République française Emmanuel Macron (à droite) a déclaré aux côtés de son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva (à gauche) que l'accord commercial entre l'UE et le Mercosur était "très mauvais" - Crédits : Ricardo Stuckert / Flickr Palácio do Planalto CC BY 2.0 Deed
En visite d’Etat au Brésil, le président de la République française Emmanuel Macron (à droite) a déclaré aux côtés de son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva (à gauche) que l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur était “très mauvais” - Crédits : Ricardo Stuckert / Flickr Palácio do Planalto CC BY 2.0

Je préfère mettre les pieds dans le plat devant cette assemblée. Je me suis exprimé avec beaucoup de force pour dire que le Mercosur tel qu’il est aujourd’hui négocié est un très mauvais accord”, a fustigé Emmanuel Macron lors du Forum économique France-Brésil qui se tenait mercredi 27 mars, à São Paulo [Les Echos].

Les discussions autour du projet de traité de libre-échange entre l’UE et les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) “ont commencé en 1999, [afin de] supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones en créant un espace de plus de 700 millions de consommateurs” [Le Monde]. Les deux parties représentent “120 milliards d’euros d’échanges de biens et de services par an”, rappelle Euractiv.

Prendre en compte la biodiversité et le climat

Bâtissons un nouvel accord qui soit à la lumière de nos objectifs, de notre réalité. C’est-à-dire un accord commercial qui soit responsable d’un point de vue de développement, de climat et de biodiversité”, a déclaré le président français, rapporte France info.

Devant un parterre d’entrepreneurs brésiliens, le chef de l’Etat a en effet martelé que dans sa forme actuelle, “l’accord commercial entre les deux blocs favoriserait l’entrée sur le marché européen de produits ‘à bas prix’ qui concurrenceraient injustement les industriels et agriculteurs [européens] qui ont appliqué les normes [environnementales de l’UE]”, cite Courrier international.

Si la France ne s’oppose pas fondamentalement à un traité de libre-échange avec les quatre Etats d’Amérique du Sud, elle ne veut pas de l’accord “en l’état”, plaidant au contraire pour un “accord de nouvelle génération avec des clauses miroirs” de réciprocité en matière écologique et sociale, explique Euractiv. Déjà en janvier, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait déclaré, lors d’un déplacement en Argentine, que Paris ne “fermait pas la porte” à “autre chose” qu’un accord commercial pour renforcer la coopération entre les deux rives de l’Atlantique, poursuit le média.

Nous sommes déçus de lire que [la proposition de M. Macron] pourrait se limiter à quelques clauses miroirs dont nous savons qu’elles sont inefficaces. […] Il faut envisager […] un accord de coopération sur les sujets du 21ème siècle (climat, déforestation, inégalités, éducation, technologies vertes, etc.), affirme quant à lui Maxime Combes, économiste de l’association pour la taxation des transactions financières Attac, opposé à l’accord [Euractiv].

Un accord qui divise

Tandis que le Brésil s’est dit prêt à signer le traité, plusieurs Etats membres de l’UE, dont la France, ont exprimé des réserves. Paris assure que “ses agriculteurs s’opposent à la perspective d’autoriser des importations agricoles, notamment de bœuf, qui ne répondent pas aux normes strictes de l’UE”, note le Guardian.

En effet, malgré l’accord politique trouvé au sein de l’Union en 2019, son “adoption définitive” a été bloquée par certains Etats réticents, dont l’opposition s’est “renforcée avec la crise agricole qui sévit [actuellement] en Europe”, rappelle Le Monde. A l’inverse, “d’autres pays européens, comme l’Allemagne et l’Espagne, plaident […] pour sa conclusion et son entrée en vigueur”, poursuit le journal du soir.

Nous ne devons pas abandonner cet accord”, a de son côté déclaré le ministre brésilien des Finances Fernando Haddad, lors du Forum qui s’est tenu dans la capitale économique brésilienne, rapporte le Jornal do Brasil. Le chef de l’Etat brésilien “continuera d’insister sur ce dossier”, a précisé le ministre, cité par le quotidien lusophone.

Agacée par la position de Paris, la Fédération des industries de l’Etat de São Paulo (Fiesp) qui accueillait l’événement franco-brésilien, n’a en revanche pas cessé de condamner “le protectionnisme français” ces dernières années, indiquent Les Echos. “C’est une attitude qui entrave le développement entre deux régions si proches au détriment des intérêts des deux côtés de l’Atlantique. Je crains que cet accord fasse déjà partie du passé”, a pour sa part réagi un conseiller du commerce extérieur du patronat brésilien auprès du quotidien économique.

Côté français, “cela deviendrait compliqué d’être audible” si l’exécutif n’atténuait pas sa position sur l’accord avec le Mercosur, expliquait lundi un conseiller gouvernemental [Euractiv]. Le Sénat a d’ailleurs rejeté jeudi 21 mars un autre accord de libre-échange, celui entre l’UE et le Canada, le CETA.

S’il est peu probable que la situation se débloque avant les prochaines élections européennes de juin, il est néanmoins prévu “que les négociateurs de l’UE se rendent dans la région”, expliquent les équipes de la Commission [Euractiv].  

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