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L’extrême droite battue en Autriche : l’Europe respire

Dimanche 4 décembre, Alexander Van der Bellen (notre photo), candidat écologiste, a battu Norbert Hofer, son adversaire d’extrême droite, lors du second tour de l’élection présidentielle en Autriche. Recueillant 53,3% des suffrages, M. Van der Bellen améliore sensiblement son score de mai dernier (50,3%), qui avait été invalidé en raison d’erreurs dans le décompte des votes par correspondance. Logiquement célébrée en Europe, la défaite du parti d’extrême droite - très proche du Front national - ne règle toutefois pas la crise du système politique autrichien. Les deux principaux partis de gouvernement, absents de ce second tour, apparaissant largement désavoués.

Alexander Van der Bellen

Victoire sans appel pour Alexander Van der Bellen

Peu avant l’annonce du rejet de la réforme constitutionnelle italienne par référendum et la démission de son instigateur Matteo Renzi, un autre événement électoral majeur occupait l’Europe : l’élection présidentielle en Autriche. Le 4 décembre, avait lieu un nouveau second tour après que celui de mai dernier ait été annulé en raison d’irrégularités dans le décompte des votes par correspondance. Vainqueur d’une courte tête à cette occasion, le candidat écologiste Alexander Van der Bellen a amélioré son score de 3 points, passant de 50,3 à 53,3% des suffrages. Soit une augmentation d’environ 270 000 bulletins de vote.

La participation, lors de ce second tour de décembre, a également augmenté, passant de 72,7 à 73,8%. Une hausse qui a été bénéfique au candidat écologiste, qui se présentait toutefois sous une étiquette indépendante.

Manifestement usé par cette prolongation de sept mois de la campagne électorale, Alexander Van der Bellen, acclamé par ses partisans, a salué dimanche soir la victoire de “l’Autriche pro-européenne” . Devant entrer en fonction le 26 janvier prochain, ce dernier a également promis de “défendre les valeurs d’égalité, de liberté et de solidarité” .

Alors que les sondages prévoyaient un résultat nettement plus serré et une anxieuse nuit de décompte, le suspense a fait long feu hier. Quelques minutes seulement après la fermeture des bureaux de vote, vers 17h, la victoire d’Alexander Van der Bellen était annoncée sans équivoque. Sans davantage attendre, son adversaire, Norbert Hofer, intervenait à la télévision pour reconnaître le résultat. Le candidat du Parti de la liberté (FPÖ), allié au Front national français au niveau européen, écartant d’emblée la possibilité d’un nouveau recours. “Je vous remercie. Vous m’avez tellement soutenu et je suis infiniment triste que cela n’ait pas marché” , a-t-il déclaré à ses partisans.

Les Autrichiens en attente d’une “deuxième jeunesse politique”

Très proche de la victoire en mai dernier, l’extrême droite autrichienne aura donc vu une majorité plus nette d’Autrichiens reconnaître qu’une victoire de M. Hofer comportait une dose préoccupante d’incertitudes politiques et sociales pour leur pays, également à même de fortement dégrader son image à l’international.

Une victoire du FPÖ dans un avenir (très) proche n’est toutefois pas à exclure, ces derniers étant crédités de 30% des votes lors des prochaines élections législatives autrichienne, devant avoir lieu au plus tard en 2018. Eliminés dès le premier tour de l’élection présidentielle, sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates, qui se partagent le pouvoir depuis la Seconde Guerre mondiale, apparaissent de fait à bout de souffle. Sans amélioration notable entre mai et décembre 2016. Lassé des grandes coalitions à répétition, le désaveu de l’électorat à leur égard semble très profond.

De la même façon que le vote Trump, l’extrême droite ici joue sur la peur des gens. La peur des étrangers, la précarité du marché de l’emploi. Il faut répondre à ces peurs-là avant les prochaines élections” , résume par exemple une retraitée autrichienne, interrogée après son vote, le 4 décembre, par le Parisien.

Interrogé sur Europe 1 et France Inter le 5 décembre, Daniel Cohn-Bendit, ancien eurodéputé écologiste, naturellement heureux du succès d’Alexander Van der Bellen, estime quant à lui que le résultat de l’élection présidentielle donne à l’Autriche “une chance de se refaire une deuxième jeunesse politique” .

L’extrême-droite toujours aux portes du pouvoir en Europe

L’Europe également cherchera probablement à s’inspirer de la victoire de l’ancien professeur d’économie, Européen pragmatique à l’allure austère, face au représentant de l’extrême droite rompu aux nouvelles méthodes de communication, notamment en ligne. “Le peuple autrichien a fait le choix de l’Europe et de l’ouverture” , a ainsi déclaré François Hollande après l’annonce du résultat. Alors que Manuel Valls, très probable candidat à la primaire socialiste pour l’élection présidentielle française twittait : “La preuve par l’Autriche que rien n’est écrit et que les peuples préfèrent être représentés dignement” .

Résolument plus tranché dans son analyse, Martin Schulz, président du Parlement européen sortant et possible candidat à la chancellerie allemande en 2017, a quant à lui estimé que la présidentielle autrichienne a infligé une “lourde défaite [au] nationalisme et [au] populisme antieuropéen” . Dans la même veine, Manfred Weber, patron des conservateurs au Parlement européen s’est, pour sa part, félicité que la “fête” prévue par Marine Le Pen et les populistes “tombe à l’eau” .

Une manière de conjurer le sort au moment où Mme Le Pen promettait, en parallèle, que la victoire de l’extrême droite ne serait plus longue à attendre ? “Les prochaines législatives seront celles de leur victoire” , a-t-elle déclaré dimanche soir. D’autant que si l’Autriche a inversé hier la dynamique politique entamée par le Royaume-Uni avec le choix du Brexit et poursuivie par les Etats-Unis avec le triomphe de Donald Trump, l’année 2017 donnera l’occasion aux forces populistes de reprendre leur marche en avant.

Geert Wilders, chef de file de l’extrême droite aux Pays-Bas, fait en effet partie des favoris lors des élections législatives néerlandaises, prévues pour mars prochain. Il en va de même en France : Marine Le Pen ayant de très fortes chances d’accéder au second tour de l’élection présidentielle en mai. Tandis qu’en Allemagne, l’Alternative pour l’Allemagne (AFD), parti de droite radicale créé en 2013, essaiera de profiter de ses succès fulgurants lors des dernières élections locales pour jouer les trouble-fêtes, à la manière du FPÖ en Autriche, entre le centre-gauche et le centre-droit au pouvoir depuis 1949.

Par Jules Lastennet

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