L’administration européenne, c’est-à-dire les fonctionnaires et autres agents travaillant à la préparation des projets de loi ou à la mise en œuvre des décisions européennes, est composée de citoyens originaires de tous les Etats membres.
Mais quand les contours de l’UE s’élargissent, l’administration enrichit elle aussi ses rangs de nouvelles nationalités : un impératif autant pour les nouveaux citoyens de l’UE, qui doivent se sentir représentés dans cette Union à laquelle ils lèguent une partie de leur souveraineté, que pour les institutions européennes qui, pour formuler un intérêt général européen, ont besoin des voix de tous.
Ainsi en 2004, pour le plus grand élargissement que l’Union ait connu, les services d’EPSO, l’agence de recrutement du personnel des institutions européennes, ont eu du pain sur la planche.
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Les règles de recrutement à la Commission ne répondent, habituellement, à aucun critère de nationalité : les agents ne sont pas recrutés au prorata de la population du pays auquel ils appartiennent.
Mais pour faire rentrer dans une institution qui n’en comptait aucun, un nombre suffisant d’agent provenant des nouveaux Etats membres (NEM), il a fallu mettre en place une période de transition, durant laquelle ils seraient quasiment les seuls à pouvoir postuler. Cette période a duré 5 ans et demi, et a pris fin le 31 décembre 2010 pour les 10 pays de l’élargissement de 2004 (Estonie, Lettonie, Lituanie, République Tchèque, Slovaquie, Slovénie, Hongrie, Pologne, Chypre, Malte). Elle court jusqu’à la fin 2011 pour la Roumanie et la Bulgarie qui ont rejoint l’UE en 2007.
Ainsi, ce sont quelque 4000 personnes, soit 500 de plus que l’objectif qui avait été fixé, qui ont rejoint ce grand melting pot qu’est la Commission, qui compte aujourd’hui 38 000 agents environ.
EPSO a dû déployer de nombreux efforts pour aider ces nouveaux arrivants à s’installer avec leurs familles à Bruxelles. Mais ils ont permis d’injecter une nouvelle dose de sentiment pro-européen au sein d’une Commission qui en avait bien besoin, comme l’ont déclaré les services du Commissaire Maros Sefcovic, responsable de l’administration. Les mauvais souvenirs liés aux régimes communistes en Europe de l’Est ont décuplé l’enthousiasme pour le projet européen, a déclaré le Commissaire.
Des équilibres à respecter
Ces nouveaux arrivants portent le nombre de personnes originaires des 10 NEM de 2004 à 16%, un taux relativement proche de ce que représente la population de ces pays au sein de l’UE (20%). L’égalité (ou la proportionnalité) ne sera jamais parfaite, mais ça n’est pas le but de cette institution qui cherche avant tout à promouvoir l’intérêt général européen : l’essentiel est que les nouveaux entrants se sentent suffisamment représentés. Ainsi parmi les postes d’encadrement supérieur, les recruteurs ont veillé à ce qu’au moins un ressortissant de chaque nouvel Etat membre se voie confier un poste de directeur général ou de directeur général adjoint. Ce sont 42 directeurs ou conseillers principaux et 189 chefs d’unité qui ont été recrutés.
En outre, un soin tout particulier a été apporté au recrutement des femmes : elles représentent plus des deux tiers des élus, selon la Commission. En conséquence, dans toute l’institution, les femmes sont désormais majoritaires à 52.1%, contre 46,6% avant l’élargissement. La Commission ne dit pas si ce déséquilibre en faveur de la gent féminine tient de la qualité des candidates ou s’il relève d’une politique de recrutement ciblée.
Quoi qu’il en soit, la parité est encore loin d’être respectée pour les postes d’encadrement supérieur. Le commissaire s’est engagé à porter ce chiffre à 25% d’ici 2014. Des efforts ont été fournis avec le nouveau recrutement, puisque le pourcentage de femmes parmi les nouvelles recrues aux postes d’encadrement est deux fois plus important (40%) que celui des femmes parmi le personnel issu des 15 anciens Etats membres.
Rajeunir les troupes
Cette campagne terminée, les recrutements vont pouvoir reprendre comme auparavant : au compte-goutte, pour une institution particulièrement attractive pour les conditions de travail qu’elle offre dans ce contexte économique difficile (une sécurité de l’emploi comme dans toute fonction publique mais avec une grille de salaire plus élevée que dans certaines administrations nationales), et dont la taille est particulièrement réduite compte tenu du nombre de ses administrés.
Pour sélectionner parmi les dizaines de milliers de candidats, l’UE a récemment réformé ses méthodes. C’est une épreuve désormais plus “moderne” qui attend les candidats, selon l’agence EPSO qui s’en occupe. Finies les notes de synthèse ou les tests de connaissance sur l’UE et ses politiques, ce sont désormais les compétences qui sont les plus importantes.
Pour réussir les tests de raisonnement numérique, verbal et abstrait (similaires à des tests de QI) et de situation qui sont proposés, il faut être futé et rapide… Avec ce changement, l’UE a choisi de mettre davantage l’accent sur le potentiel intellectuel de ses futures recrues que sur leur expérience ; un choix contesté au sein des candidats, dont certains estiment que d’autres formes d’intelligence utiles se trouvent filtrées à l’entrée.
EPSO a également souhaité dynamiser sa communication, notamment en renforçant sa présence sur Facebook : une manœuvre qui s’inscrit dans sa stratégie de viser un public plus jeune. Totalisant presque 40 000 fans sur leurs trois versions linguistiques, les pages informent et conseillent les candidats, fournissent des tests blancs ou bien des témoignages d’ “ambassadeurs” (actuels fonctionnaires européens).