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Démission de Theresa May : et maintenant ?

Dernier rebondissement en date dans le dossier du Brexit, la démission de Theresa May, vendredi 7 juin. Qui peut espérer lui succéder à la tête de l’exécutif britannique ? Quels scénarios de sortie du Royaume-Uni sont encore sur la table ? Toute l’Europe fait le point sur les questions qui agitent l’actualité politique outre-Manche.

Jeremy Hunt, Boris Johnson, Michael Gove et Andrea Leadsom
Jeremy Hunt, Boris Johnson, Michael Gove et Andrea Leadsom - Crédits : Flickr 

Pourquoi Theresa May démissionne-t-elle ?

Le 24 mai, Theresa May a annoncé sa démission du poste de Premier ministre, devant le 10 Downing Street. Arrivée au pouvoir en juillet 2016, quelques semaines après le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, elle a passé 34 difficiles mois à la tête de l’exécutif britannique sans réussir à conclure d’accord sur les modalités du Brexit.

D’abord partisane d’un Brexit dur, elle infléchit finalement sa politique pour mener à bien les négociations avec l’UE. Les plus fervents défenseurs du Brexit, comme Boris Johnson, qui prônent une sortie sans accord la désavouent alors. Un nouveau coup dur, un an après que les conservateurs ont perdu leur majorité absolue à la Chambre des communes.

En novembre 2018, un accord est trouvé et approuvé par son gouvernement… avant d’être refusé à trois reprises par les députés britanniques, qui s’opposent également à un “no deal” . Le Brexit est alors repoussé au 12 avril puis au 31 octobre 2019, après d’intenses négociations au sein du Conseil européen. Incapable de concilier les multiples exigences de son camp, de l’opposition et de l’UE, Theresa May a perdu petit à petit sa légitimité à exercer le pouvoir. Une situation confirmée, au lendemain de l’annonce de sa démission, par le revers cuisant des Tories aux européennes, avec seulement 8,8 % des suffrages. Il incombera donc à un nouveau Premier ministre conservateur de parvenir à négocier le Brexit.

Quand sera-t-elle remplacée ?

Le nouveau chef du gouvernement n’arrivera pas tout de suite au 10 Downing street. D’abord, la personne doit être sélectionnée en tant que chef du Parti conservateur, dans un processus à deux étapes, puis appointé par la reine comme le veut la coutume du pays. Un processus qui devrait débuter la semaine du 10 juin, et s’achever peu après le 20 juillet, au moment où les députés sont censés partir en vacances. D’ici là, Theresa May assurera l’intérim.

La première phase, qui se déroulera au niveau du groupe parlementaire, vise à sélectionner 2 prétendants au poste parmi l’ensemble des candidats, et ce à l’issue de plusieurs tours de vote. Au premier tour, prévu le 13 juin, seront écartés les candidats rassemblant moins de 5 % des voix des députés, puis 10 % au deuxième tour, programmé le 18 juin. Ensuite les candidats ayant reçu le moins de voix seront éliminés un par un dans les tours suivants qui se dérouleront les 19 et 20 juin. Cette première étape devrait être achevée avant la fin du mois de juin.

Les deux finalistes seront alors soumis aux 160 000 adhérents du Parti conservateur qui auront jusqu’au 22 juillet pour voter, laissant du temps pour débattre à la Chambre des communes, en présence de tous les élus, y compris l’opposition. En outre, deux débats, d’abord avec tous les candidats, puis avec les deux finalistes seront également organisés par la BBC.

Par qui sera-t-elle remplacée ?

Treize candidats se sont déclarés depuis le 24 mai, mais 2 d’entre eux se sont entre temps retirés, exprimant leur désir qu’un nouveau Premier ministre soit choisi le plus rapidement possible. Par ailleurs, pour pouvoir entrer dans la course, une nouvelle règle a été mise en place : les prétendants aux postes doivent obtenir la signature de 8 élus tories. Un seuil récemment relevé afin de limiter le nombre de candidatures déjà élevé.

A l’heure actuelle, ils sont donc déjà 11 prétendants au poste. Des plus eurosceptiques aux plus pro-UE, plusieurs espèrent tirer leur épingle du jeu.

Parmi eux néanmoins, le favori de la course est pour le moment Boris Johnson. Partisan d’un hard Brexit et soutenu par Donald Trump, l’ancien ministre des Affaires étrangères souhaite la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 octobre, qu’un accord ait été trouvé ou non.

Michael Gove, actuel ministre de l’Environnement serait quant à lui le candidat du compromis : d’abord partisan d’une sortie rapide du Royaume-Uni et l’une des figures majeures de la campagne du Leave en 2016, il a adouci ses positions et se dit à présent prêt à repousser le Brexit jusqu’en 2020.

Jeremy Hunt, ancien ministre de la Santé et successeur de Boris Johnson au Foreign Office, a aussi ses chances d’accéder à la fonction bien que, fait notable, il ait fait campagne pour rester dans l’Union européenne lors du référendum en 2016. Aujourd’hui, il prône la mise en place d’une nouvelle équipe de négociateurs afin de trouver un nouvel accord avec l’UE.

Andrea Leadsom, partisane d’une sortie sans accord ni même de nouvelles négociations avec l’UE d’ici au 31 octobre est également en lice. Ministre chargée des relations avec la Chambre des communes jusqu’à récemment, elle était, avant de se retirer, la finaliste face à Theresa May en 2016 lors de la précédente élection du chef de file du Parti conservateur.

La liste définitive des candidats sera connue mardi 11 juin.

Les Britanniques seront-ils bientôt appelés aux urnes ?

C’est en tout cas ce à quoi aspire Jeremy Corbyn, le leader des travaillistes. Pour lui, le nouveau Premier ministre se devra de laisser au plus tôt le peuple décider du futur du Royaume-Uni par le biais d’élections législatives. Chez les libéraux-démocrates (LibDems) et les Verts, on appelle plutôt à la tenue d’un nouveau référendum dont l’issue serait sûrement différente qu’en 2016, à en croire Vince Cable, le chef de file des LibDems.

Toutefois, ces scénarios ne sont pas privilégiés par les conservateurs au pouvoir. En mauvaise posture, ces derniers pourraient perdre de nombreux sièges au profit du Labour, des libéraux ou du Brexit Party de l’europhobe Nigel Farage, si des élections anticipées étaient organisées avant la date du Brexit. Par ailleurs, le conservateur Sam Gyimah, véritable outsider, est le seul candidat à la succession de Theresa May qui propose la tenue d’un second référendum.

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