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[Brève] Avortement : la Pologne dans le viseur des eurodéputés

En présence de la commissaire européenne Helena Dalli, les eurodéputés ont une nouvelle fois fait part de leurs préoccupations relatives aux droits des femmes et à l’Etat de droit en Pologne. A la suite d’un arrêt du Tribunal constitutionnel en octobre 2020, le pays a rendu l’avortement quasi illégal.

En soutien au mouvement en faveur du droit à l'avortement dans son pays, l'eurodéputé polonais Łukasz Kohut (Printemps, centre gauche) portait un masque noir orné d'un éclair rouge mercredi 24 février au Parlement européen - Crédits : Riccardo Pareggiani / Parlement européen
En soutien au mouvement en faveur du droit à l’avortement dans son pays, l’eurodéputé polonais Łukasz Kohut (Printemps, centre gauche) portait un masque noir orné d’un éclair rouge mercredi 24 février au Parlement européen - Crédits : Riccardo Pareggiani / Parlement européen

Vif débat au Parlement européen ce mercredi 24 février. A l’invitation des parlementaires européens, le sujet des droits des femmes en Pologne, et notamment du droit à l’avortement, a suscité d’intenses réactions, parfois radicales. Jadwiga Wiśniewska, membre du PiS (droite radicale, groupe CRE), le parti au pouvoir en Pologne, n’a ainsi pas hésité à comparer l’avortement à la peine de mort. De son côté, Robert Biedroń (du parti Printemps (S&D), classé au centre gauche), figure médiatique de la gauche polonaise, a considéré que dans le pays “les droits relatifs à la santé génésique sont similaires à ceux de l’Iran” . “C’est la charia !” , a-t-il clamé. Deux députés, la Suédoise Malin Björk (Parti de gauche (gauche radicale), GUE/GNL) et Łukasz Kohut (Printemps) arboraient du noir frappé d’un éclair rouge, symbole des manifestants pour le droit à l’avortement en Pologne.

Auditionnée lors de cette séance organisée par les commissions des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) et des droits des femmes et de l’égalité des genres (FEMM), où se trouvaient également des membres de la société civile polonaise, la commissaire européenne à l’Egalité Helena Dalli a rappelé que la Pologne était visée par une procédure relative à l’article 7 du traité sur l’Union européenne, pour non-respect de l’Etat de droit.

La question de l’avortement n’est pas étrangère à celle de l’Etat de droit. Car comme l’a indiqué la responsable européenne, si l’UE n’a pas de compétences en la matière, elle en a en ce qui concerne les droits fondamentaux, bafoués dans l’Etat membre par la loi anti-avortement de janvier 2021 selon plusieurs experts internationaux. Adoptée à la suite d’un arrêt du Tribunal constitutionnel d’octobre 2020, celle-ci supprime la possibilité d’avorter en cas de malformation grave du fœtus, ne l’autorisant plus qu’en cas de danger pour la vie de la mère ou de viol ou d’inceste. Pour Mme Dalli, cela correspond à une “interdiction de facto de l’avortement” .

L’indépendance du Tribunal constitutionnel, et de manière plus générale du pouvoir judiciaire en Pologne, est par ailleurs compromise. Les modifications de la loi sur l’avortement “ne sont pas liées à l’action du gouvernement ni du Parlement mais à un examen du Tribunal constitutionnel, après une demande déposée de manière légale” , a pour sa part argué Andrzej Sadoś, l’ambassadeur polonais auprès de l’UE. Marta Lempart, à la tête du mouvement de la grève des femmes en Pologne, a quant à elle exhorté les institutions européennes à agir “plus et plus rapidement” pour préserver les droits des femmes dans le pays.

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