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Covid-19 : la stratégie vaccinale européenne en 3 minutes

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Achats centralisés, autorisation de mise sur le marché, répartition des doses entre Etats membres, suivi des campagnes de vaccination : l’Union européenne a mis en place une stratégie vaccinale inédite face à la pandémie de Covid-19.

La stratégie vaccinale européenne repose sur le principe de pré-achats menés par la Commission
La stratégie vaccinale européenne repose sur le principe de pré-achats menés par la Commission - Crédits : Grindi / iStock

Les grands principes

L’Union européenne a élaboré sa stratégie vaccinale en juin 2020, à un moment où plusieurs laboratoires s’étaient déjà lancés dans la recherche d’un moyen d’immuniser la population contre le virus. Son but : éviter une cacophonie en chargeant la Commission d’acheter les doses de vaccins nécessaires au niveau européen.

L’exécutif européen a donc signé des contrats avec sept laboratoires, pour 4,575 milliards de doses au total. Avec ces contrats d’achat anticipé (CAA), la Commission verse un acompte qui lui permet de pré-réserver la quantité de vaccins nécessaire. Les Etats membres règlent ensuite la note restante une fois la production engagée.

La répartition entre Etats membres

Le stock total négocié au niveau européen est ensuite réparti entre les Etats membres au prorata de la population de chaque pays. La France est par exemple en droit de recevoir 15 % du stock total. Néanmoins, si un vaccin provenant d’un laboratoire semble moins utile à un Etat membre pour mener sa campagne vaccinale, il est en droit de ne pas acheter le stock. Dès lors, les autres Etats membres peuvent racheter ces vaccins restés disponibles.

Une stratégie européenne et mondiale

Cette stratégie pensée à l’échelle européenne a également un volet mondial. La Commission considère en effet qu’il est improductif d’atteindre l’immunité collective en Europe si la pandémie continue de sévir à ses portes. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne et les Etats membres, associées dans une structure baptisée Equipe Europe, ont investi plus de 40 milliards d’euros pour soutenir les pays tiers en situation d’urgence. Sur cette somme, 2,5 milliards ont été alloués à COVAX, un mécanisme multilatéral créé pour pré-réserver des doses à destination des pays les moins développés. Par ailleurs, l’Union européenne réfléchit également à une autre initiative qui consisterait à allouer une part des stocks achetés pour ses Etats membres aux pays de son voisinage et aux Etats africains.

Le contrôle scientifique et juridique des vaccins

Avant la mise en circulation d’un vaccin, l’Agence européenne des médicaments (EMA) rend un avis non contraignant. Il revient ensuite à la Commission européenne de prendre la décision d’autoriser ou non la circulation du produit sur le marché.

En l’occurrence, la Commission européenne a délivré des autorisations de mises sur le marché conditionnelles (AMMC). Ces dernières tiennent compte du peu de visibilité dont disposent les laboratoires et leur permettent de fournir des données manquantes au fur et à mesure, notamment sur la durée de l’immunité et sur la capacité du vaccin à empêcher la transmission du virus par les personnes immunisées. Néanmoins, ces AMMC ne transigent pas sur un point : en cas d’effets secondaires, les laboratoires seront responsables juridiquement.

L’EMA est également responsable de la pharmacovigilance, elle est donc chargée du suivi des effets secondaires entraînés par les vaccins. L’Agence a, par exemple, été sollicitée pour statuer sur le vaccin AstraZeneca, après plusieurs cas d’embolies et de thromboses chez des patients ayant reçu une dose. Pour l’EMA, le vaccin demeure “sûr et efficace”. Néanmoins, les retards pris par le laboratoire anglo-suédois, couplés à la suspicion de la population face à son vaccin, ont poussé la Commission européenne à annoncer une réorientation de sa stratégie vaccinale au profit des vaccins à ARN messager. Bruxelles n’a donc pas renouvelé son contrat avec AstraZeneca, qui a pris fin le 30 juin 2021, et a en parallèle passé de nouvelles commandes auprès de Pfizer/BioNTech.

Après les vaccins, les traitements contre le Covid-19 ?

Autre cheval de bataille sur lequel la Commission européenne travaille en matière de pharmacovigilance, la mise en circulation massive de traitements pour les malades atteints de formes légères du Covid-19. L’exécutif a en effet dévoilé sa stratégie en la matière le 6 mai 2021. Cette dernière commence à porter ses fruits puisqu’elle a annoncé avoir signé un premier contrat cadre pour la fourniture de 220 000 traitements auprès du laboratoire américain Eli Lilly. D’autres signatures similaires pourraient avoir lieu prochainement : la Commission européenne a en effet identifié trois traitements qui devraient être autorisés d’ici à la fin octobre 2021.

Les difficultés

Une fois lancées, les campagnes de vaccination ont été ralenties par des retards de production. La Commission européenne a réagi en instaurant un mécanisme de transparence forçant les groupes pharmaceutiques à déclarer toute exportation de doses de vaccins produites sur le sol européen vers un pays tiers, mécanisme activé par l’Italie. L’exécutif européen a ensuite renforcé ce mécanisme en instaurant des conditions de réciprocité et de proportionnalité. Les laboratoires sont depuis contraints à exporter leur produit uniquement vers des pays rencontrant des difficultés épidémique et/ou exportant eux-mêmes vers l’Europe.

Face au retard (rattrapé depuis) pris par rapport aux autres grandes puissances comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, plusieurs Etats membres ont un temps pris le parti de négocier des contrats au niveau national pour obtenir des vaccins supplémentaires auprès de laboratoires privés et d’Etats (Chine, Russie, Israël). Une attitude qui a posé le problème de la coordination des politiques vaccinales des Etats membres.

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1 commentaire

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    J. Gicquel

    Bonjour,

    Vous avez acheté pour 4,575 milliards de doses pour une population de 447 millions de personnes. Est-il prévu de recevoir 10 doses par personne ?
    Merci de votre réponse