Au pouvoir depuis 26 ans, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a remporté une victoire à première vue écrasante dimanche 9 août. Avec 80% des suffrages exprimés, il s’assure ainsi un sixième mandat consécutif à la tête du pays, souvent décrit “de manière caricaturale” comme la “dernière dictature d’Europe”, juge Le Temps. Si le terme reste en débat, le caractère “autoritaire” du président sortant ne fait pas de doute pour la plupart des analystes, relève notamment Le Monde.
Après avoir contesté les résultats officiels et demandé au président sortant de “céder le pouvoir”, la principale opposante, Svetlana Tikhanovskaïa, qui a réuni 9,9 % des voix, a ainsi dû fuir le pays. “Craignant pour sa sécurité, Mme Tikhanovskaïa, qui a repris en mai dernier le flambeau de son mari emprisonné, a dû passer la nuit de samedi dans un endroit tenu secret” , explique Le Figaro, avant de rejoindre la Lituanie. Deux autres femmes devenues des figures de l’opposition au régime en place ont également fait l’objet de menaces. Maria Kolesnikova, membre de l’équipe de campagne de Svetlana Tikhanovskaïa, a été brièvement détenue par les services de la sécurité intérieure. Veronika Tsepkalo, également impliquée auprès de la candidate, a quant à elle décidé de quitter Minsk, la capitale biélorusse.
Ces opposantes ne sont pas les seules à avoir subi la répression policière. “Au total, quelque 1 300 personnes auraient été arrêtées avant les élections” , note Le Figaro. Sans endiguer la dynamique contestataire pour autant. Dimanche soir, au terme du scrutin, des milliers de Biélorusses sont en effet descendus dans la rue pour manifester contre les résultats officiels des élections. “Selon l’ONG de défense des droits humains Viasna, la répression des manifestations à Minsk a fait un mort et des dizaines de blessés”, explique France info. Plus de 3 000 manifestants seraient détenus, assume ainsi le ministère biélorusse de l’Intérieur.
Harcèlement et répression violente
Les leaders européens n’ont pas tardé à réagir aux résultats de l’élection et aux heurts survenus dimanche. Le président du Conseil européen Charles Michel a notamment condamné les violences dans un tweet : “La violence contre les manifestants n’est pas la réponse #Biélorussie La liberté d’expression, la liberté de réunion, les droits de l’homme fondamentaux doivent être respectés” . La présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a également fustigé “le harcèlement et la répression violente des manifestants pacifiques”, tout en appelant les autorités biélorusses “à veiller à ce que les votes (…) soient comptés et publiés avec exactitude”.
En France, le secrétaire général chargé des Affaires européennes Clément Beaune a lui aussi appelé à la publication de ces résultats [Politico]. Le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert a quant à lui émis “des doutes sérieux” sur le déroulement démocratique des élections en Biélorussie. Pour lui, “les normes minimales pour des élections démocratiques n’ont pas été respectées” , rapporte Die Deutsche Welle. M. Seibert a également qualifié de “politique d’intimidation” la répression et les arrestations survenues avant les élections, notamment vis-à-vis des journalistes et blogueurs.
De nouvelles sanctions ?
Depuis longtemps dans le viseur de l’Union européenne pour ses atteintes à l’Etat de droit, la Biélorussie avait obtenu la levée des sanctions à son encontre en 2016, suite aux progrès constatés à l’époque. Une époque qui semble aujourd’hui lointaine, puisque le ministre des Affaires étrangères allemand Heiko Maas a évoqué une reprise de ces sanctions européennes. “Nous devons maintenant sans aucun doute discuter au sein de l’UE pour déterminer si [la levée des sanctions] est encore valide à la lumière des [événements] de ces dernières semaines et ces derniers jours” , explique le ministre allemand [RFI]. Cependant, le gouvernement hongrois a indiqué vouloir s’opposer à de telles mesures. L’adoption de nouvelles sanctions imposant l’unanimité, la décision hongroise sera déterminante, explique Le Figaro avec AFP.
Les Vingt-Sept devraient en débattre lors d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères à la fin du mois. Puis lors d’un Conseil européen extraordinaire consacré aux relations internationales les 24 et 25 septembre. Un rendez-vous réclamé notamment par “le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki” [Le Figaro avec AFP].
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