Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Revue de presse

Un fonctionnaire européen retenu en otage en Iran depuis 500 jours

Le Suédois Johan Floderus est incarcéré dans une prison de Téhéran depuis avril 2022. Révélée par le New York Times lundi 4 septembre, cette détention s’inscrit dans la “stratégie des otages” du pays.

Le fonctionnaire européen serait détenu dans la prison d'Evin (ici en 2008) à Téhéran, connue pour ses mauvais traitements sur ses prisonniers
Le fonctionnaire européen serait détenu dans la prison d’Evin (ici en 2008) à Téhéran, connue pour ses mauvais traitements sur ses prisonniers - Crédits : Ehsan Iran / Wikimedia commons CC BY-SA 2.0

C’est une révélation qui embarrasse l’Union européenne et un de ses Etats membres, la Suède, illustrant leur difficulté à gérer les relations, très dégradées, avec l’Iran et le chantage diplomatique de ce pays”, résume d’emblée La Libre. Lundi 4 septembre, le New York Times dévoilait le visage et le nom de Johan Floderus, “un citoyen suédois travaillant pour le corps diplomatique de l’Union européenne […] emprisonné en Iran depuis plus de 500 jours”.

L’arrestation du jeune homme de 33 ans le 17 avril 2022 avait “été tenue secrète pendant plus d’un an par les autorités suédoises et de l’Union européenne”, indique par ailleurs le journal américain. Il serait actuellement détenu dans la prison d’Evin à Téhéran, “[un] complexe construit sur la peur, la torture et devenu un symbole de la répression de la République islamique”, soulignait un ancien détenu dans les colonnes du Temps en avril dernier.

Plusieurs médias, dont le quotidien suédois Expressen, avaient pourtant fait savoir que “les services de renseignement iraniens avaient arrêté un citoyen suédois en avril 2022″, peu de temps avant les confirmations officielles. “Il aura fallu plus d’un an pour que son identité et sa fonction soient révélées”, note ainsi Le Monde.

Prudence à Bruxelles et Stockholm

Johan Floderus “a occupé plusieurs postes au sein de l’UE. Il a été assistant de la commissaire européenne chargée des Migrations, Ylva Johansson, et a rejoint le service européen pour l’action extérieure (SEAE) en 2019″, retrace Politico. “L’Union européenne l’avait [même] mis en avant pour inciter les jeunes Suédois à venir travailler dans les institutions à Bruxelles”, complète Le Monde.

Du côté des ses employeurs, le mot d’ordre est à la prudence. Le SEAE a reconnu “[suivre] de près le cas d’un ressortissant suédois détenu en Iran”, tout en refusant de décliner son identité, précise La Libre. “Nous ne commentons pas les cas individuels pour une très bonne raison. Et toutes nos actions dans de tels cas sont guidées par l’intérêt et la sécurité de la personne concernée”, a déclaré Peter Stano, porte-parole de l’institution [Euronews].

A Stockholm, les autorités suédoises ne se montrent guère plus expansives. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une “détention arbitraire” et exigé que le jeune homme soit “libéré immédiatement” sans citer le nom du fonctionnaire européen, rapporte Le Monde. Dans une déclaration à la télévision publique suédoise SVT, les membres de la famille de Johan Floderus se sont déclarés “profondément inquiets et dévastés”, confirmant que leur proche était bien détenu en Iran. 

Stratégie des otages

Pour le New York Times, à l’origine de la révélation, l’affaire “semble s’inscrire dans un schéma de plus en plus courant de diplomatie iranienne des otages”. “Téhéran a pris goût à la stratégie qui consiste à prendre en ‘otage’ des ressortissants de pays occidentaux afin d’en faire une monnaie d’échange”, confirme La Libre. Pour le quotidien belge, le cas de Johan Floderus rappelle ainsi celui “d’Olivier Vandecasteele, un travailleur humanitaire […] qui avait été détenu en Iran pendant 455 jours”. Ce dernier a été libéré en mai 2023, en échange d’un homme condamné par un tribunal belge pour un projet d’attentat contre l’opposition iranienne. 

Selon SVT, ce schéma pourrait se reproduire. “Le ministre iranien des Affaires étrangères a demandé [à son homologue suédois] que Johan Floderus soit échangé contre Hamid Noury”, un homme condamné l’année dernière en Suède “pour meurtre et infractions au droit international commises dans les années 1980 en Iran”, selon la chaîne nordique.

La Libre rappelle enfin que l’affaire intervient dans un “contexte de de tensions grandissantes entre l’UE et l’Iran”, citant notamment les sanctions européennes à la suite de la répression violente des manifestations dans le pays, ou encore “la livraison de drones iraniens à la Russie, dont celle-ci se sert dans la guerre contre l’Ukraine”.

Les autres sujets du jour

Biodiversité

Commission européenne

France

Langues

Migrations

Sécurité

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Un fonctionnaire européen retenu en otage en Iran depuis 500 jours

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide