Soulevée par la Pologne, la question de l’état de droit a occupé les dirigeants européens “pendant un peu plus de deux heures” jeudi 21 octobre, fait savoir Politico. Le pays s’oppose à Bruxelles au sujet de la primauté du droit européen, depuis une décision du tribunal constitutionnel polonais au début du mois.
Dans le bras de fer avec Varsovie, “les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé ‘leur conviction que l’état de droit et l’indépendance judiciaire sont absolument fondamentaux’, mais ont temporisé sur les ripostes étudiées par Bruxelles”, indique une source européenne de l’AFP [Ouest-France].
Face à la Pologne, le choix du dialogue
“Le torchon n’a pas encore totalement brûlé entre Varsovie et ses interlocuteurs européens”, commente RFI. Devant ses homologues européens, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a pourtant “poursuivi sa charge décomplexée contre la primauté du droit européen” [L’Echo], en affirmant devant ses pairs que “l’UE outrepasse ses compétences”, cite le quotidien économique belge. Cependant, il s’est dit prêt au dialogue, précisant toutefois qu’il n’agirait “pas sous la pression du chantage”, rapporte RFI, “une allusion au plan de relance polonais et aux dizaines de milliards d’euros actuellement gelés par la Commission européenne”.
Certains pays, à l’instar de ceux du Bénélux ou de l’Autriche, restent sur une ligne ferme face à la Pologne. “L’indépendance du système judiciaire polonais est une question clé, la Pologne doit prendre les mesures nécessaires. C’est non négociable”, a ainsi déclaré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, appuyé par son homologue autrichien [RFI].
A l’inverse, la Hongrie a apporté sans surprise son soutien à son allié de longue date. “Il y a une chasse aux sorcières en Europe contre la Pologne, les Polonais ont raison”, estime le chef du gouvernement Viktor Orbán, “lui aussi régulièrement épinglé par Bruxelles sur les questions d’état de droit” [Ouest-France]. De leur côté, la France et l’Allemagne ont “invité les dirigeants européens à la retenue” et à privilégier le dialogue, résume L’Echo. Une position qui l’a finalement “emporté” [Politico].
Désaccords sur l’énergie
Concernant les solutions à apporter face à l’inflation énergétique, “les dirigeants européens ont eu du mal à s’entendre jeudi sur une réponse commune”, indique La Tribune. “Le texte final demande à la Commission européenne d’examiner le fonctionnement du marché du gaz et de l’électricité pour en identifier les potentiels effets pervers et de rechercher de possibles manipulations spéculatives sur le marché carbone européen”, lit-on dans Les Echos.
Cette demande émane notamment de la République tchèque et de plusieurs pays de l’Est, “pour lesquels c’est ce marché et la perspective de son élargissement à de nouveaux secteurs qui ont fait s’envoler le prix de l’électricité”. Ces Etats pointent notamment “la participation des spéculateurs financiers [au marché]” [La Tribune]. Un élargissement du marché du carbone prévu dans le cadre du plan “Fit for 55” dévoilé en juillet par la Commission européenne et qui envisage une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.
Pour le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui remet en cause le plan, celui-ci va “tuer la classe moyenne européenne”, citent Les Echos. D’autres Etats comme l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Irlande l’ont au contraire soutenu face aux critiques, et “vu, dans l’accélération des investissements verts, la solution à la dépendance européenne au gaz et accessoirement à des exportateurs comme la Russie”, indique le quotidien. La France a pour sa part “souligné le rôle stabilisateur de long terme de l’énergie nucléaire, qui permet de pallier la variabilité des renouvelables sans dégager de CO2, à l’inverse du gaz” [Les Echos].
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