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Kosovo : les enjeux pour l’Union européenne

Le 10 décembre 2007, la troïka Russie-USA-UE, doit remettre son rapport sur l’état d’avancement des négociations sur le statut du Kosovo. Bertrand Rioust de Largentaye, conseiller à la Délégation de l’UE auprès de l’OCDE et l’UNESCO, en charge des affaires extérieures de l’UE à Notre Europe, décrypte les enjeux du dossier kosovar. Pour lui, l’UE “ne s’est peut être pas suffisamment servi de son atout maître qui est la difficulté que les deux protagonistes éprouvent à imaginer leur avenir en dehors d’elle”.

“Le problème politique que pose la province est sans doute l’un des problèmes les plus épineux auxquels s’est confrontée la communauté internationale et singulièrement l’UE, car il s’agit d’une querelle de légitimité, opposant deux prétentions à la possession d’un même territoire. […] Le Kosovo est la dernière pièce du puzzle balkanique et sans doute la plus complexe de toutes

Pour aider à la compréhension du dossier, l’auteur établit un état des lieux historique, démographique, économique, politique et géopolitique de la région. Parmi ces éléments de complexité : l’ascendant démographique albanais, l’étanchéité des deux communautés, le chômage, la mosaïque d’acteurs aux ambitions divergentes, etc. Selon lui, “le droit international serait de nouveau bafoué en cas de déclaration unilatérale […] : ce qu’une résolution du Conseil de sécurité [de l’ONU] a défini, en l’occurrence l’appartenance du Kosovo à la Yougoslavie, seule une autre résolution peut le défaire. Et l’indépendance du Kosovo ne manquerait pas d’être invoquée comme précédent d’abord par les Serbes de Bosnie” , mais aussi en Espagne par de nombreux Basques et Catalans.

“On peut imaginer différentes variantes entre ces deux cadres [l’indépendance prônée par les Albanais et une certaine autonomie défendue par les Serbes] et puis on peut chercher à s’en abstraire avec la conviction que ce serait le seul moyen de sortir de l’impasse” . Cette seconde perspective a la préférence de Bertrand Rioust de Largentaye, qui met en avant deux solutions.

La première, peu convaincante au regard des précédents historiques : un territoire sous tutelle européenne impliquant au préalable “une partition, qui permettrait de rattacher le nord de la province à la Serbie, en prévoyant en échange, le cas échéant, le rattachement de quelques communes du sud de la Serbie peuplées majoritairement d’Albanais” . Seconde solution : une “stricte parité” sur la base d’une “fédération, ou d’un condominium serbo-albanais englobant la Serbie et ses deux provinces autonomes, la Voïvodine et le Kosovo” . L’UE aurait alors un rôle plus en retrait de facilitateur, en moyennant “avec soin et précision ce que les Serbes et les Albanais attendent le plus d’elle, à savoir l’adhésion” . Reste le problème de l’opinion publique européenne qui se montre désormais plus réservée à l’égard des perspectives de nouveaux élargissements” .

Si tout porte à croire qu’une grande majorité des pays membres de l’UE reconnaîtront une indépendance du Kosovo même déclarée unilatéralement, “il n’est peut-être pas trop tard pour faire marche arrière” , conclut-il. “L’UE ne devrait pas emboîter le pas aux Américains, pour lesquels les enjeux dans la région ne sont pas les mêmes.”

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Bertrand Rioust de Largentaye, “Le Kosovo après le 10 décembre 2007 : enjeux pour l’Union européenne” , Notre Europe, décembre 2007

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