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Les résultats électoraux de l’extrême droite en Europe

Elections législativesLe 23 avril, le Front national a de nouveau battu son record électoral en recueillant 21,3% des voix lors du premier tour de l’élection présidentielle française. Un résultat qui confirme l’élargissement continu de sa popularité au cours de la dernière décennie. Ailleurs en Europe, si quelques pays échappent à la montée de l’extrême droite, une majorité assiste en revanche à la montée de ces formations politiques.

(Sur cette carte sont représentés les résultats des principaux partis d’extrême droite lors des dernières élections majeures du pays. Les différents scrutins ayant été sélectionnés en fonction du régime politique de chaque Etat membre, c’est ainsi que les résultats des élections législatives se retrouvent majoritairement représentés)

Une poignée de pays européens épargnés par la vague populiste

Le constat est sans appel. Depuis les années 2000, les idées de l’extrême droite ont largement progressé en Europe. Si la majorité des Etats membres ont été fortement touchés par ce phénomène, dans d’autres pays de l’Union, l’extrême droite est absente ou se maintient toujours sous la barre des 1%. En Espagne, au Portugal ou en Irlande, pays durement touchés par la crise financière de 2008, les partis d’extrême droite semblent inaudibles. Des facteurs à la fois historiques, politiques et économiques expliquent cette tendance. Les souvenirs encore récents des dictatures de Franco en Espagne et de Salazar au Portugal contribuent à expliquer l’absence de partis d’extrême droite dans ces pays, où les électeurs, en cas de rejet des partis de gouvernement, se tournent plutôt vers la gauche radicale. En témoigne le succès récent de Podemos en Espagne. L’Irlande, quant à elle, n’a jamais compté de parti d’extrême droite.

A Chypre, au Luxembourg, à Malte, en Slovénie, en République tchèque ou en Roumanie, l’extrême droite peine également à atteindre un score significatif. En Roumanie et en République tchèque, les populistes de droite se sont notamment effondrés, dépassés par le discours déjà très conservateur de la droite traditionnelle.

Le maintien des partis d’extrême droite “classiques”

Parmi ces partis d’extrême droite “traditionnels” , héritiers plus ou moins directs du fascisme et du nazisme, on retrouve des formations antidémocratiques telles que l’Aube dorée en Grèce ou Ataka en Bulgarie. Isolés dans le paysage politique, leurs scores ne dépassent généralement pas les 10%, sauf en Hongrie, où le Jobbik a encore attiré 20,22% des électeurs lors des dernières élections législatives. Ce dernier plaide notamment pour la création de prisons spécifiques pour les Roms, le retour des valeurs chrétiennes ou encore l’avènement d’une “Grande Hongrie” .

En Europe de l’est, les partis ultraconservateurs au pouvoir en Pologne et en Hongrie partagent, pour leur part, certains points communs avec les partis d’extrême droite européens, sans se réclamer de ce positionnement. Au niveau européen, le PiS polonais ainsi que le Fidesz hongrois, sont ainsi alliés respectivement aux conservateurs britanniques et au centre-droit traditionnel européen, dont Les Républicains. Ayant tous deux fait passer des réformes liberticides au cours des derniers mois ou années, ils n’ont toutefois pas été mis à l’écart.

L’émergence des partis” néopopulistes”

Enfin, dans de nombreux pays d’Europe progressent des partis dits “néopopulistes” . Comme l’explique Jean-Yves Camus, spécialiste des nationalismes et extrémismes en Europe, dans Le Figaro, sous ce terme se trouvent des formations politiques sans lien avec le fascisme ou l’antisémitisme et proposant une critique systématique de l’Europe, de l’immigration et de l’islam. Bien que leurs résultats demeurent souvent trop modestes pour accéder au pouvoir, ces partis participent fortement à la vie politique de leur pays en influençant largement les thèmes du débat.

En Allemagne, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), dont certains membres ont été directement accusés de racisme et de polémiquer sur le nazisme, a su profiter de la dynamique du mouvement anti-islam Pegida et de la crise migratoire pour réaliser une percée fulgurante dans le paysage politique. De la même manière, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), dont la progression dans les urnes est récente, a joué un rôle non négligeable lors de la campagne référendaire britannique qui a conduit le pays au Brexit en juin 2016.

Dans certains pays, les partis d’extrême droite ont même intégré des coalitions gouvernementales au cours des dernières années. C’est le cas des Vrais Finlandais, qui ne se définissent d’ailleurs pas comme d’extrême droite, ou encore de La Ligue du Nord en Italie, ancien allié de Silvio Berlusconi.

Et outre le Front national en France, qui s’impose comme une force politique incontournable, d’autres partis d’extrême droite européens sont parvenus à se hisser au rang de deuxième ou troisième formation politique du pays. C’est le cas du FPÖ, arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle autrichienne de 2016, ou encore du PVV aux Pays-Bas mené par Geert Wilders, arrivé second lors des législatives de mars dernier. Dernièrement, la crise des réfugiés en Europe a également favorisé l’extrême droite dans des pays traditionnellement épargnés comme la Suède. Un terreau également favorable pour la progression du parti populaire danois DF, qui a remporté 21,1% des voix aux élections législatives de 2015.

La France n’est donc pas isolée face à la montée de l’extrême droite. Si par deux fois au cours des derniers mois, aux Pays-Bas et en Autriche, les Européens ont dit “non” aux populismes de droite, les Français auront à faire leur choix lors du second tour de l’élection présidentielle, le 7 mai prochain.

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