Le soutien aux PME et ETI européennes (entreprises de moins de 5 000 salariés) est l’un des piliers de la Banque européenne d’investissement (BEI). Une mission qui revêt une importance particulière depuis les premières conséquences économiques de la crise du Covid-19 : celle-ci a plongé le continent dans la récession. La crise financière de 2008 avait déjà provoqué une chute de l’investissement de 15 %. Mais ce nouveau choc économique menace de multiplier par deux cet effondrement.
Pour lutter contre les effets de la crise, la BEI a mis en place plusieurs instruments. Parmi eux, la signature d’un prêt de 600 millions d’euros à destination du Crédit mutuel alliance fédérale (maison mère des banques Crédit mutuel, CIC, Cofidis ou encore de la Banque européenne du Crédit mutuel). Annoncé le 6 juillet par Ambroise Fayolle, vice-président de l’institution, ce crédit doit être complété par 600 millions d’euros supplémentaires de la part du groupe privé pour atteindre un total de 1,2 milliard d’euros de prêts, que la banque accordera à ses entreprises clientes et dont elle assumera le risque. En détail, la BEI transforme et complète de 350 millions d’euros un instrument déjà mis en place il y a deux ans.
Les banques au service du tissu économique local
La mesure s’inscrit dans la continuité des différents plans de soutien mis en place par la BEI pour venir en aide aux PME et ETI européennes et françaises. Elle marque toutefois une étape supérieure dans la relance : le Crédit mutuel devient “le premier établissement bancaire français à bénéficier du soutien d’urgence post Covid-19 de la BEI”, rappelle Ambroise Fayolle.
Car si le soutien direct aux entreprises constitue le cœur des activités de l’institution financière, elle compte aussi sur les banques françaises pour jouer les intermédiaires. Les groupes comme le Crédit mutuel agissent “au plus près du tissu économique” , explique son président Nicolas Théry. Ils sont, selon lui, plus à même de cibler la redistribution des prêts aux établissements fragilisés par la crise. Les banques françaises devraient ainsi bénéficier de 1,45 milliard d’euros de prêts, dans l’objectif de financer 3 milliards d’investissements supplémentaires auprès des PME et ETI. Ce soutien aux banques, l’un des premiers instruments annoncés par l’institution début avril, s’ajouterait au fonds de 200 milliards d’euros approuvé le 9 avril dernier par l’Eurogroupe, et que les Etats doivent encore valider.
Préparer demain
Si la réponse rapide de l’Etat français et de l’Union européenne peut faire envisager une reprise “un peu meilleure qu’attendue” à court terme, les entreprises sont toutefois loin d’être tirées d’affaire. Certains secteurs comme le tourisme - et, par répercussion, de nombreux autres maillons de la chaîne économique - vont cet été affronter d’importantes difficultés. Quant aux entreprises ayant bénéficié d’un sursis grâce aux mesures d’urgence, elles devront faire face à plusieurs échéances à partir du mois de septembre, comme la fin de la suspension des charges.
C’est pourquoi il s’agit “d’accompagner la reprise économique à plus long terme” , souligne Nicolas Théry, notamment en renforçant les fonds propres des entreprises pour les mettre à l’abri des chocs futurs. Une stratégie prônée par l’Union européenne à travers les investissements en fonds propres de la BEI et l’instrument de soutien à la solvabilité proposé par la Commission européenne.
Enjeux climatiques
Le partenariat entre le Crédit mutuel et la BEI cherche également à répondre aux défis environnementaux. Quel que soit leur secteur d’activité, les entreprises qui en bénéficieront devront avoir fait des propositions d’investissement conformes aux objectifs européens en la matière. L’objectif étant, à travers cette stratégie demandée aux PME et aux ETI, de “transformer le modèle de production” de manière durable, explique le président du groupe Crédit mutuel : “Il faut que cet investissement ait du sens, et ne soit pas un simple retour au monde d’avant” .
La Banque européenne d’investissement vise à devenir une “banque du climat” à part entière. Elle cherche notamment à porter à 50 % la part de ses investissements verts à l’horizon 2025. Le groupe Crédit mutuel a quant à lui validé en 2018 l’objectif de réduire de 30 % son empreinte carbone sur 5 ans.