Dans la “course contre la montre” engagée pour s’accorder sur l’avenir économique de l’Union européenne [La Croix], les Vingt-Sept ont pris un départ plutôt poussif. Réunis en Conseil européen vendredi 19 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE n’ont pas trouvé d’accord majeur à l’issue des quatre heures de discussions principalement axées autour de la proposition de nouveau budget pluriannuel 2021-2027 et de plan de relance formulée par la Commission le 27 mai dernier. Le Monde observe néanmoins que “les apparences sont sauves” et que les dirigeants “ne se sont pas écharpés” . Une satisfaction en soi, tant l’ampleur du plan élaboré par Bruxelles (750 milliards d’euros) et son mode de financement (emprunts contractés par l’Union européenne) sont “encore loin de faire l’unanimité” , poursuit le quotidien. Un contexte qui avait poussé le président du Conseil européen Charles Michel à afficher des attentes assez modestes en amont du sommet. Or, “les résultats sont aussi maigres qu’attendus, peut-être même plus” , affirme Politico.
Cinq points de désaccords
Les Echos dressent en effet un bilan plutôt sombre des discussions et soulignent des “divergences réelles” sur “au moins cinq sujets” identifiés depuis de longues semaines déjà : “les montants globaux au sein du budget 2021-2027, mais plus encore du plan de relance […], l’équilibre entre prêts et dons, […] la clé de répartition des dons prévus dans le plan de relance, […] les rabais dont bénéficient plusieurs Etats et […] la question des ressources propres.” Ces questions révèlent des lignes de fracture bien établies au sein des Vingt-Sept, relève France TV. Les pays du Sud les plus touchés par la crise, l’Espagne et l’Italie, qui “prônent une accélération des négociations” et sont “attentifs à ce que l’aide ne soit pas conditionnée à des directives de l’Union trop exigeantes” , s’opposent ainsi aux “frugaux” , qui “souhaiteraient que le versement de l’argent soit conditionné à des réformes” . A ces deux camps vient s’ajouter celui du groupe de Visegrád (République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Pologne) : “Ces pays bénéficient d’une manne d’argent importante de l’UE, sous forme de fonds de cohésion, et craignent que les subventions du plan de relance se fassent au détriment de ces fonds” , poursuit le média.
Face à ces divergences, les dirigeants européens ont tenté d’afficher autant d’unité que possible. Le Monde explique ainsi que “le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et son homologue italien, Giuseppe Conte, sont restés courtois l’un envers l’autre” , alors que les deux hommes s’étaient violemment opposés trois mois plus tôt au sujet de la mutualisation de la dette. Angela Merkel a pour sa part souligné que “personne n’a remis en cause le principe d’un endettement commun, la structure globale du plan de relance proposée par la Commission européenne est donc maintenue” , note Euronews. Dans le même esprit, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a préféré mettre en valeur le consensus, même minime, trouvé par les Vingt-Sept au sortir du sommet : “De façon unanime, les dirigeants sont d’accords sur le fait que la sévérité de la crise justifie une réponse commune ambitieuse qui combine solidarité, investissements et réformes” , a-t-elle déclaré [Euronews]. En clair, les dirigeants européens tentent de rester optimistes.
Le prochain Conseil européen décisif ?
Une attitude jugée nécessaire pour maintenir l’Europe à flot. D’abord sur un plan financier, comme l’explique Le Monde : “C’est parce qu’ils anticipent un accord que les marchés financiers sont relativement calmes […] et l’exposition au grand jour des divisions européennes pourrait les faire chuter” . A éviter de trop s’appesantir sur leurs divergences, les dirigeants des Vingt-Sept entretiennent également l’espoir de trouver un compromis politique sur les détails du plan de relance au cours de l’été. L’Allemagne, qui prendra la présidence tournante du Conseil de l’UE le 1er juillet, pousse tout particulièrement pour trouver rapidement une solution dans l’espoir de pouvoir débloquer les fonds en début d’année 2021. “La chancelière [Angela Merkel] a mis la pression sur ses collègues européens pour que les détails du programme d’aides soient finalisés avant la fin juillet” , rapporte France 24. Le prochain Conseil européen de juillet, le premier à réunir physiquement les Vingt-Sept depuis le début de la crise du coronavirus, pourrait donc être décisif, même si le Premier ministre néerlandais Mark Rutte “a insisté pour ne pas confondre vitesse et précipitation” , rappellent Les Echos. Des réticences qui poussent le quotidien économique à la prudence : “En affirmant qu’il espérait avoir à la mi-juillet une rencontre ‘efficace et utile’, Charles Michel a d’ailleurs laissé entendre ce que beaucoup avaient déjà compris : l’idée d’un compromis définitif lors de cette rencontre est très peu probable.”
Les autres sujets du jour
Covid-19
Diplomatie
- UE-Chine : des négociations sous haute tension diplomatique [RFI]
- L’Europe face à la Chine, le lent déniaisement [Le Monde]
Economie
- Taxe GAFA mondiale : l’OCDE et l’Union européenne font front commun contre les Etats-Unis [Le Monde]
Elections
Emploi
Frontières
Institutions
- A Bruxelles, des interprètes dans la tourmente [Courrier International]
Racisme
- Pour le Parlement européen, “la vie des Noirs compte” [Ouest-France]