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Le Trésor : A la rencontre de Corneliu Porumboiu et du cinéma roumain

Corneliu Porumboiu, cinéaste de 40 ans venu de Roumanie, s’est fait un nom dès son premier long-métrage, 12h08 à l’est de Bucarest. Pour ce film, sorti en 2006, il a remporté la Caméra d’or au festival de Cannes. Dix ans plus tard, entre expérimentations cinématographiques et étude de son pays, passé en un clin d’œil du communisme au capitalisme, Corneliu Porumboiu présente Le Trésor. Un cinquième film en forme de conte, drôle et grand public, racontant la quête de deux hommes pour des richesses prétendument enfouies dans le jardin d’une vieille maison familiale.

Le Trésor, de Corneliu Porumboiu

Une histoire roumaine

C’est sans esbroufe que Corneliu Porumboiu est venu présenter son nouveau film, Le Trésor (en salle depuis hier en France), au Cinéma des cinéastes à Paris, le 9 février. Polyglotte et malicieux, il semble heureux d’être entouré de ses deux productrices françaises, Sylvie Pialat, ancienne compagne du cinéaste Maurice Pialat, et Julie Gayet.

A l’issue de l’avant-première, organisée dans le cadre des rencontres Les Cinéastes invitent l’ami européen, et comme le laissaient présager les premières critiques de la presse, le public est conquis. Une spectatrice fera notamment part du plaisir qu’elle aura eu à se faire surprendre par l’intrigue qui n’emmène jamais en terrain prévisible. Tout comme elle dira avoir apprécié que le film traite de sujets sérieux, mais toujours avec une légèreté certaine.

De fait, Le Trésor, qui suit “deux pieds nickelés” - pour reprendre l’expression d’Olivier Père d’Arte - à la recherche d’un magot enterré dans le jardin d’une vieille bâtisse familiale ayant traversé l’histoire tumultueuse de la Roumanie, est à la fois une comédie absurde et une parabole sur un pays ayant changé à grande vitesse depuis 1989. L’histoire d’un père soucieux de faire rêver son fils de 6 ans à qui il lit Robin des Bois tous les soirs et d’améliorer le quotidien de sa famille. Et l’histoire de la Roumanie contemporaine, heurtée par plusieurs décennies sous le joug de la dictature communiste et entrée de plein fouet dans le capitalisme. Comme l’explique Corneliu Porumboiu, Le Trésor parle du thème de la propriété.

Et le fond de l’histoire est vrai. A l’origine, Porumboiu voulait tourner un documentaire sur la recherche d’un trésor dans une vieille maison familiale appartenant à un ami. Ils furent incapables de le trouver, mais le metteur en scène a décidé d’en tirer un scénario de fiction. La maison utilisée pour le film est d’ailleurs celle de son ami. Maison que sa famille avait perdue avec l’arrivée des communistes, puis transformée notamment en pharmacie et en école. Avant de devenir un bar à strip-tease après la chute de Ceausescu et d’être finalement récupérée après une longue procédure avec l’Etat. Tout sauf un cas isolé en Roumanie.

Rencontre avec Corneliu Porumboiu (3’27)

Coproduction européenne à petit budget

Pour mener à bien ce projet, Corneliu Porumboiu a donc fait appel à la société de production de Sylvie Pialat Les Films du Worso, avec qui il avait déjà travaillé par le passé, et à celle de l’actrice et productrice Julie Gayet, Rouge International. Une coproduction franco-roumaine indispensable pour constituer un budget suffisant, en dépit de l’envergure modeste du film. Et un schéma tout à fait habituel pour la plupart des metteurs en scène venant de pays où les aides au cinéma sont réduites, pour ne pas dire inexistantes. Au total, seulement deux ans et demi se seront écoulés entre l’écriture et le montage final.

Ciselé, le script ne laisse de place à aucune digression. “La comédie, c’est sérieux” , explique, pince-sans-rire comme ses personnages, Corneliu Porumboiu. Et au montage, plusieurs séquences sont éliminées : et pourtant “elles étaient bonnes” , assure le metteur en scène. Quant au casting, une affaire d’amitiés et de rencontres. Le rôle de Costi a été confié à Toma Cuzin, ancien mineur devenu acteur, tandis que ce sont réellement sa femme et son fils qui jouent à ses côtés. L’autre rôle principal est revenu à Adrian Purcarescu, ami personnel du réalisateur. Et celui du “spécialiste” des détecteurs de métaux a été attribué à… quelqu’un dont c’est le véritable métier. Un choix de toute évidence judicieux tant son talent comique saute aux yeux.

De son propre aveu, Corneliu Porumboiu voulait faire un “film d’aventure” , et davantage grand public que ses précédentes productions, plutôt expérimentales et, de ce fait, passées largement sous les écrans radar, même des cinéphiles. Pari réussi pour le metteur en scène, déjà au travail pour un prochain long-métrage, dont le sujet reste pour le moment confidentiel. Seule certitude, il s’agira d’une nouvelle coproduction européenne.

Interview réalisée en partenariat avec Cineuropa

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