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Parlement européen : le conservateur Antonio Tajani succède à Martin Schulz

Il aura fallu quatre tours et le ralliement à la dernière minute des Libéraux et du groupe des Conservateurs et Réformistes européens pour que l’Italien Antonio Tajani (notre photo) soit finalement élu président du Parlement européen mardi 17 janvier dans la soirée. Agé de 63 ans, cet ancien commissaire européen proche de Silvio Berlusconi connaît comme sa poche les arcanes du Parlement. Critiqué pour son silence dans l’affaire sur le Dieselgate lorsqu’il était commissaire à l’Industrie, le successeur de Martin Schulz devra trouver sa place au sein d’un hémicycle divisé. Depuis 1977 et l’élection d’Emilio Colombo, aucun Italien n’avait occupé ce poste.

Antonio Tajani, après son élection à la présidence du Parlement européen

Une élection en 4 tours

L’élection d’Antonio Tajani aura été l’occasion d’appliquer à la lettre les modalités d’élection du président du Parlement européen. N’ayant pas obtenu de majorité à l’issue du 3e tour, les deux candidats arrivés en tête, Gianni Pittella et Antonio Tajani, se sont donc opposés lors d’un 4e tour décisif. Avec 351 voix, l’ancien journaliste remporte l’élection, contre 282 pour son rival.

Dates clés

2017 : Elu président du Parlement européen
2014 : Réélu député, devient vice-président du Parlement européen
2010-2014 : Commissaire européen aux Industries et à l’Entreprenariat
2008-2010 : Commissaire européen aux Transports
1999 et 2004 : Réélu député européen
1994 : Lancement du parti Forza Italia. Elu député européen

Mardi 17 janvier, au total ce sont six candidats qui se sont affrontés lors des trois premiers tours : Eleonora Forenza (groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique, Italie), Jean Lambert (groupe des Verts / Alliance libre européenne, Royaume-Uni), Gianni Pittella (groupe de l’Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen - S&D - Italie), Laurenţiu Rebega (groupe Europe des nations et des libertés, Roumanie), Helga Stevens (groupe des Conservateurs et Réformistes européens, Belgique), Antonio Tajani (groupe du Parti populaire européen - PPE - Italie).

Une journée marathon à l’image de son parcours en tant que candidat, car l’élection d’Antonio Tajani était loin d’être gagnée d’avance. Pour mémoire, Martin Schulz avait pour sa part été élu puis réélu dès le 1er tour.

Un jeu d’alliances complexes

Le deal était au départ simple. Au lendemain des élections européennes de mai 2014, il avait été convenu une répartition des rôles entre les deux principales formations politiques : la présidence de la Commission européenne revenant au conservateur luxembourgeois Jean-Claude Juncker et le Parlement restant présidé par le social-démocrate allemand Martin Schulz. A mi-mandat, ce dernier devait laisser sa place à une personnalité du PPE pour répondre au jeu de l’alternance, en vigueur au Parlement européen.

Le candidat S&D Gianni Pittella avait toutefois prévenu qu’il n’accepterait pas un “monopole” du PPE, dont des représentants occupent déjà la présidence des deux autres grandes institutions de l’Union européenne : Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne et Donald Tusk à la tête du Conseil européen.

Au final, ce sont les tractations des derniers jours qui auront permis à l’Italien conservateur de remporter l’élection. Initialement candidat pour l’élection et rival d’Antonio Tajani, le libéral Guy Verhofstadt a retourné sa veste à la dernière minute, créant la surprise et l’indignation de plusieurs députés européens. Après avoir aussi envisagé une alliance avec le parti populiste et eurosceptique italien du Mouvement 5 étoiles, le président du groupe des Libéraux a retiré sa candidature hier matin en annonçant soutenir son ancien adversaire. En fin de journée, c’est le groupe des Conservateurs et Réformistes européens, auquel participent notamment les conservateurs britanniques et le parti ultra-droitier polonais Droit et justice, qui a rejoint la candidature du camp PPE.

.@GuyVerhofstadt : héraut du fédéralisme, maintenant allié des amis de Berlusconi après les Cinq étoiles. Qu’avez-vous fait de votre âme ?

- Pervenche Berès (@PervencheBeres) 17 janvier 2017

L’élection d’Antonio Tajani grâce à ces alliances pose de nombreuses questions. Quelles seront les contreparties ? La présidence du Conseil européen sera-t-elle confiée à un Libéral ? Qu’obtiendra le groupe de Guy Verhofstadt au sein du Parlement ? Et surtout comment le groupe des Socialistes et Démocrates va-t-il se remettre de sa défaite.

Une page se tourne au Parlement européen

Une chose est certaine, le nouveau président du Parlement européen apporte un vrai changement au sein de l’hémicycle. En termes d’idées politiques bien sûr, mais également en tant que personnalité. Si Martin Schulz a transformé le Parlement en une institution soumise à la Commission selon certains députés européens comme Philippe Lamberts (Vert), il aura également permis à son institution d’avoir un visage connu des citoyens.

Antonio Tajani devra trouver sa place au sein du Parlement européen, se défaire de son image d’ancien porte-parole de Silvio Berlusconi et de son silence lors de l’affaire du Dieselgate lorsqu’il était commissaire à l’Industrie. Il devra faire face aux dossiers épineux tels que le Brexit alors que Theresa May a annoncé vouloir quitter le marché unique européen en même temps que l’Union européenne.

Nous n’avons pas besoin d’un président du Parlement européen fort. Nous avons besoin d’un Parlement européen fort” , a-t-il expliqué. “Je suis un homme de consensus, je veux être le président de tous les députés” .

Quoi qu’il en soit c’est bien à Strasbourg que les discussions se poursuivront. Le nouveau président a assuré vouloir maintenir le siège français du Parlement. “En ce qui concerne le siège de Strasbourg, il y a un traité, il y a la Cour de justice qui a dit ce qu’il faut faire, donc il faut respecter les règles. Moi, je respecterai toujours les règles des traités” .

Par Alexandra Lesur

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