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L’Europe salue le cessez-le-feu israélien

Annoncé le 18 janvier au matin de manière unilatérale par le gouvernement israélien, le cessez-le-feu à Gaza a été salué par la présidence tchèque de l’Union européenne et considéré “comme une condition sine qua non à la réussite de sa mission première actuellement, à savoir la résolution de la crise humanitaire dans la Bande de Gaza”. Le chercheur Didier Billion et le député européen Pierre Schapira nous livrent leur analyse du rôle de l’UE dans ce conflit.

La présidence du Conseil a également invité “avec insistance le Hamas à s’associer immédiatement et sans conditions à ce cessez-le-feu” . Le Hamas a annoncé à son tour un cessez-le-feu plus tard dans la journée.

Les Européens accueillis en Egypte et à Jérusalem

Dimanche 18 janvier, plusieurs dirigeants européens ont effectué une tournée au Proche-Orient afin de réfléchir aux moyens de “consolider” le cessez-le-feu dans la région.

Interrogé par Touteleurope, le chercheur Didier Billion, spécialiste du Moyen-Orient à l’IRIS, revient sur le rôle de l’Union européenne à Gaza



Les dirigeants et ministres des Affaires étrangères tchèque, français, allemand, britannique, italien, turc, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, se sont tout d’abord rendus à Charm el-Cheikh, en Egypte, pour un mini-sommet autour du président égyptien Hosni Moubarak, dont le pays tente d’effectuer une médiation entre Israël et le Hamas depuis le début de l’opération “Plomb durci” , le 27 décembre 2008.

Le sommet, au cours duquel les participants ont étudié la mise en oeuvre, sur la base du cessez-le-feu israélien, du plan de paix du 6 janvier (voir encart), a débouché sur la perspective d’une conférence régionale en février sur la question humanitaire et la reconstruction dans la bande de Gaza.

Les dirigeants européens, accompagnés de la commissaire chargée des relations extérieures Benita Ferrero-Waldner et du ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, se sont ensuite rendus à Jérusalem pour un dîner organisé par le premier ministre israélien, Ehoud Olmert.

L’armée israélienne devrait se retirer de Gaza dans les jours à venir, si les tirs de roquettes du Hamas ne reprennent pas.

Le plan de sortie de crise

Trois jours après le début de l’offensive israélienne “Plomb durci” à Gaza, les ministres des affaires étrangères des 27 se sont réunis le 30 décembre 2008 en Conseil. Malgré leurs “difficultés pour trouver une position unifiée” , comme le rappelle Didier Billion, les Etats membres proposent un plan de “sortie de crise” en trois points.

cessez-le-feu immédiat et permanent (arrêt des tirs de roquettes du Hamas sur Israël sans condition, arrêt de l’action militaire israélienne) ;

action humanitaire immédiate (aide alimentaire, aide médicale urgente et carburant acheminés vers la bande de Gaza, évacuation des blessés et accès sans obstacles des travailleurs humanitaires rendus possibles par l’ouverture des points de passage…) ;

intensification du processus de paix, comme demandé par la résolution 1850 du Conseil de sécurité (la solution au conflit israélo-palestinien doit se fonder sur le processus défini à Annapolis et sur l’établissement d’un État palestinien viable existant aux côtés d’Israël dans la paix et la sécurité, réconciliation inter-palestinienne derrière le Président Mahmoud Abbas, soutien des efforts de médiation de l’Egypte et de la Ligue arabe en ce sens…).

Ce tryptique a constitué la ligne officielle de l’UE tout au long de l’offensive. Mais alors qu’est investi le nouveau président des Etats-Unis, dont la politique conditionne en grande partie le processus de paix israélo - palestinien, l’Europe semble préoccupée en particulier par les actions humanitaires dans la région. Comme le résume le député européen Pierre Schapira, “sur le terrain, l’UE est présente via son aide financière. Mais politiquement, l’UE reste un nain et c’est dommage” .

L’UE, entre accords d’associations, aide humanitaire et plans de paix

L’Union européenne entretient des relations tant avec Israël qu’avec l’Autorité palestinienne. Cependant, l’UE a inscrit le Hamas sur la liste des organisations terroristes, comme le rappellent M. Schapira et M. Billion. L’UE et Israël sont notamment liés par un accord d’association, un facteur important de l’ “impartialité” européenne dans le conflit israélo-palestinien, selon M. Billion.

Du côté palestinien, la Commission européenne apporte un soutien financier important aux institutions palestiniennes (en particulier via le programme PEGASE). En 2008, 566 millions d’euros ont ainsi été versés en aide financière directe. Depuis 2006, ce sont plus de 306 millions d’euros qui ont été dédiés à l’aide humanitaire aux Palestiniens.

Le commissaire au développement, Louis Michel, a ainsi exprimé à plusieurs reprises son mécontentement sur les destructions infligées aux infrastructures financées par l’UE dans la bande de Gaza, ainsi que sur le non respect du droit international humanitaire par Israël comme par le Hamas. Une déclaration jugée “courageuse” par le chercheur Didier Billion, mais peu suivie. Le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering a également condamné le caractère disproportionné de l’offensive israélienne.

Interrogé par Touteleurope.fr , le député européen Pierre Schapira, membre de la délégation pour les relations avec Israël, nous décrit l’action européenne dans le conflit israélo-palestinien :



Comme l’a déclaré le premier ministre tchèque hier dans un communiqué, il est “absolument vital que l’aide humanitaire nécessaire, et notamment des denrées alimentaires, du carburant et l’aide médicale, parvienne sans délai ni obstacles à Gaza et soit distribuée à sa population. La présidence invite Israël à ouvrir immédiatement et complètement ses points de passage aux frontières avec Gaza pour contribuer à apaiser la souffrance des habitants de Gaza” .

Par ailleurs, les pays d’Europe insistent sur la nécessaire application des plans existants, dont l’objectif est de parvenir à une paix globale : la résolution n° 1860 du Conseil de sécurité de l’ONU, le plan franco-égyptien du 6 janvier, et bien entendu le processus de paix tel que défini lors de la conférence d’Annapolis de novembre 2007. 

Enfin, c’est à Bruxelles que devraient avoir lieu les deux prochains sommets, les 21 et 25 janvier, où les 27 rencontreront les dirigeants israéliens d’une part, égyptiens, jordaniens, turcs et de l’Autorité palestinienne d’autre part.

Chronologie de l’opération “Plomb durci”

  • 18/01/09 : Israël puis le Hamas déclarent unilatéralement un cessez-le-feu. Six dirigeants européens participent au sommet égyptien de Charm el-Cheikh.

  • 15/01/09 : La Commission décide de geler le “réhaussement” de l’accord d’association avec Israël prévu par le Conseil des 16 et 17 décembre.

  • 11/01/09 : Une délégation de 9 parlementaires européens se rend dans la bande de Gaza.

  • 4-6/01/09 : la troïka européenne (ministres tchèque, français et suédois des Affaires étrangères) effectue une tournée au Proche-Orient. En marge des négociations, les présidents français et égyptiens concluent un plan de sortie de crise.

  • 3/01/09 : le premier ministre tchèque Mirek Topolanek évoque l’action “plutôt défensive qu’offensive” d’Israël.

  • 30/12/08 : le Conseil de l’UE appelle à un cessez-le-feu, à une action humanitaire et à l’intensification du processus de paix. Le lendemain les propositions de trêve de l’UE sont rejetées par Israël

  • 27/12/08 : Israël lance une offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza. L’UE condamne cette opération et appelle au cessez-le-feu.

Références :

MM. Topolánek et Schwarzenberg ont participé au sommet de Charm el-Cheikh - Présidence tchèque de l’Union européenne
Déclaration de la présidence sur la proclamation par Israël du cessez-le-feu à Gaza - Présidence tchèque de l’Union européenne
Négociations intenses au Proche-Orient pour la mission de la présidence tchèque - Présidence tchèque de l’Union européenne
La présidence tchèque de l’UE à la tête d’une
délégation au Proche-Orient
- Présidence tchèque de l’Union européenne
Déclaration de l’Union européenne sur la situation au Proche Orient - Conseil de l’Union européenne
Louis Michel “choqué et atterré” par le bombardement israélien du quartier général de l’ONU à Gaza - Commission européenne
La présidence convoque deux rencontres sur la situation au Proche-Orient - Présidence tchèque de l’Union européenne

En savoir plus :

Revue de presse du 19 janvier 2009 : “Gaza, l’Europe s’implique dans le processus de paix” - Touteleurope

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