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Les dépenses de santé dans les pays de l’Union européenne

Les dépenses de santé varient très fortement d’un Etat membre de l’Union européenne à l’autre. Quels sont les pays qui consacrent le plus d’argent en produits et services de soins ?

Les dépenses courantes de santé en Allemagne ont dépassé 360 milliards d’euros en 2017, soit la valeur la plus élevée des États membres de l’Union européenne. La France a, quant à elle, enregistré le deuxième niveau le plus élevé de dépenses courantes de santé (260 milliards d’euros).

Cette année-là, en comparaison du PIB, la France est le pays qui a le plus dépensé dans sa santé (11,3%). Viennent ensuite l’Allemagne (11,25%), la Suède (11%), l’Autriche (10,4%) la Belgique (10,3%), le Danemark et les Pays-Bas (10,1%).

A l’inverse, les dépenses de santé ont fluctué entre 6 et 7% dans les pays baltes et n’ont atteint que 5,2% du PIB en Roumanie, où la richesse par habitant est l’une des plus faibles d’Europe. Les dépenses courantes de santé atteignent seulement 9,7 milliards d’euros, soit 494 euros par habitant.

D’autres indicateurs permettent de rendre compte de l’investissement des Etats dans leurs systèmes de santé. Présenter les dépenses publiques de santé dans l’UE en euro par habitant permet de réaliser de nouvelles comparaisons.

Dans les pays de l’Est, hormis la Slovénie, les dépenses de santé par habitant oscillent ainsi entre 500 euros et 1 300 euros par an (République tchèque). Alors qu’elles atteignent plus de 5 000 euros par tête au Luxembourg, en Suède et au Danemark. En Allemagne, en 2017, elles ont représenté 4 459 euros par habitant, et en France 3 883 euros.

Après correction de ces statistiques en fonction de la situation socio-économique des pays et du prix des produits, les dépenses de santé, exprimées en standards de pouvoir d’achat par habitant, varient d’environ 1 à 4 entre les Etats membres. Un chiffre éloquent, qui permet d’avoir une idée de l’argent public investi dans la santé des citoyens d’un Etat. il convient néanmoins de le contextualiser avec d’autres données, comme le vieillissement de la population, qui peut expliquer une augmentation des dépenses dans un pays par rapport à un autre, dont la population serait plus jeune.

 

Des disparités de répartition entre dépenses privées et publiques selon les pays

Ces écarts au niveau européen s’expliquent également par une prise en charge différente des dépenses de santé entre le secteur public et le secteur privé selon les pays.

Certains pays comme la Suède, la Finlande ou le Danemark ont un système de santé financé en majorité par l’Etat. En Suède et au Danemark les dépenses publiques représentent ainsi 84% des dépenses totales, au-dessus de la moyenne européenne de 79%, même si le nombre de personnes ayant recours à des assurances privées progresse. En Finlande, les dépenses publiques représentent 75% des dépenses totales de santé. L’assurance privée joue un rôle mineur dans le financement de la santé, et ne représente que 2% du total des dépenses de santé, le reste étant directement à charge des patients.

Si des pays comme l’Italie ou l’Espagne ont également un système de santé majoritairement financé par l’Etat (74% des dépenses totales de santé en 2017 en Italie et 71% en Espagne), la part du financement public est en baisse depuis la crise économique de 2009. Bien qu’elle ait recommencé à augmenter ces dernières années, elle reste inférieure à son niveau d’avant crise. En Grèce également, la crise économique a fait diminuer drastiquement l’investissement public qui représente désormais 61% des dépenses totales de santé. Par conséquent, les dépenses privées restent très élevées avec plus d’un tiers des dépenses de santé à la charge des ménages.

D’autres Etats membres ont un système de santé qui fait davantage appel aux assurances privées. En Irlande, la part de financement de l’assurance maladie privée est trois fois plus élevée que la moyenne de l’UE. En France, le système de santé repose sur un système d’assurance maladie, où l’État joue traditionnellement un rôle de premier plan. Les régimes d’assurance publics finançaient 78% de l’ensemble des dépenses de santé en France en 2017. L’assurance privée volontaire joue un rôle important et représente environ 7% du total des dépenses de santé (contre moins de 4% dans le reste de l’UE). En Allemagne<, l’assurance maladie est également obligatoire et se répartit entre assurance publique et assurance privée en fonction de la catégorie professionnelle. 84% de la population est ainsi couverte par le système d’assurance public et 11% de la population par l’une des 41 compagnies d’assurance maladie privées.

Plusieurs pays d’Europe centrale et orientale ont à l’inverse un système de santé financé en majorité par le secteur privé. En Slovénie, la part des dépenses publiques augmente progressivement mais les dépenses privées restent très élevées. Environ 95% de la population souscrit à une assurance maladie complémentaire non-obligatoire. En Roumanie, la part des dépenses directes reste importante (environ 20 %), car même si l’Etat finance 79% des dépenses totales de santé, ces dépenses sont insuffisantes pour couvrir l’ensemble de la population. En Bulgarie, le système de santé dépend autant des dépenses privées et des sources publiques. La part du financement public (52 % en 2017) est en baisse.

En cas de crise économique, la santé au rabais ?

Alors que les dépenses courantes de santé ont généralement stagné (Espagne, Portugal) ou cru sur le Vieux continent ces dernières années, une courbe inverse est notable en Grèce. Le pays, qui a dû mettre en oeuvre un important programme d’austérité, offre un malheureux exemple de la diminution drastique des dépenses de santé : en 2009, la consommation de biens et services de santé y représentait plus de 22 milliards d’euros (2 025 euros par habitant), tandis qu’en 2016, les dépenses s’étaient contractées à 14,7 milliards d’euros (1 367 euros par habitant).

Définition
Les dépenses de santé quantifient les ressources économiques allouées aux soins de santé (par les ménages et les autres systèmes de financement des soins), à l’exception des dépenses en capital.
Elles concernent principalement les biens et services de santé (médicaments, soins curatifs, préventifs, longue durée, de rééducation, etc.) consommés par les habitants du pays (y compris à l’étranger).

Les Etats membres inégalement armés face au Covid-19

Apparu en janvier 2020 sur le sol européen, le coronavirus s’est rapidement propagé sur le continent. Au point que le 13 mars, l’Europe est devenue pour l’OMS “l’épicentre” de la pandémie de Covid-19. Cette crise sanitaire d’ampleur révèle les disparités entre les Etats membres, plus ou moins bien dotés pour faire face à l’hospitalisation de masse de ses citoyens touchés.

En la matière, le meilleur indicateur pour distinguer les pays les mieux préparés des moins équipés est le nombre de lits dits “de soins aigus” disponibles dans les hôpitaux pour 1 000 habitants. Les lits de “soins aigus” ne correspondent pas aux seuls lits disponibles dans les services de réanimation, mais bien à l’ensemble des lits à disposition des patients. En effet, le coronavirus s’attaque au système respiratoire de l’être humain et peut être à l’origine de graves dysfonctionnements pulmonaires. Le traitement peut alors nécessiter un long séjour hospitalier sous assistance respiratoire, qui met sous tension les systèmes de santé nationaux.

 

Sous ce prisme et selon les données de l’OCDE de 2018, certains pays dont les dépenses publiques par habitant ne sont pas très élevées se retrouvent parmi les plus performants de l’Union européenne. La Lituanie affiche ainsi un ratio de 5,47 lits pour 1 000 habitants, un indice largement supérieur à celui de la France (3,09). L’Allemagne est le pays le mieux doté avec 6,02 lits pour 1 000 habitants, tandis que la Suède est le pays le moins bien équipé en la matière (2,02 lits). Deux autres pays nordiques, la Finlande et le Danemark, affichent eux aussi un faible nombre de lits pour 1 000 habitants (respectivement 2,8 et 2,42).

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