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Festival de Cannes : 16 des 21 films sélectionnés ont reçu des fonds de pays européens

Pedro Almodovar, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Bruno Dumont, Ken Loach, Cristian Mungiu, Nicolas Winding Refn… les représentants européens au Festival de Cannes 2016 seront, cette année encore, très nombreux. 16 des 21 films en compétition pour la mondialement connue Palme d’or ont même reçu des financements d’au moins un Etat membre - 11 pour la France seule. Et 9 sur 21 ont été soutenus par le programme MEDIA de l’Union européenne. Alors, qui pour succéder à Jacques Audiard et Dheepan ? Toute l’Europe vous propose un tour d’horizon des candidats européens.

Affiche du Festival de Cannes 2016

Quatre anciens vainqueurs en compétition

Honneur aux recordmen : les frères Dardenne sont en lice pour une troisième Palme d’or après Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005. Ils présentent cette année Une fille inconnue, suivant l’histoire d’une jeune médecin, interprétée par la très talentueuse Adèle Haenel, qui regrette de ne pas être venue en aide à une jeune fille anonyme retrouvée morte peu après.

Face à eux, les frères Dardenne auront notamment deux autres anciens récipiendaires de la Palme d’or. Le Britannique Ken Loach d’abord, vainqueur en 2006 pour Le Vent se lève, en compétition cette année avec Moi, Daniel Blake. Une histoire a priori parfaitement conforme à sa filmographie puisqu’elle dépeint la croisade d’un charpentier de 59 ans pour obtenir une pension de l’Etat après s’être blessé accidentellement.

Et le Roumain Cristian Mungiu ensuite, consacré en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, qui suivait une journée dans la vie d’une jeune fille désireuse d’avorter dans le contexte des dernières années de Ceausescu. Cette année, avec Baccalauréat, Cristian Mungiu proposera au jury et aux spectateurs l’histoire d’un père qui met tout en place pour que sa fille, brillante, puisse intégrer une université britannique : elle n’a que son baccalauréat à valider, mais elle se fait agresser juste avant.

Jean-Pierre Dardenne, Thomas Doret, Cécile de France et Luc Dardenne, en 2011

De gauche à droite : Jean-Pierre Dardenne, Thomas Doret, Cécile de France et Luc Dardenne, lors de la présentation du Gamin au vélo à Cannes en 2011

Almodovar et Winding Refn vers leur première Palme ?

Naturellement, en 2016 encore, Cannes fait la part belle à d’autres habitués du Palais des festivals, bien connus du public français, mais qui n’ont pas encore obtenu la Palme. On retrouvera par exemple Pedro Almodovar, vainqueur du Prix de la mise en scène en 1999 pour Tout sur ma mère, avec un nouveau film où les femmes seront les têtes d’affiche : Julieta. Il adapte ici la prix Nobel de littérature canadienne Alice Munro avec l’histoire d’une mère qui est coupée de sa fille depuis 12 ans.

L’acteur français Jean-Pierre Léaud, qui a notamment incarné Antoine Doinel pour François Truffaut, recevra une Palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

Des hommages à Raymond Depardon, Claude Lelouch, ou encore Ettore Scola, décédé en janvier sont également programmés pendant la quinzaine.

En compétition également, Nicolas Winding Refn, qui avait marqué les esprits en 2011 avec Drive. Cette année encore, le réalisateur danois a tourné un film à forte consonance américaine avec The Neon Demon, suivant l’histoire d’une jeune femme se rendant à Los Angeles pour devenir mannequin et devant faire face à la jalousie de femmes qui feront tout pour lui voler sa beauté.

Six films francophones

Quatre Français tenteront aussi de remporter la 8e Palme d’or du pays. Olivier Assayas, avec Personal Shopper, film pour lequel il retrouve son actrice de Sils Maria, Kirsten Stewart, sélectionné à Cannes en 2014. Bruno Dumont, avec Ma Loute, film au casting sémillant composé de Fabrice Luchini, Juliette Binoche et Valeria Bruni-Tedeschi. Nicole Garcia, réalisatrice de L’Adversaire en 2002, avec Mal de pierres, adaptation de l’écrivaine italienne Milena Agus avec Marion Cotillard. Et Alain Guiraudie, avec Rester vertical : il avait défrayé la chronique avec L’Inconnu du lac en 2013.

Photo de Ma Loute de Bruno Dumont

Photo tirée de Ma Loute, de Bruno Dumont, avec, de gauche à droite, Juliette Binoche, Valeria Bruni-Tedeschi et Fabrice Luchini

Pêle-mêle, les autres films européens sélectionnés en compétition sont allemand (Toni Erdmann de Maren Ade), britannique (American Honey d’Andrea Arnold), roumain (Sieranevada de Cristi Puiu), et néerlandais (bien qu’il s’agisse d’une coproduction franco-germano-belge sans fonds venant des Pays-Bas : Elle de Paul Verhoeven, réalisateur de Basic Instinct en 1992) avec Isabelle Huppert.

Enfin, les pays européens n’hésitent pas non plus à exporter leurs ressources financières hors du continent pour soutenir des auteurs étrangers. C’est ce dont a bénéficié le Canadien Xavier Dolan qui, après Mommy en 2014, présente cette année Juste la fin du monde, avec Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux et Nathalie Baye. Il en va de même pour l’Américain Jeff Nichols, en compétition en 2013 pour Mud et actuellement à l’affiche avec Midnight Special : il est sélectionné pour Loving, dépeignant le mariage d’une noire et d’un blanc dans l’Amérique de la fin des années 50. Et c’est aussi le cas de l’Iranien Asghar Farhadi, intégré de dernière minute aux prétendants de la Palme qui, après La Séparation en 2011 et Le Passé en 2013, sort Le Client, racontant l’histoire d’un couple de comédiens qui se délite lors d’une adaptation de Mort d’un commis voyageur.

Parmi ces 16 films européens ou partiellement européens, 9 d’entre eux ont pu bénéficier du soutien du programme MEDIA de la Commission européenne : Toni Erdmann, Julieta, La Fille inconnue, Ma Loute, Rester vertical, Mal de pierres, Moi, Daniel Blake, Baccalauréat et Sieranevada. Dans les autres sélections du Festival, 13 autres longs-métrages financés par MEDIA sont également appelés à figurer. Que ce soit pour l’aide au développement, à la distribution ou encore à la coproduction, la contribution totale de l’UE pour ces 22 films s’élève à 2,1 millions d’euros.

En parallèle de la compétition officielle, des films attendus seront également projetés comme les documentaires Voyage à travers le cinéma français, de Bertrand Tavernier ; ou encore Wrong Elements de Jonathan Littell, lauréat du Prix Goncourt en 2006 pour le roman Les Bienveillantes.

6 Européens dans le Jury

Au sein du jury figureront par ailleurs six ressortissants européens : le Français Arnaud Despleschin, récipiendaire du César du meilleur réalisateur cette année pour Trois souvenirs de ma jeunesse ; l’Américano-allemande Kirsten Dunst, qui a reçu le Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2011 pour Melancholia ; l’Italienne Valeria Golino, réalisatrice de Miele en 2013 ; le Danois Mads Mikkelsen, Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2012 pour La Chasse ; le Hongrois Laszlo Nemes, vainqueur du Grand Prix à Cannes l’an dernier et de l’Oscar du meilleur film étranger cette année pour Le Fils de Saul ; et la Française Vanessa Paradis, surtout connue au cinéma pour son rôle dans Elisa (1995).

Ils officieront sous la présidence du réalisateur australien George Miller, auteur de la saga Mad Max, et aux côtés de la productrice iranienne Katayoun Shahabi et de l’acteur canadien Donald Sutherland, connu entre autres pour ses participations dans M.A.S.H de Robert Altman, Palme d’or 1970 ou encore dans Des gens comme les autres de Robert Redford, Oscar du meilleur film 1980.

Mads Mikkelsen dans Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières

Mads Mikkelsen, dans Michael Kohlhaas, réalisé par Arnaud des Pallières, en compétition à Cannes en 2013

Quelle place pour les femmes ?

Davantage présentes au sein des différents jurys qu’à la mise en scène des films retenus, les femmes devraient enfin être de nouveau un sujet de controverse lors du Festival de Cannes. De fait, seuls 3 des 21 films en compétition officielle ont été dirigés par des femmes : Toni Erdmann, par Maren Ade, Mal de pierres, par Nicole Garcia et American Honey par Andrea Arnold. Dans les autres sélections, même constat : la parité n’est pas de mise, confirmant donc largement la prééminence des hommes dans cette fonction de metteur en scène.

Compensation ou non, on retrouvera en revanche de très nombreuses femmes au sein des jurys. Hormis la sélection officielle, les quatre autres catégories prestigieuses du Festival de Cannes seront toutes présidées par des femmes : la Cinéfondation par la réalisatrice japonaise Naomi Kawase, dont le film Les Délices de Tokyo a rencontré un beau succès cette année en France ; Un certain regard par l’actrice suisse Marthe Keller, connue notamment pour sa participation dans Marathon Man en 1976 ; la Caméra d’or par la réalisatrice française Catherine Corsini, auteure de La Belle saison, sorti l’an dernier ; et la Quinzaine des réalisateur par la Française Valérie Donzelli, réalisatrice de La Guerre est déclarée en 2011.

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