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Elections européennes 2019 : quels candidats ? quelles stratégies ?

Le 26 mai 2019, les élections européennes ont lieu en France (le 25 mai dans une partie de l’outre-mer). 34 listes sont en compétition, un nombre record pour ce scrutin. Qui sont les principaux candidats ? Quelle est leur stratégie ?

Élections européennes 2019 : quels candidats ? quelles stratégies ?
De gauche à droite et de haut en bas : Nathalie Loiseau (LaREM), Raphaël Glucksmann (PS/Place Publique), Agnès Evren (LR), Hélène Laporte (RN), Jordan Bardella (RN), Jean Lassalle (Résistons !), Pascal Canfin (LaREM), Jean-Christophe Lagarde (UDI), François-Xavier Bellamy (LR), Manon Aubry (LFI), Manuel Bompard (LFI), Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Sylvie Guillaume (PS/Place Publique), Yannick Jadot (EELV), Benoît Hamon (Génération.s), Ian Brossat (PCF), Florian Philippot (Les Patriotes), François Asselineau (UPR), Michèle Rivasi (EELV), Nathalie Arthaud (LO).

Changement majeur par rapport aux élections européennes de 2014 : il n’y a plus de listes différentes en fonction des régions. Désormais, partout en France, ce sont des listes nationales qui s’affrontent, composées chacune de 79 candidats.

(Seuls les partis crédités d’au moins 3 % des intentions de vote sont ici présentés, selon leur position dans un sondage Ifop daté du 24 mai. Pour consulter les autres listes (34 au total), voir le site du ministère de l’Intérieur).

Les têtes de liste :

Rassemblement national (RN)

Jordan Bardella - crédits : Wikipédia

Grand vainqueur des dernières élections européennes de 2014, où il avait récolté 24 % des voix, le Rassemblement national (RN, ex Front national) - totalise 25,5 % des intentions de vote au 24 mai.

Actuellement détenteur de 16 sièges au Parlement européen (sur les 74 sièges attribués à la France en 2014) à la suite de 8 défections en cours de mandat, le parti a lancé sa campagne pour les européennes le 16 septembre 2018 à Fréjus en mettant l’immigration au cœur de son discours.

Marine Le Pen ne figure pas en position éligible sur la liste RN intitulée “Prenez le pouvoir” . Mais elle n’en porte pas moins la campagne. En parallèle d’une tournée des villages de France, lancée au début de l’année 2019, elle a assumé sa proximité avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban aussi bien qu’avec la Ligue de Matteo Salvini, pour s’inscrire dans le clivage “nationalistes” contre “progressistes” instauré par Emmanuel Macron. Le parti cherche à s’allier aux autres partis européens d’extrême droite ou de droite radicale dans le but de former une alliance transnationale. Ses membres se définissent comme “euro-combatifs” et revendiquent une “Europe des nations” .

Alors que les noms de Nicolas Bay (eurodéputé sortant), Gilbert Collard et Louis Aliot (élus à l’Assemblée nationale) revenaient fréquemment, Marine Le Pen a finalement choisi Jordan Bardella (voir photo), pour mener sa liste. Adhérent au RN depuis ses 16 ans, le candidat de 23 ans en est aujourd’hui le porte-parole, en plus d’être conseiller régional d’Île-de-France. D’origine italienne, il coche la case “européenne” recherchée par Marine Le Pen.

Les douze premiers candidats de la liste RN ont été dévoilés le 13 janvier. Y figurent aussi la conseillère régionale Hélène Laporte, l’ancien député transfuge du LR Thierry Mariani, la députée européenne Dominique Bilde et l’essayiste Hervé Juvin, un temps pressenti pour être tête de liste. Nicolas Bay, lui, est à la 7e place.

Le 15 avril, lors d’un meeting à Strasbourg, le RN a présenté son programme pour l’UE intitulé “Pour une Europe des nations et des peuples” , où l’immigration occupe une bonne place. Le parti d’extrême droite propose de “rétablir le contrôle aux frontières nationales” , mais également “d’en finir avec la concurrence déloyale organisée par Bruxelles” en abrogeant notamment la directive sur le travail détaché. Et il verdit considérablement son discours en voulant faire de l’Europe des Nations la “première civilisation écologique du monde” . Concernant les institutions, le RN propose de supprimer la Commission européenne pour “redonner le pouvoir aux peuples” . Plus question donc de sortir de l’UE ou de la zone euro mais le RN veut promouvoir une “Alliance européenne des nations” et “sauver l’Europe de l’UE” .

Le 25 avril, la composition de la liste du RN est complétée officiellement. L’avocat Gilbert Collard, actuellement député, figure en position éligible. Tandis que Marine Le Pen figure en avant-dernière position.

Visé par des affaires juridiques et financières, le RN est demeuré relativement silencieux en 2018. Jordan Bardella lui-même est soupçonné d’usage irrégulier de l’indemnité d’assistant parlementaire lorsqu’il travaillait pour l’eurodéputé RN Jean-François Jalkh, du 16 février au 30 juin 2015. “A un mois des élections, on essaie de salir ma candidature” , avait réagi, fin avril, le protégé de Marine Le Pen.

La Cour de justice de l’Union européenne a tranché un autre cas le 21 mai, à quelques jours du scrutin : Marine le Pen est condamnée à rembourser près de 300 000 euros pour l’emploi d’une assistante parlementaire dont le travail au Parlement européen n’a pu être démontré. En réponse, la présidente du RN a annoncé vouloir saisir la Cour européenne des droits de l’Homme. Elle affirme en effet que ses droits ont été violés et ne pas avoir eu droit à un jugement impartial. Quatre autres membres du partis sont également visés par des affaires similaires.

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La République en Marche (LaRem)

Nathalie Loiseau - Crédits ministère polonais des Affaires étrangèresSelon un sondage Ifop daté du 24 mai, la République en Marche (LaREM), rejointe par le Modem, le parti Agir du ministre de la Culture Franck Riester, et le Mouvement radical présidé par le maire de Nancy Laurent Hénart, se placerait en deuxième position après le Rassemblement national (RN) avec 23 % des voix.

Le 26 mars, c’est Nathalie Loiseau, jusque-là ministre des Affaires européennes, qui a fini par prendre la tête de cette liste intitulée “Renaissance” .

Plusieurs écologistes y figurent en position éligible, comme l’ancien ministre de François Hollande et ancien président du WWF Pascal Canfin (2e) et l’eurodéputé sortant Pascal Durand (18e). L’ex-journaliste et navigatrice Catherine Chabaud, issue du MoDem, est quant à elle en 5e position. Des ralliements qui n’ont pas manqué de susciter la critique chez Europe Ecologie - Les Verts (EELV). Mais que Pascal Canfin a justifié par “une convergence très forte sur le fond”.

Le thème de “l’Europe qui protège” , déjà au cœur de ses précédents discours européens, est au centre du programme de LaREM présenté le 8 mai et composé de 79 propositions. Plusieurs sont centrées sur la transition écologique, comme celui d’une banque européenne pour le climat. “Nous voulons concentrer les moyens de l’UE sur l’urgence climatique et environnementale” , avait notamment déclaré Nathalie Loiseau.

Sur le plan fiscal et social, les marcheurs souhaitent instaurer une taxation européenne des grandes entreprises de l’économie numérique (les GAFA) et faire en sorte que ces dernières soient “taxées là où elles réalisent leurs profits” . La création d’un SMIC européen fait également partie de ses mesures, tandis que le projet de création d’une armée européenne est remis sur la table.

La tête de liste de LaREM a également dévoilé deux autres points de son programme le 26 mars : une “révision” du droit de la concurrencepour faire émerger des champions européens” … “mais aussi les réguler” . Et une “vraie politique européenne de l’asile” , accompagnée d’un “renforcement des contrôles aux frontières extérieures” .

La liste LaREM se targue également d’être ouverte à la société civile. Marie-Pierre Vedrenne, directrice de la Maison de l’Europe de Rennes, Jérémy Decerle, exploitant agricole ex-président des Jeunes agriculteurs (proche de la FNSEA), Bernard Guetta, chroniqueur spécialiste de géopolitique, ou encore Stéphane Bijoux, ex-directeur des rédactions des télés Outre-mer chez France télévisions, y occupent ainsi les 3e, 4e, 8e et 10e places.

Sans alliance historique à l’échelle européenne, LaREM cherche à “faire éclater les deux principales formations” présentes au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates (S&D), afin de constituer un large bloc central. “Viendront avec nous tous ceux qui ont envie de cette offre progressiste, renouvelée, centrale” , a déclaré Nathalie Loiseau le 26 mars. “Il y en a beaucoup aujourd’hui qui sont dans l’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe). Mais il n’y a pas qu’eux.” A la suite d’une main tendue de Guy Verhofstadt, le président de ce groupe libéral au Parlement européen, LaREM avait déjà fait savoir début novembre 2018 qu’elle pourrait le rallier dans l’optique de créer un groupe plus large au sein du Parlement européen.

Pour mener à bien les ambitions de LaREM, Emmanuel Macron veut renforcer le clivage entre ceux qu’il qualifie de “progressistes” , qu’il veut rassembler autour de sa ligne pro-européenne, et les “nationalistes” notamment incarnés par le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, et par Marine Le Pen en France.

Soucieux de remobiliser les Marcheurs, devancés par le RN dans les derniers sondages, le chef de l’Etat a officiellement fait son entrée en campagne à la fin du mois de mai. Il est notamment apparu sur une nouvelle affiche imprimée en 60 000 exemplaires.

Le 5 mars 2019, Emmanuel Macron avait néanmoins déjà publié une tribune appelant à une “renaissance européenne” , sur laquelle s’appuie le programme de LaREM.

Quant à Nathalie Loiseau, elle a déclaré refuser tout débat télévisé avec un candidat autre que Jordan Bardella, qu’elle considère comme son seul vrai rival. Sa campagne a ainsi été contrariée lorsque Médiapart a révélé qu’elle avait participé, lorsqu’elle était étudiante à Sciences Po en 1984, à une liste de l’Union des étudiants de droite (UED). Mme Loiseau a alors affirmé ne pas avoir participé aux activités de ce syndicat étudiant d’extrême droite.

Les Républicains (LR)

FX Bellamy

Après avoir gravité plusieurs mois autour de 10 %, le sondage Ifop du 24 mai évalue les intentions de vote en faveur des Républicains à 13,5 %. Elus sous l’ancienne appellation de l’UMP, Les Républicains comptent actuellement 16 députés au Parlement européen, contre 20 en 2014 en raison de 4 défections.

C’est le philosophe et adjoint au maire de Versailles François-Xavier Bellamy (photo ci-contre) qui a été choisi, sur proposition du président du parti Laurent Wauquiez, pour prendre la tête de la liste LR. En amont de sa nomination, M. Bellamy, réputé proche de la Manif pour tous, avait déclaré que son ambition était “d’apporter un vrai renouvellement” . Sa candidature n’était toutefois pas défendue par les plus centristes, à l’instar du président du Sénat Gérard Larcher qui a estimé qu’il n’était pas la personne idoine pour “incarner l’équilibre, l’épicentre du mouvement” .

Pour éviter la dispersion des troupes, Laurent Wauquiez a défendu en parallèle la nomination de deux personnalités plus consensuelles à la deuxième et la troisième places de la liste LR “Union de la droite et du centre” : Agnès Evren, vice-présidente de l’Ile-de-France, candidate putative à la mairie de Paris et proche de Valérie Pécresse. Et l’eurodéputé sortant Arnaud Danjean : ancien soutien d’Alain Juppé, spécialiste des questions de sécurité et de défense.

Laurent Wauquiez est en effet le chef d’une droite divisée sur son orientation européenne. Entre ce qu’il reste de l’alliance centriste résolument pro-européenne et ses propres positions eurocritiques, le parti avait pour difficile tâche de définir une ligne à la fois claire et à même de rassembler. L’eurodéputée LR Françoise Grossetête qui ne se représente pas, a déclaré pour sa part soutenir la liste de Nathalie Loiseau afin d’éviter “à tout prix […] à la France une nouvelle victoire du Rassemblement national aux élections européennes” .

Le 6 mars, les 23 candidats suivants ont été officialisés, puis en avril, la totalité de la liste a été dévoilée. A la suite du trio de tête, la liste LR dont le slogan est “Réformer l’Europe, rétablir la France” , sera emmenée par les eurodéputés sortants et anciens ministres Nadine Morano et Brice Hortefeux. Viennent ensuite, mais pas toujours en position éligible, les autres eurodéputés sortants (Geoffroy Didier, Anne Sander, Franck Proust, Alain Cadec et Angélique Delahaye), ou encore le sarkozyste Frédéric Péchenard, ancien directeur général de la police nationale.

Pour permettre au parti de se positionner entre le centre macroniste et l’extrême droite lepéniste, le programme dévoilé le 16 mars met l’accent sur des thèmes sécuritaires comme l’immigration et le protectionnisme. Intitulé “Pour la France : transformer l’Europe”, celui-ci propose, entre autres, de réduire le poids de la Commission, de “transformer radicalement la politique européenne de concurrence” ou encore de “pérenniser le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures” tant que les frontières extérieures ne sont pas efficaces. LR souhaite aussi inscrire les “racines judéo-chrétiennes de l’Europe, ainsi que l’héritage gréco-romain et celui des Lumières” dans les traités européens et dans “une nouvelle charte européenne des valeurs et des devoirs” à laquelle devrait adhérer tout étranger souhaitant le renouvellement de son titre de séjour.

Europe Ecologie-Les Verts (EELV)

Yannick Jadot

Europe Ecologie-Les Verts (EELV) recueille 8 % des intentions de vote le 24 mai. Le parti écologiste compte actuellement 6 eurodéputés, dont José Bové et Eva Joly qui ne se représentent pas. Par ailleurs, le sortant Pascal Durand figure à présent sur la liste de LaREM.

Le député européen Yannick Jadot (voir photo) sera la tête de liste du parti pour les élections, suite à son élection par les adhérents d’EELV (59 % des voix) contre Michèle Rivasi (35 %), qui prend donc la seconde place. Damien Carême, maire de Grande-Synthe, une commune du Nord qui accueille de nombreux réfugiés, a été désigné candidat en troisième position.

Proposant une alternative à l’Europe d’Emmanuel Macron, le parti ouvre les bras à “tous les acteurs et actrices de l’écologie” , y compris aux personnalités de la société civile, afin de “refonder une Europe écologiste, solidaire et fédérale” . Alors qu’EELV compte mettre en avant le bilan de ses eurodéputés depuis 2014, l’enjeu pour Yannick Jadot est de convaincre que “l’échelle européenne est la bonne, pas parce que l’Europe est bonne par principe ou par nature, mais parce que c’est l’échelle pertinente pour régler nos problèmes” , résume un élu EELV proche du candidat.

Yannick Jadot a très vite refusé de renouveler l’expérience de la présidentielle en s’associant avec Benoît Hamon ou avec le PS, après la main tendue de Ségolène Royal. Sans regrets, EELV a donc lancé seul sa campagne depuis la ville de Grande-Synthe, en faisant le pari de se démarquer du clivage gauche-droite, revendiquant un programme d’écologie politique entre l’écosocialisme de La France insoumise (groupe GUE/NGL) et la social-démocratie (groupe S&D).

C’est le 23 mars que Yannick Jadot dévoile, dans le JDD, le programme du parti pour les Européennes. Celui-ci prône notamment un “Green New Deal” de 100 milliards d’euros pour les énergies renouvelables et l’isolation des logements. EELV propose également un traité environnemental afin que “toutes les politiques européennes, y compris économiques, se soumettent à cette priorité absolue : la lutte contre le réchauffement climatique et le terrible déclin de la biodiversité.

Le parti, qui obtient habituellement ses meilleurs scores aux élections européennes (16,3 % en 2009, 9 % en 2014 contre 2,3 % à la présidentielle de 2012), cherche aussi à utiliser ce scrutin pour se rassembler, clarifier sa ligne, et sortir de la crise dans laquelle il est plongé depuis sa participation aux gouvernements Ayrault et Valls.

La France insoumise (LFI)

Manon Aubry - Crédits : La France insoumise

Le parti de Jean-Luc Mélenchon pourrait obtenir 7,5 % des voix (selon le sondage Ifop du 24 mai). Fondé en 2016, il regroupe plusieurs personnalités issues du Front de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon ou Younous Omarjee, eurodéputé sortant. Seul ce dernier est actuellement estampillé France insoumise au Parlement européen.

En 2017, la France insoumise (LFI) défendait pour la présidentielle une remise en question et une refondation des traités européens, dont elle proposait la renégociation (plan A). En cas d’échec, elle appelait à une sortie de la France de l’Union européenne (plan B). LFI a précisé ne pas rejeter l’Union européenne en elle-même, mais une “certaine construction politique” qui “ne laisse pas de place à une souveraineté pleine et entière des peuples” . Cette ligne est-elle toujours d’actualité pour les élections européennes ? La tête de liste, Manon Aubry en a de nouveau fait mention : le plan A, “c’est tenir les promesses de l’Europe sociale qui lutte contre le dumping fiscal et social” . Si ça ne marche pas, le plan B consiste à “instaurer un rapport de force pour renégocier les traités” et “désobéir aux dispositions qui nous posent problème à commencer par les 3 % de déficit” .

Jean-Luc Mélenchon a toutefois refait plâner un doute sur cette ligne de LFI dans une tribune intitulée “Sortez des traités, stupides !” , et publiée mi-mars 2019 dans Libération. L’ancien candidat à la présidentielle conditionne sans détour la réalisation du programme des Insoumis à une “sortie” de la France “des traités qui organisent l’UE” . “Nous voulons changer les règles. Si c’est non, […] nous appliquerons notre programme, que l’Europe l’accepte ou pas. […] Mais je suis serein. Nous sommes la France” , a précisé M. Mélenchon dans un entretien au même quotidien le 23 avril. Cette position sur l’Europe semble avoir constitué le principal obstacle à un rapprochement avec le PS. En effet, “l’Europe” et “l’abandon du populisme” sont les deux conditions que le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure à posé à LFI en réponse à la demande de Jean-Luc Mélenchon de création d’une “fédération populaire” en vue des élections.

A travers la mise en place d’une alliance à l’échelle européenne (Podemos, le Bloco au Portugal et diverses formations de gauche au Danemark, en Finlande et en Suède), le parti souhaite au minimum renégocier les traités sur un certain nombre de sujets : évasion fiscale, salaire minimum européen ou encore “protectionnisme solidaire” .

A l’occasion de l’université d’été de LFI à Marseille le 25 août 2018, Jean-Luc Mélenchon avait également déclaré vouloir faire des élections européennes un “référendum anti-Macron” .

Comme au sein des gauches radicales européennes, des dissensions idéologiques sur la question migratoire ont cristallisé des frictions en interne. La députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a ainsi subi les reproches de ses collègues de l’Assemblée nationale pour avoir signé un manifeste pour l’accueil des migrants aux côtés de diverses personnalités. Jean-Luc Mélenchon préfère, lui, mettre en avant que “l’exil est une souffrance” et qu’il faut donc “traiter les causes de l’immigration” - tout en conservant “un devoir d’humanité” comme l’explique Manuel Bompard, coordinateur de LFI.

La France insoumise a présenté sa liste lors d’une convention à Bordeaux le 8 décembre 2018. Pour la mener, l’ancienne porte-parole de l’ONG Oxfam-France Manon Aubry a été choisie par le mouvement. Cette spécialiste des questions d’évasion fiscale et d’inégalités, âgée de 29 ans, souhaite “répondre aux urgences de l’injustice fiscale […] et climatique […] et offrir des réponses politiques le plus rapidement possible” . Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, est placé en seconde position, suivi de Leïla Chaibi, militante associative, puis de Younous Omarjee et d’Anne-Sophie Pelletier, syndicaliste. L’actuel député européen Emmanuel Maurel, qui avait quitté le Parti socialiste pour rejoindre la France insoumise début octobre, est placé en sixième position.

Enfin, le 18 avril, le politologue Thomas Guénolé a annoncé quitter la liste. Soumis à une procédure pour des faits “pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel” , il dénonce violemment dans un communiqué envoyé le jeudi 18 avril un mouvement politique organisé selon lui comme une “dictature” et gouverné “en autocrate” par son leader.

Parti socialiste - Place publique - Nouvelle Donne

Raphaël GlucksmannCréditée de 5,5 % des intentions de vote dans le sondage Ifop du 24 mai, l’alliance entre le Parti socialiste (PS), le mouvement citoyen Place publique (PP) et le mouvement Nouvelle Donne (ND) a été officialisée le 16 mars.

La veille, dans les colonnes du Monde, Place publique avait confirmé le lancement d’une liste pour les européennes, emmenée par l’essayiste Raphaël Glucksmann, l’un de ses cofondateurs (photo ci-contre).

Les autres candidats sont issus du PS, de Place publique, de la société civile et d’autres courants politiques comme Nouvelle donne, et les écologistes de l’UDE et de Cap21. Les Radicaux de gauche, dissidents du Parti radical de gauche, n’y seront finalement pas représentés.

Du côté du Parti socialiste, ce sont Sylvie Guillaume, vice-présidente du Parlement européen et Eric Andrieu, l’eurodéputé socialiste qui a présidé la commission sur les pesticides, qui occupent respectivement les 2e et 3e places. Aurore Lalucq occupe quant à elle la 4ème place et Pierre Larouturrou et Norra Mebarek les 5e et 6e places.

C’est la première fois depuis 40 ans que le PS apparaît sur une liste qui n’est pas menée par un membre du parti. Mais divisé entre différents courants, ce dernier cherche à redéfinir son identité et ses positions après sa déroute à la présidentielle de 2017. Son alliance avec Place publique a été officialisée après que plusieurs “éléphants” du parti ont refusé de se lancer dans la course aux européennes (Ségolène Royal, Christiane Taubira, Bernard Cazeneuve, Najat Vallaud-Belkacem ou encore Pierre Moscovici). Mi-décembre, Ségolène Royal avait proposé à EELV de former une liste commune dont elle serait numéro 2 derrière Yannick Jadot. Mais ce dernier avait rapidement fait savoir qu’il ne donnerait pas suite. Benoît Hamon, qui a quitté le parti en 2017, a également rejeté cette éventualité.

Les socialistes français cherchent également leur place au Parlement européen. Au nombre de 9 actuellement, ils sont pro-européens mais ne s’inscrivent pas dans une ligne fédéraliste. La gauche s’entend sur le danger du populisme et les inégalités sociales, mais se divise sur le plan économique entre ceux qui assument le libéralisme et ceux qui le rejettent, ainsi que sur les questions migratoires.

Raphaël Glucksman, qui mène la liste intitulée “Envie d’Europe écologique et sociale” , a dévoilé plusieurs “combats communs” dégagés avec le PS. Un “Erasmus pour tous” avec une bourse allant jusqu’à 5 000€ proposée “à chaque jeune entre 16 et 25 ans sur la base d’un projet éducatif, de formation, professionnel ou associatif” . Des ressources propres pour l’UE : “un impôt européen sur les bénéfices des sociétés, une taxe aux frontières de l’Union…” . Ou encore l’extension de la législation européenne aux nouveaux OGM et “l’étiquetage obligatoire des denrées alimentaires contenant des OGM” .

En présentant son programme le 6 mai, l’essayiste a défendu sa liste comme étant la “seule” à “promouvoir l’Europe, le social et l’écologie” . Le projet se veut donc en “rupture avec l’idéologie du libre-échange” . Parmi les propositions écologiques, celle de “sortir les dépenses vertes de la règle des 3 % de déficit en faisant valoir un principe d’exception” .

Après le vote des Néerlandais, qui ont ouvert le bal des européennes le jeudi 23 mai, l’alliance de gauche n’a pas manqué de commenter la victoire annoncée des travaillistes. En effet, Raphaël Glucksmann rappelle que les deux partis en tête en France siégeront “dans des petits partis” , tandis que le S&D est la seconde force politique du Parlement européen.

Debout la France (DLF)

Nicolas Dupont-Aignan - Crédits : Profil facebook officiel

Le parti recueillerait 4 % des intentions de vote, selon le sondage Ifop du 24 mai. Se positionnant frontalement contre la politique menée par Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan (photo ci-contre) a déclaré, à l’occasion d’un meeting à Paris le 23 septembre, qu’il serait tête de liste pour son parti. Il a également appelé des membres et sympathisants de LR et du RN à le soutenir, souhaitant mener une “union” de droite pour “résister à ceux qui veulent nous coloniser” .

Debout la France a dévoilé les 23 premiers noms de sa liste “Le courage de défendre les Français” le 28 mars. On y retrouve la lanceuse d’alerte Stéphanie Gibaud, ancienne cadre d’UBS, et Jean-Philippe Tanguy, un fidèle du parti, en 2e et 3e positions. Le ralliement de l’ancienne députée des Républicains Marie-Jo Zimmermann y est également confirmé (à la 4e place), mais pas celui du président du Parti Chrétien-Démocrate (PCD), Jean-Frédéric Poisson, qui avait pourtant été annoncé mi-mars. Le Gilet jaune Benjamin Cauchy figure quant à lui à la 9e place.

Nicolas Dupont-Aignan avait rejeté, dès le mois de juin, la proposition d’alliance de Marine Le Pen, qu’il avait pourtant soutenue au second tour de l’élection présidentielle. Afin de marquer un peu plus son indépendance par rapport au RN, la liste de DLF s’est associée, au niveau européen, avec le groupe parlementaire des Conservateurs et réformistes européens (ECR), concurrent de l’Europe des nations et des libertés (ENL) auquel appartiennent les actuels députés du RN.

DLF défend une renégociation des traités européens afin que la France puisse notamment “contrôler ses frontières, expulser les clandestins et préserver son mode de vie sans rendre de compte à personne” .

Parti communiste français (PCF)

Ian Brossat

Le PCF recueillerait 3 % des voix, selon le sondage Ifop du 24 mai. Ian Brossat (voir photo), actuellement adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, a été officiellement désigné le 26 janvier comme tête de liste. Suivent Marie-Hélène Bourlard ainsi que les deux eurodéputés sortants Patrick Le Hyaric et Marie-Pierre Vieu. Trois gilets jaunes figurent également sur la liste.

S’il ne souhaitait pas que la gauche parte en campagne de manière dispersée, Ian Brossat était néanmoins hostile à un rapprochement avec La France insoumise. Des discussions avec Génération.s ont été engagées, sans qu’un accord soit trouvé.

Le parti dont le slogan est “Pour l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent” , a lancé sa campagne à l’occasion de la fête de l’Humanité en septembre. Le projet du parti vise notamment à “rompre avec l’Europe de la concurrence, de l’austérité et du chômage” avec un “plan d’urgence pour les services publics” , à s’attaquer à “l’emprise des marchés sur les politiques européennes” avec un “plan de justice fiscale” , à permettre à la France de “négocier librement les contours de sa participation à l’UE, à travers une construction à géométrie choisie” , ou encore à “s’affranchir de l’OTAN” et à “accueillir les migrants avec dignité et dans le respect de leurs droits” .

Plusieurs personnalités soutiennent publiquement la liste du Parti communiste français (PCF). Notamment le cinéaste Costa-Gavras, l’urgentiste Patrick Pelloux, le syndicaliste Bernard Thibault ou encore l’actrice Josiane Balasko.

Les 26 autres listes en compétition pour les Européennes cumulent actuellement 10 % des intentions de vote. En voici les noms :

- Génération.s
- Les Patriotes
- Parti Animaliste
- Union des Démocrates et Indépendants (UDI)
- Alliance Jaune
- Union populaire républicaine
- Génération Écologie, MEI, MDP
- Lutte Ouvrière (LO)
- Union des Démocrates Musulmans Français
- Alliance Royale
- Allons Enfants
- Dissidence Française
- Démocratie Représentative
- Europe Démocratie Espéranto
- Les Oubliés de l’Europe - ACPLI
- Mouvement pour l’Initiative Citoyenne
- Neutre et Actif
- Parti des Citoyens Européens
- Parti Fédéraliste Européen
- Parti Pirate
- Parti pour la Décroissance
- Parti Révolutionnaire Communiste
- SIEL et Parti de l’in-nocence
- UDLEF
- À Voix Égales
- Évolution Citoyenne

Voir les listes complètes sur le site officiel du ministère de l’Intérieur.
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), crédité de 0,5 % des votes en mars, a décidé le 26 mars de ne pas présenter de liste et d’appeler à voter pour Lutte Ouvrière.
L’ancien candidat à la présidentielle et député des Pyrénées-Atlantique Jean Lassalle (ex-Modem) a finalement renoncé à mener son mouvement “Résistons !” pour le scrutin européen. Crédité en mars de 0,5 % des intentions de vote, il a été contraint de jeter l’éponge faute de moyens.

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