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  • Synthèse

Histoire de l’Union européenne : 2010-2016, du traité de Lisbonne aux crises

Entré en vigueur le 1er décembre 2009, le traité de Lisbonne adapte en profondeur les règles des anciens traités pour permettre une meilleure coordination à 27 Etats membres. Il crée notamment les fonctions de président permanent du Conseil européen et de haut représentant pour la politique extérieure de l’Union. Il simplifie également le processus de décision au Conseil de l’UE (règle de la majorité qualifiée) et clarifie la répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres.

Dans le même temps, l’Europe est touchée de plein fouet par la crise économique et financière mondiale. La dette publique des Etats membres explose, à tel point que certains pays (Grèce, Irlande, Portugal, Italie, Chypre) menacent directement la survie de la zone euro. L’Union européenne leur vient en aide via de nouveaux instruments, en contrepartie de réformes et d’une plus grande surveillance de leurs dépenses.

Alors que l’économie repart peu à peu en 2015, de nouvelles difficultés apparaissent : crise ukrainienne (dès 2013) et tensions avec la Russie, terrorisme djihadiste, crise migratoire, Brexit, élection de Donald Trump…

Unes de journaux européens au lendemain du référendum sur le Brexit

1er janvier 2011 : L’Estonie devient le 17ème Etat membre de la zone euro.

Pendant ce temps : printemps arabe (17 décembre 2010 - mi-2012).

Abandonnant la couronne estonienne (EEK), l’Estonie devient le 17ème Etat membre de l’Union européenne à adopter l’euro. Le taux de change de l’ancienne monnaie a été fixé à 1 euro = 15,6466 EEK.

1er janvier 2011 : Dissolution de l’Union de l’Europe occidentale (UEO)

Fondée en 1954 par six pays (France, RFA, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) après l’échec de la Communauté européenne de la défense (CED), l’Union de l’Europe occidentale (UEO) devait soutenir la politique européenne en matière de défense. Les Etats membres échouent cependant à en faire une réelle organisation militaire supranationale.

La défense européenne s’organise essentiellement autour de l’OTAN, puis de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) à partir de 1998 (qui devient en 2009 la Politique de sécurité et de défense commune, PSDC, avec le traité de Lisbonne).

Prononcée en mars 2010, la dissolution de l’UEO devient effective en juin 2011.

2 mars 2012 : Signature du “Pacte budgétaire européen”

Signé par 25 Etats membres de l’Union européenne (tous sauf le Royaume-Uni, la République tchèque et la Croatie, qui ne faisait pas partie de l’UE en 2012), ce traité, officiellement “traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire” (TSCG), vise à limiter l’endettement des pays de l’UE.

Le texte comprend notamment la règle d’or, qui engage les Etats membres à conserver des budgets en équilibre ou en excédent. Le “Pacte budgétaire européen” est entré en vigueur le 1er janvier 2013.

6 septembre 2012 : La BCE annonce un programme illimité de rachat de dettes des pays de la zone euro

Face à une zone euro en grande difficulté, durement touchée par la crise financière de 2008, la Banque centrale européenne adopte une politique inédite sous la nouvelle présidence de Mario Draghi.

La croissance est en berne en Europe aux débuts des années 2010 et l’importance des dettes souveraines dissuade les acteurs économiques d’investir en Europe. Malgré les réticences de l’Allemagne, la BCE décide donc de lancer un programme illimité de rachat de dettes des Etats membres de la zone euro afin de relancer la croissance. Il a été étendu aux entreprises à partir de juin 2016.

27 septembre 2012 : Création du Mécanisme européen de stabilité (MES)

Décidé au cours du Conseil européen des 16 et 17 décembre 2010, le Mécanisme européen de stabilité (MES) est la réponse des Etats membres de la zone euro à la crise des dettes publiques qu’elle connaît depuis le début de l’année. Il vient consolider et fusionner le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF), deux institutions européennes également créées à la suite du déclenchement de la crise de la zone euro.

Le MES peut lever jusqu’à 700 milliards d’euros sur les marchés financiers pour venir en aide aux pays de l’eurozone dont la dette atteint un seuil critique, sous condition de respect du pacte budgétaire européen. Entré en vigueur en septembre 2012, son directeur général depuis sa création est l’Allemand Klaus Regling.

12 octobre 2012 : L’Union européenne reçoit le prix Nobel de la paix

Pendant ce temps : Barack Obama est réélu président des Etats-Unis (8 novembre 2012).

“L’Union européenne et ses prédécesseurs ont, au cours de ces six dernières décennies, contribué à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe” , peut-on lire dans la déclaration du comité Nobel attribuant le prix à l’Union européenne.

Par ce choix, le comité Nobel entend notamment récompenser l’Europe pour sa contribution à la réconciliation franco-allemande, qui s’est matérialisée dès 1952 par la création de la CECA, ainsi qu’à la démocratisation du continent, un système politique démocratique étant un prérequis pour adhérer à l’UE.

1er juillet 2013 : La Croatie adhère à l’Union européenne

Pendant ce temps : début des manifestations pro-européennes en Ukraine (21 novembre 2013)

28ème Etat à adhérer à l’Union européenne, la Croatie a entamé les négociations d’adhésion en 2004, après acceptation de sa candidature par le Conseil européen la même année. Le 9 décembre 2011, elle signe le traité d’adhésion qui, après ratification par les parlements européen et nationaux, entre en vigueur le 1er juillet 2013.

1er janvier 2014 : La Lettonie rejoint la zone euro

La Lettonie devient le 18ème membre de la zone euro, après une première demande avortée en 2008. Les Lettons abandonnent donc leur devise nationale, le lats, introduit en 1993 pour remplacer le rouble de l’ère soviétique.

22 - 25 mai 2014 : Elections européennes : percée des eurosceptiques et désignation du président de la Commission

“Dans un contexte de crise économique, où l’austérité a fait considérablement reculer la confiance des citoyens dans l’Union européenne, les partis eurosceptiques progressent de manière notable au Parlement européen. Dans cinq Etats membres (Danemark, France, Hongrie, Pologne et Royaume-Uni), ces formations politiques arrivent même en tête du scrutin.

Pour la première fois également, les élections ont une influence directe sur la composition de l’exécutif européen. En vertu du traité de Lisbonne, le Conseil européen propose au Parlement européen un candidat à la présidence de la Commission européenne ““en tenant compte des élections”” . Jean-Claude Juncker, candidat du Parti populaire européen (droite) vainqueur du scrutin de 2014, est ainsi nommé président pour 5 ans.

Candidat malheureux des sociaux-démocrates (gauche) pour la présidence de la Commission européenne, l’Allemand Martin Schulz est nommé président du Parlement européen pour un mandat de 2 ans et demi.”

1er novembre 2014 : La Commission Juncker entre en fonction

Proposé par le Conseil européen malgré l’opposition des Premiers ministres britannique et hongrois, le Parlement européen approuve la nomination du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne. Ancien président de l’Eurogroupe, il remplace alors José Manuel Barroso. Sur les 28 commissaires européens, 13 sont membres du Parti populaire européen (PPE), 8 du Parti socialiste européen (PSE), 5 de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE) et 2 sont indépendants.

1er décembre 2014 : Donald Tusk prend ses fonctions à la tête du Conseil européen

L’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk devient président du Conseil européen et remplace à ce poste le Belge Herman Van Rompuy. Engagé en politique depuis les années 90, M. Tusk a fait partie du syndicat Solidarność lors de la chute du communisme en Pologne.

Il a ensuite poursuivi une ascension sans accroc dans le paysage politique polonais, jusqu’à sa défaite à l’élection présidentielle en 2005. Il devient ensuite chef du gouvernement en 2007, poste qu’il occupe jusqu’à son départ pour Bruxelles en 2014. Il est le deuxième homme politique à occuper le poste de président permanent du Conseil européen, fonction créée par le traité de Lisbonne.

5 novembre 2014 : L’affaire Luxleaks éclate

Le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dévoile des accords fiscaux secrets (taxrulings), conclus de 2002 à 2010 entre le Luxembourg et 340 multinationales.

Parmi les entreprises citées, on retrouve des géants d’internet comme Apple et Amazon, ou encore le groupe énergétique français GDF-Suez. Déjà engagée avant ces révélations, la coopération européenne contre la fraude fiscale s’intensifie, notamment par l’augmentation des échanges d’informations entre pays.

12 mars 2015 : L’Islande retire sa demande d’adhésion à l’Union européenne

Après 5 ans de négociations, l’Islande fait savoir à l’Union européenne qu’elle retire sa candidature à l’adhésion. Dès son accession au pouvoir en 2013, le parti de centre-droit avait déjà mis un terme aux discussions. Après avoir été touché de plein fouet par la crise économique et financière de 2008, le pays a retrouvé le chemin de la croissance et n’estime plus avoir besoin de l’Europe.

12 juillet 2015 : La Grèce et l’Union européenne s’accordent sur un nouveau plan d’aide

“Le Grexit a disparu” , se félicite le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Après de longs mois de négociations et de rebondissements, la Grèce dirigée par Alexis Tsipras accepte finalement d’orchestrer une série de réformes dans son pays en contrepartie d’un troisième plan d’aide de 80 milliards d’euros, financé par l’Union européenne et le FMI. Quelques jours auparavant, 61% des Grecs avaient rejeté par référendum le “Mémorandum” contenant ces mesures.

1er janvier 2015 : La Lituanie rejoint la zone euro

Un an après la Lettonie, la Lituanie devient le 19ème pays à adopter l’euro. Avec l’intégration de près de 3 millions de Lituaniens, la zone euro rassemble désormais 337 millions d’Européens.

22 septembre 2015 : Plan de répartition des réfugiés entre Etats membres

Pendant ce temps : Accord de Paris sur le climat (12 décembre 2015)

La crise des réfugiés constitue un défi majeur pour les Européens, pris au dépourvu face à des arrivées massives de personnes fuyant la guerre et la misère au Moyen-Orient et en Afrique. La situation est particulièrement critique en Grèce et en Italie, portes d’entrée pour les réfugiés en Europe.

Face à cette situation et à la multiplication des naufrages de migrants en 2015, la Commission européenne propose un plan de répartition de 120 000 réfugiés entre Etats membres. Votée par le Conseil de l’UE le 22 septembre, 3 semaines après l’émotion suscitée par la publication de la photo d’Aylan, enfant syrien gisant mort sur une plage turque après le naufrage de son embarcation, cette mesure est vivement contestée par les Etats du groupe de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Pologne et Slovaquie).

La Hongrie ira jusqu’à organiser un référendum en octobre 2016 sur le plan de répartition de la Commission européenne.

Début 2017, le plan de relocalisation est encore très loin d’avoir atteint ses objectifs, avec moins de 10 000 réfugiés relocalisés.

18 mars 2016 : Accord UE-Turquie sur la réduction des migrations vers l’Europe

“Pour tenter de réduire le nombre de migrants entrant sur leur territoire, plusieurs pays de l’espace Schengen décident, en 2015, de fermer leurs frontières. Certains comme la Hongrie érigent des murs à leurs frontières avec les pays hors de l’espace Schengen, d’autres rétablissent temporairement le contrôle à l’intérieur de l’espace Schengen.

Face à cette situation et constatant l’échec de la politique de relocalisation des réfugiés, l’Union européenne convient avec la Turquie d’un plan global pour réduire la migration vers l’Europe. Cet accord consacre le principe “un pour un” , selon lequel tous les nouveaux migrants en situation irrégulière qui partent de la Turquie pour gagner les îles grecques seront renvoyés en Turquie ; et pour chaque Syrien renvoyé vers la Turquie au départ des îles grecques, un autre Syrien sera réinstallé de la Turquie vers l’Union européenne.

23 juin 2016 : Le Royaume-Uni vote par referendum sa sortie de l’UE

Les Britanniques votent à 51,9% des voix pour une sortie de l’Union européenne. A l’origine de ce scrutin, bien qu’opposé au Brexit, le Premier ministre David Cameron démissionne. Il laisse sa place à Theresa May, qui mène les négociations avec les autres pays de l’Union européenne.

30 septembre 2016 : L’UE ratifie l’accord de Paris sur le climat

Les pays européens autorisent la ratification de l’accord de Paris sur le climat. Signé par 195 pays le 12 décembre 2015 lors de la conférence de Paris sur le climat (COP21), ce texte vise à limiter l’augmentation du réchauffement climatique d’ici 2100 à 2°C. Il entre en vigueur le 4 novembre 2016, après la ratification de 55 pays émetteurs signataires représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

30 octobre 2016 : Signature de l’accord de libre-échange CETA

L’Union européenne et le Canada signent l’accord commercial CETA, après plusieurs rebondissements causés par l’opposition de la Wallonie. Malgré un certain nombre de craintes relatives entre autres aux exportations agricoles canadiennes, au manque de prise en compte de l’environnement ou encore au rôle des tribunaux d’arbitrage chargés des litiges entreprises/Etats, le texte obtient l’aval du Parlement européen le 15 février 2017.

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Pour approfondir

  • Histoire

  • Histoire de la construction européenne

  • Brexit

  • Histoire des politiques européennes

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