La proposition franco-allemande d’un fonds de relance européen d’une valeur minimale de 500 milliards d’euros a été accueillie de manière contrastée dans les capitales européennes. Si les pays d’Europe du Sud, qui comptent parmi les plus touchés par la pandémie, ont salué cette initiative, ceux de l’Est font preuve de scepticisme et attendent d’avoir plus de détails. Mais c’est au Nord que l’idée d’un endettement commun suscite le plus de réticences.
L’opposition des pays du nord
Le Danemark et les Pays-Bas, accompagnés de l’Autriche, ont en effet formellement “rejeté la proposition franco-allemande lors d’une vidéoconférence des ministres des finances de l’UE” qui s’est tenue ce mardi 19 mai. La ministre suédoise des Finances a quant à elle déclaré attendre “la proposition de la Commission européenne le 27 mai avant de faire d’autres commentaires” . Les quatre pays devraient néanmoins présenter “[leur] propre contre-proposition” à l’initiative franco-allemande, a déclaré le chancelier autrichien Sebastian Kurz [Politico].
Les points de divergence se concentrent à la fois sur la question du mode de remboursement et sur celle des réformes à engager. Vienne, qui s’est fait la porte-parole des pays dits “frugaux” , a annoncé que ceux-ci étaient disposés à “aider les pays les plus touchés”, mais que cette aide devrait passer par une réorganisation des dépenses de l’UE plutôt que par une hausse des contributions des Etats membres.” Nous attendons que le prochain cadre budgétaire pluriannuel de l’UE reflète les nouvelles priorités et non qu’il relève le plafond”, a indiqué Sebastian Kurz [Les Echos]. En effet, le fonds imaginé par la France et l’Allemagne conduirait probablement ces pays “frugaux” à contribuer davantage aux financements européens.
Le ministre des Finances danois Nicolai Wammen a rappelé lors de la réunion de mardi 19 mai que son gouvernement “refuse[rait] tout compromis au sujet de la contribution de Copenhague au budget européen”. Le 24 avril, la Première ministre avait déjà indiqué que son pays “voulait bien être solidaire mais pas payer pour la dette des autres” [Le Monde]. Sur ce point, ils reçoivent le soutien de certains pays de l’Est : ceux-ci craignent qu’une augmentation des dépenses de l’UE pour rembourser les “fonds de relance empruntés” ne se fasse au détriment d’autres postes dont ils bénéficient actuellement. Le gouvernement hongrois estime ainsi que “des prêts, plutôt que des subventions, devraient être applicables” [Politico].
Le ministre des finances néerlandais Wopke Hoekstra considère par ailleurs que les pays devraient procéder à “des réformes économiques nécessaires” pour bénéficier de prêts, rapporte Le Monde. Il est soutenu sur ce point par la Slovaquie. Le ministre slovaque des Affaires étrangères, Ivan Korčok, estimait déjà avant l’annonce du plan franco-allemand que l’instrument de relance européen devrait comprendre “une incitation claire […] pour les réformes structurelles” , avait-il déclaré à Politico.
Le rôle de compromis de la Commission
Dès lors, “les yeux sont désormais rivés sur la Commission européenne” qui doit présenter mercredi prochain ses propositions concernant le fonds de relance et le budget pluriannuel de l’UE, écrivent Les Echos. L’exécutif européen avait réagi “prudemment” à l’annonce de la proposition franco-allemande, en qualifiant cette dernière “d’initiative constructive” [Le Monde]. Si celle-ci “va clairement dans le sens de ce à quoi travaille la Commission”, juge le porte-parole de l’institution Eric Mamer, elle ne sera pas pour autant “reprise telle quelle”. Dans sa “recherche d’équilibre entre les positions des différents Etats membres”, l’exécutif européen devrait présenter un plan proposant à la fois des prêts et des subventions [Les Echos]. Il incombera ensuite à Charles Michel, le président du Conseil européen, “de forger un accord à l’unanimité sur cette base” entre les Etats [Le Monde] à l’occasion du prochain sommet les 18 et 19 juin. Celui-ci qui pourrait se tenir “physiquement à Bruxelles pour la première fois depuis mars” , annoncent Les Echos.
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