Une rencontre de deux heures et demie
Luigi Di Maio, le vice-Premier ministre italien, a rencontré en France, mardi 5 février, certains Gilets jaunes, relate L’Obs. “Le vent du changement a franchi les Alpes. Je répète, le vent du changement a franchi les Alpes” , a déclaré sur son compte Twitter le chef de file du Mouvement 5 étoiles à l’issue du rendez-vous. Le leader populiste s’est entretenu pendant “près de deux heures et demie” [Le Parisien] avec Christophe Chalençon, l’une des figures emblématiques du mouvement, ainsi que quelques candidats aux élections européennes rattachés à la liste Ralliement d’initiative citoyenne (RIC) menée par Ingrid Levavasseur, autre figure des Gilets jaunes [L’Obs]. “Nous avons beaucoup de valeurs et de positions en commun [avec les Gilets jaunes], comme remettre les citoyens au centre de la vie politique, les droits sociaux, la démocratie directe et l’environnement” , a-t-il affirmé. Une nouvelle rencontre est prévue à Rome, selon l’AFP.
Une provocation jugée “inacceptable”
La réaction de Paris ne s’est pas fait attendre. Le ministère des Affaires étrangères considère en effet qu’une telle “provocation” n’est “pas acceptable” [L’Obs] et ne devrait pas avoir lieu de la part d’un pays partenaire de l’Union européenne. “Luigi Di Maio, qui assume des responsabilités gouvernementales, doit veiller à ne pas porter atteinte, par ses ingérences répétées, à nos relations bilatérales, dans l’intérêt de la France comme de l’Italie” , a ajouté le porte-parole du ministère [Le Figaro]. Cette ingérence dans les affaires françaises n’est pas une première, Luigi Di Maio ayant déjà écrit “Ne faiblissez pas !” à l’adresse des Gilets jaunes sur le blog du Mouvement 5 étoiles le 7 janvier [RTL].
Pour L’Obs, cette “opération de séduction” ne fait que raviver les tensions existantes entre Paris et Rome. Depuis plusieurs semaines, les relations se sont en effet crispées entre les deux pays autour du déficit public ou encore de la question migratoire. Dimanche 20 janvier, Luigi Di Maio avait notamment accusé la France d’appauvrir l’Afrique et d’être ainsi responsable de nombreux départs vers l’Europe : “A partir d’aujourd’hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les emmener à Marseille. Je vais demander des sanctions contre les pays qui colonisent l’Afrique. La France imprime le franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette : pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux”, avait-il lâché sur la radio italienne RTL 102.5.
Les Gilets jaunes divisés
La visite du leader populiste a également divisé un peu plus les Gilets jaunes. “Cette rencontre a apporté du crédit et nous a permis de prendre une dimension internationale. [Luigi] Di Maio a fait l’effort de venir nous voir, contrairement à nos ministres et à notre Premier ministre. Je pense qu’ils vont mal dormir ce soir, [Emmanuel] Macron aussi” , a ainsi déclaré au Parisien Christophe Chalençon. Mais d’autres Gilets jaunes déplorent au contraire une instrumentalisation du mouvement par les leaders politiques. “Cette initiative est celle de quelques personnes qui tentent de récupérer ce mouvement pour faire penser, à l’international, qu’on se politise et qu’on lance des listes” , a notamment déclaré Maxime Nicolle, qui refuse tout rapprochement avec un parti politique national ou étranger [Le Parisien].
Alors que son colistier Frédéric Mestdjian y a participé, Ingrid Levavasseur, à la tête de la liste RIC pour les européennes, s’est également insurgée contre cette “usurpation totale” : “c’est le monde des requins qui s’invite au cœur de notre projet. C’est vraiment terrible” , a-t-elle dénoncé [AFP].
Si une nouvelle rencontre devait bien avoir lieu à Rome, qu’adviendrait-il des relations, déjà fortement détériorées, entre les deux pays ?
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