L’amphithéâtre sous l’eau de Marseille
Créée en 2006, la Semaine économique de la Méditerranée est “une initiative partenariale favorisant les rencontre entre entreprises, institutions et représentants de la société civile des deux rives de la Méditerranée” .
Elle est organisée par la région PACA, la ville de Marseille, Marseille-Provence Métropole, Euroméditerranée, la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Marseille-Provence et le Ministère des Affaires étrangères.
“Je suis heureux de vous accueillir dans l’amphithéâtre de la Villa Méditerranée. Vous ne le savez peut-être pas, mais cette salle est construite sous l’eau, donc en ce moment nous sommes réellement dans la Méditerranée !” . C’est ainsi que le Président de la région PACA, Michel Vauzelle, a débuté son discours de bienvenue pour cette huitième édition de la Semaine Economique de la Méditerranée (SEM).
Des dizaines de Français, Tunisiens, Italiens, Espagnols, Marocains ou encore Algériens sont réunis devant la scène, attentifs. Et pour l’occasion, plus de 3000 personnes sont attendues à Marseille entre le 5 et le 8 novembre : rencontres, conférences et séminaires sont organisés cette année autour d’une thématique : le tourisme, “vecteur de développement économique en Méditerranée” . “Ce sujet est très important pour les gens de la Méditerranée” , poursuit Michel Vauzelle, “non seulement parce que certains pays en vivent, mais aussi car c’est grâce aux échanges dus au tourisme que les peuples évoluent et deviennent fraternels” .
Mais le tourisme n’est pas qu’une activité économique performante : son impact sur la nature, par exemple, pose de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne les activités “de masse” , comme les croisières. Le tourisme peut-il être durable ? Alors que 88% des voyageurs français se disent prêts à agir en faveur de l’environnement, les professionnels du tourisme entament une conversion au “green” qui ne se fait pas sans difficultés. L’expansion du web vient également bouleverser les habitudes du secteur. Face aux grands groupes américains de booking.com ou expédia, les hôteliers et les agences de voyages doivent chercher une nouvelle forme de survie, qui leur permette de garder leur indépendance.
Les paquebots, un business européen
La Banque européenne d’investissement, qui met en oeuvre les politiques de l’UE en finançant les projets des acteurs publics et privés (à la hauteur de 71 milliards d’euros), était également présente à la SEM.
Le Vice-président de la BEI, Philippe de Fontaine-Vive, a pris part à la séance plénière organisée jeudi 6 novembre. A l’ordre du jour de la conférence : “bilan et perspectives des révolutions arabes, les conditions pour réussir à faire des affaires” .
Après le coup d’envoi dans l’amphithéâtre au sous-sol, le débat se poursuit dans les différentes salles de la Villa Méditerranée. Dans la loggia, au troisième étage vue sur la mer, il est question de croisières et de développement durable. A la suite du naufrage du Costa Concordia à proximité de l’île de Giglio, en Italie, les paquebots ont dû faire face à une publicité très négative.
Cependant, l’industrie des croisières n’a jamais été aussi performante : elle représente environ 4,5% de l’économie liée au tourisme en général et elle génère quelques 4 milliards d’euros avec la seule construction des navires, un business à 99% européen. “Les Allemands, les Italiens et les Français sont les plus grands constructeurs de bateaux de croisières” , explique Cédric Rivoire Perrochat, directeur de CLIA-France (l’association internationale des compagnie de croisières). En outre, 76% des navires mondiaux se trouvent en Méditerranée, alors qu’il y a encore quelques années, les Caraïbes étaient une destination très prisée des touristes.
En outre, ce tourisme de masse reste indigeste dans plusieurs villes européennes. A Venise, qui compte environ 270 000 habitants, douze paquebots débarquent chaque jour à quelque pas de la place Saint Marc. Et les protestations ne manquent pas : à partir du 1er janvier 2015, certains grands bateaux ont pris la décision de ne plus faire escale dans la ville tant qu’un nouveau point d’amarrage ne sera pas trouvé.
Le tourisme fédérateur
Après plusieurs rencontres et colloques, les deux agences touristiques réalisent un site Internet qui présente l’offre naturelle et culturelle de Kotor tout en suggérant des parcours similaires en Italie. “En outre, nous souhaitons mettre en place aussi un échange d’expertise. Par exemple, les Monténégrins ne sont pas en mesure de réparer les yachts des touristes russes qui viennent sur leurs côtes” , poursuit l’Italienne, “dans un futur proche, deux entreprises de Trieste fourniront ces services aux touristes qui partent à Kotor, qui deviendra ainsi une destination encore plus prisée” . Dans la salle, les participants venus d’Albanie ou de Tunisie prennent note, intéressés.