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Devant le Parlement européen, Emmanuel Macron défend la démocratie et la souveraineté européennes

Mardi 17 avril, Emmanuel Macron s’est rendu au Parlement européen réuni en session plénière à Strasbourg pour débattre avec les eurodéputés de l’avenir de l’Europe. Dans le prolongement de ses discours d’Athènes et de la Sorbonne de septembre 2017, le président français n’a pas dévié de ses positions. Il a défendu le principe d’une Europe forte et souveraine et invité les Européens à participer à la définition de l’Union de demain, à l’approche des élections européennes de 2019.

Emmanuel Macron, au Parlement européen de Strasbourg
Le président français Emmanuel Macron, le 17 avril 2018 au Parlement européen de Strasbourg. Crédits : © European Union 2018 - Source : EP

Dire que le président français était ardemment attendu par les eurodéputés est un euphémisme. Après sa victoire à l’élection présidentielle de mai 2017, au cours de laquelle sa vision résolument proeuropéenne l’a emporté, sa visite au Parlement européen était en effet espérée depuis plusieurs mois.

Fort d’une popularité encore importante auprès des Français, Emmanuel Macron s’est ainsi rendu dans l’hémicycle de Strasbourg mardi 17 avril, pour un débat de plus de trois heures avec les parlementaires européens.

Dans son propos introductif, le chef de l’Etat a pu reprendre les éléments déjà longuement présentés lors de ses deux discours fondateurs sur l’Europe de septembre dernier, prononcés à Athènes puis à la Sorbonne. Peu de nouvelles annonces de la part de M. Macron, pour qui l’heure est maintenant “aux échanges” . Le rendez-vous est surtout l’opportunité d’évoquer à nouveau sa vision pour l’avenir de l’Union, qui peut se résumer en deux mots : “démocratie” et “souveraineté” .

Démocratie

S’exprimant sans ménagement à l’encontre de pays européens où tend à s’enraciner le principe de la démocratie illibérale - évoquant sans les citer la Hongrie et la Pologne - Emmanuel Macron a ainsi dénoncé “l’illusion mortifère du pouvoir fort” , du “nationalisme” et de “l’abandon des libertés” . Régulièrement applaudi, le président français a “récusé” l’idée selon laquelle “la démocratie serait condamnée à l’impuissance” .

De la même manière, se montrant volontiers vibrant au moment d’évoquer la Syrie et les récentes frappes menées par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, M. Macron a plaidé en faveur du “multilatéralisme” à un moment où ce principe est battu en brèche comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale.

Pour renforcer la démocratie européenne et la rendre visible pour les citoyens, Emmanuel Macron a tenu à mettre en avant la “vérité” et la “responsabilité” . “Honnir l’Europe est facile” , a déclaré le président français, rappelant également qu’au moment de mettre en œuvre un départ de l’UE, comme avec le Brexit, la réalité devient soudainement plus complexe. De même, “ne pas brusquer les choses” par crainte d’attiser le populisme n’est pas une solution aux yeux du chef de l’Etat.

A l’inverse, ce dernier plaide pour un “débat structuré” qui ferait revivre “la démocratie européenne au fond si jeune” . C’est pourquoi il propose “dans un esprit d’essayer et d’innover, des Consultations citoyennes dès cette année”, qu’il lance officiellement pour la France ce même jour à Epinal (Vosges) et qui seront suivies dans 26 autres Etats membres de l’UE.

Elément phare du programme d’Emmanuel Macron pour l’Europe, les Consultations citoyennes ont pour objectif de recueillir, à l’occasion de débats organisés partout sur le territoire et de consultations en ligne, le sentiment et les propositions des citoyens européens sur les politiques européennes et l’avenir de l’UE.

Site pédagogique référent sur les Consultations citoyennes, Touteleurope.eu est également, via quelleestvotreeurope.fr, la plateforme d’accueil pour l’information, les inscriptions et la labellisation des événements.

Souveraineté

Autre grand axe du discours d’Emmanuel Macron au Parlement européen : le “nécessaire” renforcement de la souveraineté européenne. Le président français a salué l’action du Parlement européen sur ce terrain et l’a invité à œuvrer pour “d’autres résultats” d’ici aux élections européennes 2019.

En matière d’immigration d’abord, en revoyant le règlement “empoisonné” de Dublin qui dispose que les demandes d’asile sont nécessairement traitées par le premier pays d’arrivée, et en établissant un programme européen pour soutenir les collectivités qui accueillent des réfugiés.

En matière de numérique ensuite, par le biais de la taxe européenne sur l’activité des géants du numérique que défend la France et dont le produit pourrait constituer, selon M. Macron, une nouvelle “ressource propre” pour le budget européen.

S’agissant de l’Union économique et monétaire également : fidèle à ses propositions de campagne électorale et ses interventions d’Athènes et de la Sorbonne, M. Macron a défendu l’approfondissement de l’union bancaire et la constitution d’une “capacité budgétaire” pour relancer la convergence au sein de la zone euro. Une proposition qui n’a cette fois entraîné que de faibles applaudissements dans les rangs des députés européens…

Enfin, le président français a appelé à renforcer l’action extérieure de l’UE, que ce soit pour assurer la sécurité intérieure et extérieure de l’Europe, pour faire progresser l’Europe de la défense, ou encore pour améliorer la défense des intérêts stratégiques du continent dans la compétition commerciale internationale.

Accueil favorable du Parlement et de la Commission

Dans sa tâche, le président français pourra compter sur le soutien de la Commission européenne. Egalement présent dans l’hémicycle strasbourgeois, le président de l’exécutif européen Jean-Claude Juncker s’est félicité, dans une courte intervention, des propositions d’Emmanuel Macron. “La vraie France est de retour” , a déclaré M. Juncker, quitte à égratigner l’ancien président François Hollande.

Une part importante du Parlement européen s’est aussi positionnée aux côtés du chef de l’Etat. Quelques fois presque sans réserve, comme lorsque Guy Verhofstadt, chef des libéraux et partenaire naturel d’Emmanuel Macron parmi les eurodéputés, a livré une puissante charge contre les partis conservateurs européens, coupables selon lui d’être complaisants à l’égard de la Hongrie de Viktor Orban et de bloquer les réformes les plus ambitieuses. Pour M. Verhofstadt, partisan d’une Europe fédérale, la “paralysie” de l’UE, particulièrement en matière de politique étrangère et de défense, doit être résolue.

Plus réservés, la droite (Parti populaire européen), le centre-gauche (Socialistes et démocrates) ou encore les Verts ont tenu à offrir au chef de l’Etat un accueil cordial. Le chef de groupe du PPE Manfred Weber a toutefois indirectement critiqué le rejet par Emmanuel Macron du principe des Spitzenkandidaten (l’élection du président de la Commission européenne en fonction du résultat des élections européennes), en se positionnant comme le défenseur de la démocratie parlementaire. Philippe Lamberts, chef des écologistes au Parlement européen, n’aura quant à lui pas hésité à critiquer ouvertement les choix du gouvernement français concernant sa politique fiscale, l’évacuation par la force de Notre-Dame-des-Landes ou encore l’immigration.

Quel soutien des 26 ?

Mais en définitive, c’est peut-être la réaction des autres capitales des Etats membres de l’UE à laquelle le chef de l’Etat sera le plus attentif. A cet égard, les six derniers mois ne prêtent guère à l’optimisme pour Emmanuel Macron.

L’Allemagne, partenaire privilégié de la France, vient seulement de sortir de plusieurs mois de difficiles tractations pour la formation du nouveau gouvernement de coalition et devrait être un interlocuteur coriace au sujet de la réforme de la zone euro. A l’instar de sept autres pays qui ont aussi pris leurs distances avec les propositions françaises.

Le populisme s’est également invité dans plusieurs pays d’Europe. L’Autriche s’est doté d’un gouvernement de coalition réunissant la droite et l’extrême droite. Les élections législatives italiennes du 4 mars dernier ont, elles, consacré la poussée du Mouvement 5 étoiles, parti populiste et inclassable, et de la Ligue du Nord, alliée du Front national français au niveau européen. Plus récemment encore, le 8 avril, les Hongrois ont, pour la troisième fois consécutive, choisi le Fidesz de Viktor Orban pour diriger le pays.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron pourrait avoir des difficultés pour trouver les relais nécessaires pour la mise en œuvre de ses propositions avant le scrutin européen de mai 2019. La réussite des Consultations citoyennes revêt par conséquent une importance supplémentaire pour le président français qui, s’agissant de l’Europe, entend appliquer les mêmes recettes que sur la scène nationale. A savoir rompre avec “l’ancien monde politique” et susciter l’engouement populaire.

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