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[Revue de presse] Insurrection aux Etats-Unis : les démocraties européennes préoccupées

L’invasion du Capitole, siège du Congrès américain, par des soutiens du président sortant Donald Trump ce mercredi 6 janvier, a bouleversé les Etats-Unis ainsi que le reste du monde.

Plusieurs milliers de supporters du président américain sortant Donald Trump ont marché sur le Capitole à Washington. Parmi eux, des membres du groupe d'extrême-droite Proud Boys, ici en manifestation le 12 décembre 2020
Plusieurs milliers de supporters du président américain sortant Donald Trump ont marché sur le Capitole à Washington. Parmi eux, des membres du groupe d’extrême-droite Proud Boys, ici en manifestation le 12 décembre 2020 - Crédits : Elvert Barnes / Flickr CC BY-SA 2.0

Scènes inimaginables à Washington” , s’exclame Le Monde. Alors que les membres de la Chambre des représentants et du Sénat américains étaient réunis hier pour valider la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle du 3 novembre, des militants partisans du président sortant Donald Trump se sont introduits dans le Capitole.

La brèche s’est produite alors que les membres du Congrès étaient en train de compter les votes du collège électoral lors de l’élection - la dernière étape pour certifier la victoire de Joe Biden” , relate Politico. “Plus tôt dans la journée de mercredi, Trump avait encouragé ses partisans, lors d’un rassemblement devant la Maison Blanche, à marcher sur le Capitole” , en leur disant que “vous ne reprendrez jamais notre pays avec de la faiblesse” et que “vous devez faire preuve de force” , poursuit le média américain.

Plus tard dans la nuit, la police a repris le contrôle de la situation et les parlementaires ont pu reprendre leur séance, certifiant ainsi l’élection de Joe Biden comme 46e président des Etats-Unis vers 3h du matin (heure locale) [BBC]. Mais les images de l’insurrection, qui ont fait quatre morts, ont été vues dans le monde entier et vivement condamnées par les dirigeants internationaux. Ceux-ci ont, pour la plupart, “dénoncé une ‘attaque contre la démocratie’ et appelé au respect du résultat de l’élection présidentielle” [France 24].

Menaces contre la démocratie

En Europe, la réaction des personnalités politiques est sans équivoque. Au niveau des institutions, les représentants de l’Union européenne ont “condamné unanimement les violences provoquées à Washington par les partisans de Trump ce mercredi soir” , rapporte BFMTV. “Le Congrès des Etats-Unis est un temple de la démocratie. Assister aux scènes de ce soir à Washington est un choc” , a déclaré pour sa part le président du Conseil européen Charles Michel, cité par la chaîne française. Tandis que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré croire “dans la force des institutions et de la démocratie américaine” pour parvenir à une “transition pacifique” du pouvoir [France Bleu]. Le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a fermement condamné les émeutes, déclarant hier soir qu’ “aux yeux du monde, la démocratie américaine apparai[ssait] en état de siège” . “C’est une attaque jamais vue contre la démocratie américaine, ses institutions et l’état de droit” , cite Politico.

L’indignation est partagée dans les capitales européennes. En France, le président Emmanuel Macron a réagi dans une vidéo publiée dans la nuit : “Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d’un président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d’une élection, c’est une idée universelle - celle d’un homme, une voix - qui est battue en brèche” , a-t-il affirmé [Europe 1]. “Même son de cloche à Berlin par la voix du ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, qui considère que ‘Donald Trump et ses partisans devraient finalement accepter la décision des électeurs américains et cesser de piétiner la démocratie’ ” , écrit France Bleu. La radio reprend également la réaction du Premier ministre italien Giuseppe Conte, pour qui “la violence est incompatible avec l’exercice des droits démocratiques et des libertés” . Des messages similaires ont été envoyés d’Irlande et des Pays-Bas, poursuivent Les Echos. En revanche, les capitales d’Europe de l’est se sont montrées silencieuses, remarque Libération. Le président polonais Andrzej Duda, proche de Donald Trump, a estimé qu’il s’agissait d’une “affaire interne aux Etats-Unis” . “D’autres […] qui avaient cultivé leurs relations avec Donald Trump ont aussi choisi de faire l’autruche” . “Cet épisode, comme le scrutin tourmenté de novembre, pose la question des futures relations entre une administration Biden et les pays de la région” , commente le journal.

Crédibilité internationale

Au-delà des répercussions au sein du pays, les événements d’hier ont eu une forte résonnance géopolitique. “Les démocraties du monde entier ont exprimé leur horreur [devant] des scènes dont certains craignaient qu’elles ne donnent du pouvoir aux rivaux géopolitiques de la nation” , écrit le Financial Times. Certains diplomates européens ont ainsi mis en garde leur allié américain. Ces scènes de chaos auront pour conséquence de saper “la crédibilité des États-Unis au profit de dirigeants autoritaires tels que les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine” , estime l’un d’eux, pour qui “le vrai dommage est à long terme” .

Une crainte également exprimée dans les colonnes du New York Times : “l’attaque du Capitole […] a été considérée comme un coup dur pour la crédibilité mondiale de l’Amérique, rendant plus difficile pour les États-Unis de demander des comptes aux dirigeants autoritaires du monde entier qui foulent aux pieds les valeurs démocratiques” , écrit le média. Les ennemis de la démocratie seront “ravis de ces images incroyables en provenance de Washington DC” , renchérit en Allemagne le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas. Et le ministre des Finances et vice-chancelier Olaf Scholz de rappeler que “la transition pacifique du pouvoir est la pierre angulaire de toute démocratie. Une leçon autrefois enseignée au monde par les Etats-Unis” [Les Echos].

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