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Dominique Reynié : “Les jeunes Européens croient moins dans le vote”

A l’occasion des élections européennes, la Fondation pour l’innovation politique dévoile aujourd’hui les résultats d’un sondage réalisé par TNS Opinion auprès de plus de 15 000 Européens, qui met en relief les attentes des citoyens, en particulier des jeunes, à l’égard de l’Europe. Le directeur de la Fondapol, Dominique Reynié, revient sur les conclusions de cette étude.

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Pourquoi une telle étude ?

56 % des Européens (dont 65 % des 18-24 ans) pensent que dans le contexte général de la mondialisation, l’Union européenne constitue une chance, mais seulement 46 % (dont 40 % de 18-24 ans et 51 % des plus de 55 ans) se déclarent intéressés par les élections européennes.

Il y a malheureusement très peu d’enquêtes d’opinion auprès des Européens menées par les fondations, associations, partis et syndicats, bref trop peu par la société civile elle-même. La raison en est simple : ces enquêtes sont coûteuses, et compliquées à faire techniquement.

La Fondation a souhaité contribuer au débat sur les élections européennes en réalisant une enquête, qui sera d’ailleurs peut-être la seule en Europe, en partenariat avec plusieurs associations, dont la Konrad-Adenauer-Stiftung ou la Fondation Robert Schumann…

L’idée est donc de proposer, dans le débat, le point de vue des Européens sur la campagne électorale et sur les grands sujets européens.

Après plus de 50 ans d’existence, l’UE s’est-elle éloignée des citoyens ?

L’Union européenne doit investir en priorité dans l’éducation et la formation pour 47 % des 18-24 ans (contre 41 % dans l’ensemble de la population européenne), dans le changement climatique et la protection de l’environnement (28 % contre 23 %), dans les affaires sociales et l’emploi (28 % contre 27 %) ou dans la croissance économique (28 % contre 31 %).

On a souvent le sentiment, et on entend souvent dire que l’UE s’est éloignée des citoyens. En réalité elle s’est rapprochée, même si ça peut être étonnant de l’entendre. Il y a au moins un indicateur, qui sont les élections européennes, qui n’avaient pas lieu au début au suffrage universel direct.

C’est la première fois, en 2009, que ces élections vont concerner au même moment tous les citoyens de l’Union, puisque cela n’était pas le cas en 2004. Mais cette proximité rend les citoyens plus exigeants, plus critiques. Et dans leurs critiques il y a une demande d’encore plus de proximité. C’est pourquoi on peut avoir à la fois le sentiment que l’Europe s’est éloignée, alors que manifestement elle s’est rapprochée, et considérer légitimement qu’il faut que l’Europe soit plus proche encore.

Le rapport des jeunes à l’Europe est-il particulier ?

L’étude porte sur les Européens âgés de 18 ans et plus, pour parvenir ensuite à mieux connaître les réponses des Européens qui sont les plus jeunes des 18-24 ans. C’est par la comparaison que l’on peut mesurer la particularité (ou pas) des jeunes Européens. Les nouvelles générations d’Européens sont le point d’aboutissement de cette étude.

On voit des différences très significatives entre les jeunes Européens et leurs aînés. Par exemple, ce qui est très frappant, c’est que quand on demande aux jeunes Européens quels sont leurs moyens d’information, de débats, ils sont massivement du côté du web, d’internet, des blogs… deux fois plus que leurs aînés.

Ils sont également très attachés, c’est massif, à ce que l’Europe investisse beaucoup dans l’éducation et la formation. Ils sont aussi beaucoup plus sensibles à l’environnement que leurs aînés, même si les Européens sont globalement très sensibles à ce thème.

Et puis, je le dis de manière négative, les jeunes Européens croient moins dans le vote. Avant même que l’on puisse savoir s’ils vont s’abstenir, ils disent dans l’enquête que le vote est une manière de s’exprimer, mais qu’il y en a d’autres. Ils peuvent trouver dans les blogs, les manifestations. Il y a donc de vraies singularités.

Qu’attendent les jeunes de l’Europe ?

62 % des 18-24 ans (72 % pour l’ensemble de la population européenne) préféreraient être informés par la télévision pendant la campagne pour les élections européennes, mais 46% (respectivement 28%) préféreraient l’être à travers un site internet récoltant l’ensemble des informations sur les élections, les candidats, les programmes.

Il y a une attente combinée : une dimension utilitariste et une dimension idéale. La dimension utilitariste, c’est par exemple le cas de l’éducation, de la formation. Surtout chez les étudiants, où l’éducation et la formation sont les domaines où l’Europe doit intervenir beaucoup plus, doit investir beaucoup plus d’argent. Il s’agit d’un service, au fond : l’idée que l’Europe nous aide à vivre mieux personnellement, ce qui est une démarche légitime.

Et puis il y a la dimension idéale, qui concerne davantage le développement durable, l’environnement, domaine dans lequel les jeunes Européens attendent manifestement beaucoup plus de l’Europe. Et manifestement aussi une Europe présente dans le monde, dans la globalisation, mais présente comme une entité politique qui porte une parole singulière, par exemple sur l’environnement, sur les relations entre les peuples, sur l’idée de justice. Une certaine voix européenne dans le monde.

Comment rapprocher l’Europe des jeunes ?

Le vote reste l’un des meilleurs moyens de faire entendre son opinion par les responsables politiques ? pour 40 % des 18-24 ans (contre 46 % de la population), mais aussi la participation à des débats avec des responsables politiques (22 % contre 20 %) ou à des manifestations (19 % contre 11 %).

Il faut certainement rapprocher l’Europe des jeunes et il faut certainement imaginer des formes de concertation, de discussion, d’interpellation, d’échange direct… entre les jeunes et les institutions européennes ou leurs représentations nationales.

Il y a un espèce désert, entre le fait que les jeunes Européens votent peu et qu’entre deux élections européennes il n’y a rien. Il y a donc quasiment absence de communication entre les jeunes et l’Europe. En tout cas, il faut essayer de favoriser la constitution, la vie d’un espace européen commun, à commencer par une communauté entre les mêmes générations, notamment les jeunes Européens, à travers la circulation de l’enseignement supérieur, ou de manière plus générale l’accès aux biens culturels.

Enquête réalisée par TNS Opinion pour la Fondation pour l’innovation politique, en partenariat avec le Centre for European Studies, avec la contribution de la Fondation Robert Schuman et de la Fondation Konrad Adenauer, entre le 25 mars et le 15 avril 2009 dans les 27 États membres de l’Union européenne auprès de 15 130 Européens âgés de 18 ans et plus (par téléphone ou en face à face selon les pays). N.B. : compte tenu des contraintes des enquêtes Omnibus, les catégories « employé » / « cadre » ont été fusionnées.

Sources

Résultats de l’enquête (Volume A) - Fondation pour l’innovation politique
Résultats de l’enquête (Volume B) - Fondation pour l’innovation politique

En savoir plus

Fondation pour l’innovation politique
Dossier Elections européennes
- Touteleurope

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