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Marché unique : l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta présente ses propositions aux Vingt-Sept pour éviter le “décrochage” de l’économie européenne

Ce jeudi 18 avril, l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta a remis son rapport sur l’avenir du marché unique aux 27 dirigeants réunis pour un Conseil européen extraordinaire à Bruxelles. Il propose notamment d’unir les marchés de capitaux européens afin d’éviter le “décrochage” du Vieux Continent face aux Etats-Unis.

"Plus de 300 milliards d'euros d'épargne quitte l'Europe chaque année vers le marché américain parce que le marché européen est fragmenté et pas assez attractif", souligne l'ancien Premier ministre italien Enrico Letta dans son rapport destiné à la modernisation du marché unique - Crédits : Union européenne
“Plus de 300 milliards d’euros d’épargne quitte l’Europe chaque année vers le marché américain parce que le marché européen est fragmenté et pas assez attractif”, souligne l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta dans son rapport destiné à la modernisation du marché unique - Crédits : Union européenne

C’est l’un des deux rapports les plus attendus par les Vingt-Sept cette année”, commentent Les Echos. Enrico Letta a présenté jeudi 18 avril au matin “son rapport sur le marché intérieur” aux 27 chefs d’Etat et de gouvernement réunis lors d’un Conseil extraordinaire de deux jours (17 et 18 avril) à Bruxelles, indique Le Monde dans un entretien avec l’ancien Premier ministre italien. L’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi doit quant à lui dévoiler un rapport sur la compétitivité de l’UE avant l’été, rappellent par ailleurs Les Echos.

Dans ce document de 150 pages, Enrico Letta “explore les pistes pour réformer le marché unique européen, qui assure en théorie depuis 1993 la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux au sein de l’Union européenne”, et dont on a fêté les 30 ans l’an dernier, note le quotidien économique.

Aujourd’hui, c’est le décrochage du décrochage, on ne peut plus attendre”, déclare ainsi l’ancien chef du gouvernement italien en référence à l’écart qui ne cesse de se creuser entre l’économie de l’UE et celle des Etats-Unis depuis le début des années 2000 [Le Monde].

Unir les marchés de capitaux

Nous devons créer une union de l’investissement, une union des marchés financiers européens, un grand marché qui mobilise à la fois ressources publiques et capitaux” pour financer les besoins nouveaux de l’économie européenne, affirme Enrico Letta dans un entretien au Figaro. Il appelle donc à une “union de l’épargne et des investissements” afin de retenir “les flux de capitaux qui partent aujourd’hui massivement vers les Etats-Unis”, expliquent Les Echos.

Outre l’union des marchés de capitaux, l’ancien Premier ministre italien propose “une forme de mutualisation avec des aides à l’échelle de l’UE” afin de faire face à la “distorsion de concurrence” des subventions d’Etat dont bénéficient les entreprises américaines et chinoises [Le Temps]. “L’Europe ne peut pas, ne doit pas, céder son rôle de leader manufacturier à d’autres”, ajoute-t-il, rapporte le quotidien suisse.

Pour ce faire, Enrico Letta propose “un plan de relance, avec une capacité budgétaire commune, sur le modèle de ce qu’on a fait après la crise liée au Covid-19, mais plus petit et plus ciblé” [Le Monde]. Et d’ajouter qu’il “permettrait […] de déployer une politique industrielle européenne, en conditionnant le versement des aides”.

De plus, le rapport traite de l’approfondissement du marché unique dans les secteurs des télécoms et de l’énergie, que l’ancien Premier ministre juge “morcelés par des réglementations nationales divergentes qui empêchent ou freinent les effets d’échelle”, cite La Tribune. Par exemple, “un opérateur télécoms européen – il y en a plus de 100 – compte en moyenne seulement 5 millions d’abonnés, contre 107 millions aux Etats-Unis et 467 millions en Chine”, explique Enrico Letta [Les Echos]. Il estime que cette “fragmentation” gêne la croissance des opérateurs paneuropéens, limitant leur capacité à investir et à se battre contre leurs concurrents mondiaux, note le quotidien économique.

Investir dans l’industrie européenne de la défense

Au cours d’une conférence de presse, jeudi 18 avril, aux côtés du président du Conseil européen Charles Michel, l’ancien chef du gouvernement transalpin a par ailleurs invité les dirigeants européens à “financer les besoins” de l’UE en matière de défense, cite Il Sole 24 Ore. Si “nous ne sommes pas capables de nous développer, nous continuerons avec cette honte de […] 78 % des fournitures militaires non européennes que nous avons achetées en tant qu’Européens”, avertit Enrico Letta. Des équipements pour soutenir l’effort de guerre ukrainien face à la Russie depuis le début du conflit en février 2022.

Nous devons être moins naïfs”, lance aussi l’ancien Premier ministre italien, expliquant être un “grand supporter” des idées du commissaire au Marché intérieur Thierry Breton pour promouvoir la filière européenne de défense, fait remarquer La Tribune. En effet, le commissaire français à l’Industrie a défendu en janvier “la création d’un fonds de 100 milliards d’euros pour augmenter les capacités de production d’armes dans l’Union européenne afin de soutenir l’Ukraine face à la Russie”, poursuit le média.

Si Thierry Breton est resté évasif sur le financement d’un tel fonds, la Süddeutsche Zeitung rappelle toutefois que “de nombreux Etats de l’UE n’ont plus aucune marge de manœuvre pour de nouveaux investissements gouvernementaux”. Le quotidien allemand cite l’exemple de la France qui a “récemment surpris en annonçant un déficit public de plus de 5 % pour cette année et l’année prochaine, et sera contraint de faire des économies selon les règles de l’UE en matière de dette [dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance, NDLR]”.

De fait, une fois que les dirigeants auront discuté du rapport, “ils donneront des indications sur le contenu qu’ils souhaitent voir la Commission et le Parlement européen reprendre après les élections européennes de juin et la formation du nouvel exécutif à la fin de l’année”, note Politico. Si de nombreux rapports similaires à celui-ci ont déjà été enterrés, l’objectif de l’ancien Premier ministre est d’éviter que ce texte ne “finisse dans un tiroir”, selon ses propres mots. “C’est pour cela aussi que tout ce que je propose est certes ambitieux, mais surtout faisable”, conclut Enrico Letta [Le Monde].

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