Un Parlement éclaté
Après 97% des dépouillements (les chiffres officiels ne seront annoncés que le 15 juin), les résultats des élections générales aux Pays-Bas semblent assurer la victoire du parti libéral de Mark Rutte. Le VVD remporte en effet 31 des 150 sièges de la chambre basse (Tweede Kamer) du Parlement, au coude-à-coude avec le parti travailliste (PvdA, 30 sièges).
C’est le nombre de citoyens néerlandais qui ont voté pour le parti du candidat islamophobe Geert Wilders, le PVV.
Christen-Democratisch Appèl (CDA) - Appel démocrate-chrétien (chrétien-conservateur) - 41 sièges - parti de l’actuel Premier ministre Jan Peter Balkenende.
Partij van de Arbeid (PvdA) - Parti du travail (social-démocrate) - 32 sièges.
Socialistische Partij (SP) - Parti socialiste - 25 sièges.
Volkspartij voor Vrijheid en Democratie (VVD) - Parti populaire pour la liberté et la démocratie (tendance libéral-conservateur) - 22 sièges - mené par Mark Rutte.
Partij voor de Vrijheid (PVV) - Parti pour la liberté - 9 sièges - mené par Geert Wilders.
GroenLinks (GL) - VertGauche - 7 sièges.
ChristenUnie (CU) - Union chrétienne - 6 sièges
Democraten 66 (D66) - Démocrates ’66 - 3 sièges : parti social-libéral.
Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP) - Parti politique calviniste - 2 sièges.
Partij voor de Dieren (PvdD) - parti des animaux - 2 sièges.
Le parti du premier ministre sortant Jan Peter Balkenende, le CDA (chrétiens démocrates), a subi le contrecoup d’une crise économique qu’il n’a pas su gérer, et perd alors 20 sièges. M. Balkenende a ainsi lâché les rênes de son parti et renoncé à son siège de député.
La majorité néerlandaise se composant de 76 députés, la formation de la future coalition reste incertaine. Trois possibilités sont avancées : une coalition à droite (VVD, PVV, CDA), qu’aucun des trois partis n’a exclue d’autant que M. Wilders s’est dit prêt à faire des concessions, une coalition de centre-droit (VVD, CDA, PvdA) relativement instable, et une coalition « violette » de centre-gauche (PvdA, CDA, les 15 ou 16 députés du parti socialiste SP, les 11 verts du GroenLinke et les 10 sociaux-libéraux du D66). Dans les deux premiers cas, Mark Rutte deviendrait alors pour le premier chef de gouvernement libéral des Pays-Bas depuis 1918.
Réponse avant le 1er juillet, date à laquelle ce dernier a promis de former un gouvernement… à moins que, comme en 2006, les négociations durent 3 mois. A l’heure où les Pays-Bas réalisent à leur tour que la crise de la zone euro ne les épargnera pas, une telle perspective n’apparaît guère réjouissante.
Vers une coalition eurosceptique ?
Or l’économie a justement dominé la campagne électorale, avec un penchant eurosceptique assez partagé.
Cinquième économie de la zone euro, les Pays-Bas ont eux aussi outrepassé les limites fixées par le Pacte de stabilité et de croissance européen, avec un déficit public de 6,6% cette année.
Dès lors, le candidat Mark Rutte s’est engagé à prendre de sévères mesures d’austérité en coupant dans les programmes sociaux… mais aussi dans le budget européen : 1 milliard d’euros, c’est la somme que M. Rutte souhaite soustraire de la contribution néerlandaise à l’Union européenne. Le potentiel premier ministre souhaite d’une manière générale freiner l’intégration européenne.
Après quatre années d’un gouvernement plutôt europhile, dirigé par un personnage réputé à Bruxelles, et même pressenti fin 2009 comme premier Président du Conseil européen, une coalition dirigée par le candidat libéral, voire le travailliste Job Cohen, pourrait porter un nouveau coup à la construction européenne.
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