Mais si la candidature de Jaroslaw Kaczynski n’est pas surprenante, elle ne semble pas forcémenet voulue par les Polonais. En effet, le désormais célèbre jumeau devra faire face à un candidat de taille, l’actuel président intérimaire et président de la Diète, Bronisław Komorowski, qui selon les premiers sondages serait crédité de près de 50 % des voix au scrutin de juin.
L’émotion qui a saisi le peuple polonais à l’annonce du décès de son chef d’Etat pourrait cependant jouer en faveur du PiS, qui joue sur la corde sensible des citoyens.
Ainsi, dans sa lettre publiée lundi, Jaroslaw Kaczynski explique ainsi que “la Pologne est notre grande obligation commune. Elle réclame de surmonter aussi la souffrance personnelle, de remplir son devoir malgré la tragédie personnelle” , et en appelle à la mémoire des personnes disparues à Smolensk, considérant qu’il doit “achever leur mission” . “Nous leur devons cela, nous devons cela à notre patrie” déclare-t-il.
Cette campagne en forme de testament pourrait donc renverser la tendance. A l’heure actuelle, il apparait que la bataille devrait se jouer entre5 principaux candidats, qui avaient jusqu’au 26 avril pour se faire connaître auprès de la Commission électorale nationale.
Jaroslaw Kaczynski
Président du parti Droit et justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), la droite polonaise, qu’il a fondé en 2001 avec son frère Lech, Jaroslaw Kaczynski en sera le candidat lors des élections du 20 juin 2010.
Les carrières politiques de Lech et Jaroslaw Kaczynski sont étroitement liées, de l’université de droit au gouvernement polonais, en passant par le syndicat Solidarnosc et le cabinet de Lech Walesa, avec lequel tous deux se brouilleront. En 2001, il fait entrer le PiS au Smej (la Diète polonaise) et devient parlementaire, poste auquel il est réélu en 2005.
Suite à la victoire de Lech Kaczynski aux élections présidentielles de 2005, il refuse dans un premier temps le poste de Premier ministre, mais l’accepte le 10 juillet 2006, à la suite de la démission de Kazimierz Marcinkiewicz. Ayant perdu les élections législatives d’octobre 2007, il démissionne le 5 novembre 2007.
Bronisław Komorowski
Président de la Diète (chambre basse du Parlement), et donc président polonais par intérim, il serait le favori de ce scrutin selon les premières rumeurs, et sera candidat pour la Plate-forme civique (PO, parti de centre-droite.
Ministre de la Défense nationale dans le gouvernement de centre-droit de Jerzy Buzek de 2000 à 2001, en tant que membre du Parti conservateur-populaire (SKL), il est investi à la tête de la Diète polonaise en novembre 2007. Les primaires de son parti le 23 mars dernier, en prévision des élections fixées à l’origine à l’automne 2010, l’ont désigné candidat avec 69 % des voix.
Waldemar Pawlak
Il serait, selon la chaîne de télévision polonaise TVN24, le premier candidat officiel à la présidentielle polonaise. Leader de son parti, le Parti des agriculteurs de Pologne (PSL), Waldemar Pawlak est également vice-premier ministre. Né en 1959 et polytechnicien, il a été par deux fois premier ministre, en juillet 1993 (gouvernement éphémère sans cabinet), puis du 26 octobre 1993 au 1er mars 1995.
À l’élection présidentielle de 1995, il obtient 4,31% des suffrages, soit 770 000 voix. Mais c’est son bon score aux législatives de 2007 qui permet à son parti d’obtenir une majorité au Parlement en s’alliant à la Plate-forme civique (PO) de Donald Tusk, qui nomme M. Pawlak vice-premier ministre en charge de l’économie.
Grzegorz Napieralski
C’est le candidat choisi par l’Alliance démocratique de gauche (SLD, opposition de gauche) le 22 avril 2010 pour les élections de juin 2010. Il remplace donc dans la course présidentielle, qui devait initialement avoir lieu à l’automne, Jerzy Szmajdziński, décédé dans le crash de Smolensk.
Jeune homme politique né en 1974, diplômé en sciences politiques, il entre en politique en 1995 en devenant le secrétaire de la division de Szczecin du Parti social-démocrate de Pologne. Il assure ces fonctions jusqu’en 1999, mais sa carrière débute réellement en 2004 lorsqu’il est élu à la Diète en remplacement de Bogusław Liberadzki qui est devenu député européen. Il est réélu à ce poste en 2005 et 2007.
En 2008, il est désigné comme ‘chairman’ de l’Alliance démocratique de gauche.
Andrzej Olechowski
Autre candidat de la Platefome civique (PO), Andrzej Olechowski, né 1947 à Cracovie est un économiste.
Il fut ministre des Finances en 1992, puis ministre des Affaires étrangères de 1993 à 1995. Membre du conseil de surveillance de Vivendi, il est l’un des fondateurs de la Plate-forme civique, en 2001.
En vertu de la législation polonaise, si aucun candidat ne parvient à atteindre au moins 50% des suffrages, un second tour de scrutin sera organisé deux semaines plus tard, le 4 juillet prochain.
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