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Pourquoi le changement climatique est un enjeu pour l’Europe

Les rapports scientifiques du GIEC, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, sont formels : le changement climatique a lieu et aura des conséquences environnementales, économiques et sociales non négligeables dans toutes les régions du monde. Quelles sont les différents scénarios pour l’Europe et le monde ?

Rajendra Pachauri, président du GIEC

L’Europe en 2100 : le scénario du pire

D’après le cinquième rapport des experts du GIEC, trois risques majeurs pèsent sur l’Europe et ses habitants à l’horizon 2100 si la température venait à augmenter de 4,8°C :

  • Une augmentation des pertes économiques dues à l’augmentation des inondations. Augmentation des précipitations, accroissement du niveau des mers, érosion des côtes, pollution des rivières et des nappes phréatiques : autant de risques tangibles qui découleraient d’une hausse de 4,8°C des températures. Un pays comme les Pays-Bas pourrait être inondé sur plusieurs centaines de kilomètres carrés et les embouchures des rivières et des fleuves européens pourraient sortir de leur lit actuel ;
  • Un renforcement des restrictions visant l’utilisation de l’eau. Une diminution des eaux souterraines et des rivières disponibles, couplée à une augmentation de la demande, toucherait tous les secteurs : agriculture, industrie, énergie, mais aussi l’usage domestique. En Europe, la région méditerranéenne serait l’une des premières victimes de ce phénomène, tandis que les sécheresses seraient de plus de plus fréquentes ;
  • Une multiplication des épisodes de chaleur extrême. Leur fréquence serait appelée à doubler, voire à tripler et ces vagues de chaleur auraient des incidences sur l’économie européenne, la productivité, la production agricole, la santé, le bien-être de la population, la qualité de l’air ou encore la récurrence des feux de forêt.

Ce “scénario du pire” établi par le GIEC est probable si rien n’est fait, car la planète se trouve d’ores et déjà sur cette trajectoire. D’autres scenarios moins dramatiques ont également été présentés, mais ils ne sont réalisables qu’à condition de réussir à limiter l’augmentation de la température globale, et donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le meilleur des cas, l’augmentation des températures moyennes globales pourrait être contenue dans une fourchette de 1 à 2,4°C.

Un seuil à ne pas franchir : +2°C d’ici à 2100

Chiffre central du cinquième rapport du GIEC : les experts estiment avec 95% de certitude que les activités anthropiques sont responsables du changement climatique. Partant, si la responsabilité de l’homme est engagée, cela suggère qu’il est de son ressort de limiter ce changement climatique.

Logique par conséquent que ce cinquième rapport soit directement destiné aux décideurs politiques et économiques, afin de les inciter à agir pour rester sous le seuil fatidique des 2°C au-delà duquel les conséquences environnementales sont irréversibles. Pour atteindre cet objectif, les émissions totales cumulées devront être contenues entre 1 000 et 1 500 gigatonnes de carbone d’ici à 2100. Or en 2011, le total de ces émissions, par ailleurs en accélération, avait déjà atteint 531 gigatonnes. Il faudrait par conséquent une diminution des émissions de gaz à effet de serre de 10% par décennie pour limiter l’augmentation de température sous les 2°C.

Des solutions locales, régionales et globales

Plusieurs solutions ont été identifiées par le GIEC. Dans le secteur énergétique, l’amélioration de l’efficacité énergétique et les changements de comportement seraient la clé pour une réduction significative des émissions. Dans celui des transports, dans un contexte d’augmentation du trafic et du nombre de passagers, le développement des transports en commun et des modes de transport doux, cumulé ici aussi à un accroissement de l’efficacité énergétique, sera nécessaire. Dans le domaine de l’agriculture, une gestion durable des terres doit devenir la norme, tout comme la lutte contre la déforestation. Ces efforts sectoriels sont appelés à être soutenus par le développement conséquent des énergies renouvelables et la généralisation des normes écologiques, dans la construction notamment.

A cet égard, les responsables politiques pourront s’appuyer sur la Convention-cadre des Nations unies pour les changements climatiques (CCNUCC), forum d’échange multilatéral sur les questions climatiques. Le Protocole de Kyoto en était le fruit. Il a connu certains échecs, en raison de la non-signature ou du désengagement de certains Etats, mais aussi des réussites : l’Union européenne s’était ainsi engagée à réduire ses émissions de 20% d’ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990. Un objectif en passe d’être atteint et qui, d’après l’Agence européenne de l’environnement, sera dépassé.

En 2009, lors de la Conférence de Copenhague (COP 15), un consensus a minima a pu émerger pour adhérer à la recommandation du GIEC de limiter le réchauffement à 2°C. Il a ensuite été décidé qu’un nouvel accord juridiquement contraignant serait signé à Paris en 2015 à l’occasion de la COP 21 afin de lancer un “après-Kyoto” . En prévision de cette nouvelle conférence, les différentes parties ont reçu pour consigne d’énoncer leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En ce qui concerne l’Europe, l’une des régions du monde les plus sensibles aux rapports alarmants du GIEC, un accord a été trouvé pour une réduction des émissions de 40% d’ici à 2030.


* Article écrit dans le cadre d’un projet collectif avec Sciences Po Paris, dont les participants sont Hugo Lequertier, Abderrazak Ouassat, Lucile Rogissart et Claire Sandevoir

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