Votre rapport “Sport handicap loisir” a été adopté à l’unanimité par le Comité des Régions (CdR). Etes-vous satisfait que l’UE se saisisse de cette question ?
J’ai eu la chance à titre personnel d’être médecin dans des établissements accueillant des personnes avec des handicaps très variables, que ce soit au centre d’éducation motrice de Montrodat ou dans le cadre de l’association “Le Clos du Nid” , et j’ai pu constater le rôle que pouvait jouer le sport sur la santé et le bien-être des patients.
J’ai donc à cœur de montrer que le Comité des régions fait partie des institutions motrices sur ce sujet, parce que nous, élus locaux, nous vivons cette réalité humaine sur le terrain. Nous sommes donc en mesure de rapprocher l’UE des initiatives promues par les associations, clubs et écoles.
Quelles sont les principales préconisations de votre rapport ?
Jacques Blanc : Il repose sur une position équilibrée entre la volonté d’assurer un maximum d’intégration des personnes en situation de handicap et leur nécessaire prise en charge par des structures adaptées spécialisées. En premier lieu, cela implique des professionnels ayant un bon niveau d’éducation et de formation, y compris des bénévoles, qui jouent un rôle de premier plan. Je pense aussi que la mise en place de programmes sportifs accessibles à tous devrait être encouragée, notamment à l’école.
Je viens d’un département, la Lozère, qui a fait de l’accueil sanitaire et social des personnes en situation de handicap l’une de ses priorités. De nombreuses initiatives y sont menées ; je pense notamment au pôle sport handicap loisir du centre d’éducation motrice de Montrodat, qui accueille les équipes de haut niveau handisport et organise des Jeux Partagés. Toujours en Lozère, l’Association “Le Clos du Nid” a su être moteur du Comité Départemental du Sport Adapté qui organise de nombreuses manifestations en liaison avec les communes par exemple la journée “Sport et Amitié” .
Je n’oublie pas non plus l’Institut Equiphoria, bon exemple de sport santé. Il est important de diffuser ces bonnes pratiques, et de voir comment elles peuvent phosphorer en Europe. C’est pourquoi mon rapport propose que soit institué un système de responsables régionaux du développement du sport pour personnes en situation de handicap.
Ce rapport prend aussi en compte les initiatives qui seront mises en œuvre prochainement par l’UE. Ainsi, pourquoi ne pas imaginer au cours de la “Semaine européenne du sport” qui devrait voir le jour en 2015, une “Journée européenne du sport pour les personnes en situation de handicap” ?
Je propose aussi que soit créé un groupe d’experts européen sur cette question, et qu’une référence claire à la nécessité de faciliter l’accès des personnes en situation de handicap soit inscrite dans les priorités du programme Erasmus+.
Enfin, parce que la question du financement demeure un élément-clé, nous voulons que le recours aux fonds structurels soit encouragé pour le développement d’infrastructures sportives accessibles et ouvertes à tous au niveau local et régional.
Le nombre de personnes qui souffrent de handicap en Europe est impressionnant (environ 80 millions de personnes). L’UE se doit de prendre en compte cette dimension dans sa nouvelle approche du sport.