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L’Europe dans le programme socialiste pour 2012

Le Parti Socialiste présente mardi 5 avril son programme pour l’élection présidentielle de 2012 en France. Tout au long de la campagne présidentielle, nous vous offrirons des analyses des propositions de tous les candidats à cette élection. Toute l’Europe vous propose de découvrir le chapitre consacré à l’Europe (page 18) dans le programme socialiste.

Alors que l’élection présidentielle n’aura lieu qu’en 2012 et que le candidat socialiste n’est pas encore connu, le Parti socialiste propose dès aujourd’hui son programme “pour préparer le changement en 2012” . Pour lui, il faut un “redémarrage européen” , une “relance de l’Europe” qui soit un “axe central de l’ambition française” . Ce qui revient à dire en creux que le projet européen est à l’arrêt.

Du point de vue de la forme, les termes “Europe” ou “européen” reviennent 80 fois dans le programme. Un chapitre entier est consacré à la vision de la construction européenne du principal parti d’opposition en France (page 18). A la fin du document, dans les “priorités 2012” , quatre propositions concernant la thématique européennes sont présentes :

  • l’émission d’eurobonds, afin de financer les investissements du futur et les champions industriels de demain ;

  • augmenter les droits de douanes pour les pays ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale ;

  • la mise en place d’un Communauté européenne des Energies pour assurer une certaine indépendance énergétique à notre continent ;

  • instaurer au niveau européen une taxe de 0.05% sur les transactions financières.

Une vision de l’Europe très franco-allemande faisant bloc avec l’Afrique

Le Parti socialiste se dit prêt à “bâtir une avant-garde et changer l’Europe” . Pour ce faire, les socialistes veulent “donner vie aux coopérations renforcées” autour d’un “groupe pionnier adossé à la France et l’Allemagne” . Pour ce faire, sont proposées certaines mesures symboliques pour illustrer cette “nouvelle entente” : la réalisation d’une ligne TGV Paris-Berlin avant 2020, la création d’un office franco-allemand de la recherche.

Une coopération renforcée aurait pour objectif la mise en place d’une communauté européenne des énergies “pour accélérer notre transition énergétique par des investissements massifs pour réduire notre consommation” .

Face aux puissances émergentes dans la mondialisation, le PS souhaite une “Europe qui s’organise géographiquement avec l’Afrique […] en un ensemble régional” ayant pour mission de s’occuper de “la sécurité alimentaire, le climat, l’eau, l’énergie, les migrations, la formation” .

Le protectionnisme européen face “aux pays à bas salaires”

Les socialistes se veulent lucides sur la situation géopolitique et économique de notre continent : “la perspective d’une France et d’une Europe politiquement reléguées […] est malheureusement réelle” . Aussi proposent-ils “une défense réaliste de nos intérêts commerciaux face aux pays à bas salaires et aux espaces protégés par les Etats” .

Pour ce faire, l’instauration d’un protectionnisme européen serait fondée sur le fait que les autres “puissances” commerçant avec l’Europe ne sont pas soumises aux mêmes obligations sociales, sanitaires, environnementales, technologiques” que nos entreprises européennes. En conséquence, il est proposé d’augmenter “les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales” .

Cependant, le Parti socialiste propose de ne recourir à cette mesure radicale qu’en cas d’échec des négociations au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Les manques du programme

Même si une élection présidentielle nationale est forcément plus tournée vers les questions françaises qu’européennes, certains points semblent manquer à ce programme. Par exemple, au-delà de l’annonce du développement “d’une véritable diplomatie européenne” et de la construction de “l’Europe de la Défense” , peu de propositions concrètes se font jour sur ces sujets. De même pour la Politique Agricole Commune (PAC), le programme ne donne pas en l’état de réelles perspectives.

Les socialistes critiquent le fait que “la droite française, à l’unisson des droites européennes, privilégie l’approche intergouvernementale” mais dans le même temps, les principales propositions innovantes s’articulent autour du couple franco-allemand et des coopérations renforcées. A noter également que le Parti socialiste européen n’est cité qu’une seule fois dans ce texte.

Le chapitre consacré à l’Europe (page 18) :


Le défi du redémarrage européen

L’inachèvement politique et social de l’Europe se fait chaque jour plus durement sentir. La paix, la souveraineté alimentaire, de grandes réussites industrielles, la réduction des inégalités entre anciens et nouveaux pays membres, un revenu moyen par tête parmi les plus élevés du monde, une monnaie commune qui a protégé dans la crise - ce que l’Europe a apporté est considéré comme acquis. Alors même qu’il s’agit de réalisations à consolider et, surtout, à prolonger. L’Europe actuelle s’illustre par une insuffisante concertation dans la crise, le manque de solidarité envers les États asphyxiés par la dette et les marchés, l’incohérence dans les instances internationales dès qu’il est question de fiscalité écologique, l’incapacité à protéger ses entreprises, ses brevets, ses salariés dans la compétition internationale.

Pour faire de l’Europe une zone de croissance durable, des leviers existent : une coordination des politiques économiques fondée sur un pilotage fin de la monnaie et du budget, l’intégration de l’économie et de l’écologie, la souveraineté énergétique et le développement des énergies renouvelables, une ambition scientifique, technologique et culturelle forte, mais aussi une défense réaliste de nos intérêts commerciaux face aux pays à bas salaires et aux espaces protégés par les États.

Pour y parvenir, donnons vie aux “coopérations renforcées” , proposons les contours d’un groupe pionnier adossé à la France et à l’Allemagne, autour d’objectifs précis et de frontières claires. Ce groupe pionnier sera le moteur des réformes institutionnelles nécessaires pour redonner force et ambition au projet européen : une nouvelle gouvernance économique pour donner à l’Europe un véritable pilote dans la mondialisation, le renforcement des capacités diplomatiques, mais aussi l’approfondissement démocratique pour que chaque Européen devienne partie prenante de l’Europe.

Nous voulons une Europe qui s’engage résolument pour le développement, pour la résolution des conflits et la promotion de la paix en développant autant que possible une véritable diplomatie européenne et construisant l’Europe de la Défense, pour la lutte contre le terrorisme en protégeant les citoyens par les moyens modernes respectueux du droit, et en aidant les pays en développement et leurs peuples à combattre les organisations terroristes. Une Europe qui s’organise géographiquement avec l’Afrique face aux grandes régions mondiales d’Amérique et d’Asie en un ensemble régional qui aura pour mission de relever les défis communs comme la sécurité alimentaire, le climat, l’eau, l’énergie, les migrations, la formation.

La droite française, à l’unisson des droites européennes, privilégie l’approche intergouvernementale, ce qui nuit à l’intérêt général européen. La relance de l’Europe doit, au contraire, redevenir un axe central de l’ambition française.

En savoir plus :

retrouvez l’ensemble du programme sur le site du Parti socialiste

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