Signe des temps, l’édition 2011 du “SIA” se “boboïse” avec la mise en place de trois nouveaux villages : “Beauté et mode au naturel” , “Habitat, aménagement et décor au naturel” lui aussi, et un village “dédié au tourisme vert rural et équestre” , tandis que la traditionnelle vache mascotte (cette année, place à “Candy la Vosgienne”) arbore toujours fièrement (avec un regard presque hautain) les affiches du salon.
Ce n’est pas non plus un hasard le thème choisi cette année est “Agriculture et alimentation, le modèle français” . Comme nous le confirme une personne au stand du ministère de l’agriculture, ce “modèle” doit être aujourd’hui défendu tant pour la réforme de la Politique agricole commune d’ici à 2013, qu’au niveau mondial dans le cadre du G20 (présidence française) ou face à l’OMC (conclusion du cycle de Doha).
“Diversité” , c’est le mot qui ressort aussi bien de la bouche des responsables du Ministère, de la Confédération paysanne (Guy Bessin, laitier en Basse-Normandie) ou de la FNSEA (Joël Limouzin, président de la FRSEA Pays de la Loire) pour le décrire : contre la trop grande spécialisation qui caractérise d’autres pays d’Europe et la concentration de la production sur certaines régions.
De son côté, M. Limouzin insiste sur l’évolution des exploitations agricoles : de familiales elles sont devenues “à taille humaine” , et attirent de plus en plus de personnes non issues de ce monde. Ainsi, 30% des jeunes agriculteurs aujourd’hui n’ont aucun lien familial avec l’agriculture.
Alimentation et environnement
Alors que les prix agricoles recommencent à flamber, M. Bessin explique que la future PAC, évidemment nécessaire, doit avoir pour objectif principal la question alimentaire, en renonçant à la vocation exportatrice de l’Europe et à la concurrence avec les autres continents. Il faut également “en finir avec les agrocarburants” .
Le Salon est aussi l’occasion de rappeler que 2011 a été décrétée Année internationale des forêts et année mondiale vétérinaire. Comme nous le rappelle Jean-Michel Douche de l’Office national des forêts (ONF), l’enjeu de la première est en particulier de sensibiliser l’importance de la gestion durable et de la conservation des forêts, en soulignant leur potentiel dans la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité, mais aussi l’atout économique de la filière bois (En savoir plus). La seconde, nous informe Moritz Klemm de la Commission européenne (DG SANCO), met à l’honneur le rôle des vétérinaires dans la santé de l’homme : sécurité sanitaire des aliments, contrôle de la viande, prévention des maladies transmissibles à l’homme (zoonoses)… mais aussi la nécessité de doubler les apports en protéines pour nourrir le monde (En savoir plus).
Quant à l’environnement, il revient cette année encore sur le devant de la scène (on se rappelle du “ça commence à bien faire” du président Sarkozy lors de l’édition 2010) avec la campagne “choc” de sensibilisation aux excès de l’agriculture industrielle par l’association France Nature Environnement et la publication par une journaliste de Marianne (Isabelle Saporta) du “Livre noir de l’agriculture” , dans lequel sont révélés les dysfonctionnements écologiques et sanitaires du fameux modèle agricole français. A la Confédération paysanne on abonde dans le même sens (“les algues vertes ne sont pas un fantasme, ça existe bien”) et déplore l’importance des conflits d’intérêts (“il faut mettre fin aux connivences entre ceux qui délivrent les autorisations et les industries phytosanitaires”). Les mesures de transparences entraînées par le scandale du Médiator ouvrent-elles la voie à une évolution similaire dans le monde agricole ? M. Bessin l’espère…
A la FNSEA, on assume qu’il “reste des efforts à faire sur les produits phytosanitaires, mais ceux-ci ont énormément diminué depuis plusieurs années” . Si, et c’est tant mieux, “depuis quelques années l’environnement s’est emparé du dossier agricole” , M. Limouzin rappelle que la diversité des agricultures passe par la diversité des modes de production. Parce qu’il y a “d’un côté l’alimentation pour se nourrir, de l’autre l’alimentation pour se faire plaisir” , il faut “marier production et environnement” , le Grenelle de l’environnement, dont la barre a été mise assez haut, devant maintenant être mis en œuvre.
En savoir plus
Le site du Salon International de l’Agriculture 2011
L’actu du salon en direct - Ministère de l’Agriculture