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Italie : des élections scrutées de près par les Européens

La coalition de droite et d’extrême droite menée par Giorgia Meloni est favorite des élections générales italiennes, dimanche 25 septembre. La dirigeante du parti postfasciste Fratelli d’Italia pourrait prendre la tête du gouvernement : une perspective qui inquiète à Bruxelles.

Giorgia Meloni est intervenue au CPAC 2022, le grand rassemblement des conservateurs américains
En février 2022, Giorgia Meloni est intervenue au CPAC, le grand rassemblement des conservateurs américains - Crédits : Vox España / Wikimedia Commons

“Ciao Italia ?”, questionne 20 Minutes en Une de son édition du jour. “Les Italiens sont appelés aux urnes dimanche [25 septembre] pour des élections législatives anticipées après la démission, en juillet, du président du Conseil Mario Draghi, lâché par ses alliés” [Les Echos]. “Personne ne doute que Fratelli d’Italia sera le vainqueur de ce scrutin” [Il Sole 24 Ore]. Mais “la question est de savoir jusqu’où la barre sera placée”, selon le journal économique italien.

En tête des sondages, avec 24,4 % des voix, on retrouve [en effet] la candidate d’extrême droite - souvent considérée comme postfasciste - Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia”, explique 20 Minutes. Selon le quotidien, ces derniers “ont de grandes chances de remporter l’élection via une coalition des droites menée avec l’ancien président du Conseil Silvio Berlusconi (Forza Italia) et Matteo Salvini”, à la tête du parti d’extrême droite la Lega (Ligue).

La filiation de Giorgia Meloni n’a rien à voir avec l’étiquette de ‘centre droit’ qu’elle revendique” [L’Humanité]. Elle est “héritière du Movimento sociale italiano (MSI), le parti fondé par les anciens membres du régime fasciste en 1946″, rappelle L’Opinion. Et “si Giorgia Meloni s’installe au palais Chigi, ce sera la première fois dans l’histoire de l’Union européenne qu’un des pays fondateurs est gouverné par l’extrême droite”, relève pour sa part L’Obs.

Une politique internationale qui interroge

Que pourrait réaliser un tel gouvernement ? Sur le plan diplomatique, “le programme commun de la coalition prévoit de respecter les accords internationaux de l’Italie, de rester dans l’Otan, de soutenir l’Ukraine […] et de ne pas quitter l’Union européenne”, détaille L’Obs.

La guerre d’Ukraine est le dossier le plus important du moment, sous toutes ses dimensions ; c’est aussi le sujet qui divise les partenaires de la future coalition” [France inter]. “La position sur la guerre [en Ukraine] et le rapport avec la Russie a éloigné [Giorgia] Meloni et le leader de la Ligue à plusieurs reprises, même si, au cours de la dernière semaine, [Matteo] Salvini a résolument dévié vers une position plus conforme à la position euro-atlantique” de Fratelli d’Italia, fait savoir Il Sole 24 Ore. Partie prenante à cette coalition des droites, Silvio Berlusconi a repris jeudi 22 septembre les mots de la propagande du Kremlin dans une interview sur la chaîne publique Rai [La Repubblica]. Le chef de Forza Italia y a parlé d’ ”opération spéciale”, plutôt que de “guerre”, et a estimé que Vladimir Poutine “voulait seulement remplacer [Volodymyr] Zelensky par un gouvernement de gens honnêtes”.

Une Italie qui changerait de position pourrait compromettre la très large unité européenne sur l’Ukraine qui s’est forgée au cours des sept derniers mois – seule la Hongrie de Viktor Orbán fait exception par sa ‘poutinophilie’ “, note Pierre Haski sur France inter.

Les Européens regardent vers Rome

Les responsables européens ne veulent pas commenter les politiques nationales, mais il règne généralement une atmosphère d’appréhension lorsqu’un nouveau gouvernement aux comportements imprévisibles peut arriver au pouvoir” [Euronews]. En témoigne le message passé par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi 22 septembre. “Si les choses tournent mal en Italie, nous avons des outils, comme dans le cas de la Pologne et de la Hongrie”, a-t-elle déclaré depuis l’université de Princeton aux Etats-Unis [Corriere della Sera]. “Des déclarations qui ont déclenché une tempête sur les réseaux sociaux et qui n’ont pas été accueillies favorablement par de nombreux politiciens” italiens [Il Giornale]. La cheffe de l’exécutif européen fait notamment référence au mécanisme liant le versement des fonds européens au respect de l’état de droit. Adopté en décembre 2020, il permet de sanctionner financièrement les Etats coupables de violations des droits fondamentaux.

La probable victoire de Giorgia Meloni “fait [aussi] craindre une nouvelle crise de la dette, semblable à celle que la zone euro a connue il y a dix ans” [La Croix]. “Son programme prévoit en effet de renégocier l’utilisation des fonds du plan de relance européen, ce qui pourrait déboucher sur un bras de fer avec Bruxelles”, poursuit le journal. “Le plan de relance italien est de 230 milliards d’euros, dont 191 financés par l’Europe”, rappelle Alternatives économiques.

La coalition “susceptible de remporter les élections a, dans son effort de dédiabolisation, mis en sourdine toutes les impulsions eurosceptiques”, remarque cependant l’économiste Francesco Saraceno dans le magazine. Et si l’écart se creusait entre les taux d’emprunt italiens et allemands, un indicateur de risque pour la dette de la péninsule, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait utiliser son “nouvel instrument dit ‘anti-fragmentation’ qui lui permettra de réagir massivement en cas de dérive” [La Croix]. Ce mécanisme doit permettre à l’institution de soutenir un pays dans lequel les acteurs publics et privés peinent à obtenir des financements en raison du niveau élevé d’intérêt de la dette.

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