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Suède, Italie, Bulgarie… des élections à forts enjeux dans l'Union européenne

De septembre à novembre, six élections nationales se déroulent dans les Etats membres de l’UE, certaines à haut risque pour l’Europe. Après les Suédois et les Italiens, qui ont tous les deux vu une percée de l’extrême droite lors des législatives, c’est au tour des Lettons ou encore des Bulgares de se rendre aux urnes dans les prochaines semaines.

Après les élections en Suède et en Italie, d’autres scrutins législatifs et présidentiels auront lieu en Lettonie, Bulgarie, Autriche et Slovénie - Crédits : Toute l’Europe

11 septembre : élections législatives en Suède

Les premiers scrutins de la rentrée européenne se sont déroulés en Suède : le 11 septembre, le pays a tenu ses élections générales, régionales et municipales. Les premières visaient à renouveler les 349 sièges de la chambre unique du Parlement (Riksdag) pour quatre ans. 

Au terme d’un scrutin extrêmement serré (et dont les résultats définitifs ont mis plusieurs jours avant d’être annoncés), le bloc formé par trois partis de droite et le parti d’extrême droite des Démocrates de Suède est arrivé premier d’une courte tête. Avec 176 sièges, il devance le bloc de gauche (173 sièges) mené par la Première ministre sortante, la sociale-démocrate Magdalena Andersson. Hier encore à la tête d’un gouvernement minoritaire (sans majorité au Parlement ni partenaires de coalition officiels), son parti est arrivé en tête des votes avec un score de 32,7 %, mais il peut difficilement prétendre à former un gouvernement. Magdalena Andersson a reconnu la défaite de la gauche et la victoire du bloc droite-extrême droite et a présenté sa démission jeudi 15 septembre.

Arrivés en deuxième position avec 20,5 % des voix, les Démocrates de Suède apparaissent comme les grands vainqueurs du scrutin. Issu d’un groupe néonazi, ce parti d’extrême droite a opéré sa dédiabolisation depuis 2005 sous la coupe de Jimmie Åkesson. Il est parvenu à marquer la campagne électorale par ses thèmes de prédilection : l’insécurité et l’immigration.

En troisième position, le parti conservateur des Modérés a obtenu 17,9 % des voix. Si son leader Ulf Kristersson a exclu de former un gouvernement de coalition avec l’extrême droite, l’éventuel soutien sans participation des Démocrates de Suède pourrait toutefois lui permettre de prendre les rênes du pays. 

Désigné lundi 19 septembre pour former un gouvernement par le président du Riksdag, le parlement suédois, Ulf Kristersson a expliqué que les négociations pourraient s’avérer longues. Mais le temps presse car une autre échéance approche pour le gouvernement suédois : le pays préside le Conseil de l’UE à partir du 1er janvier 2023.

25 septembre : élections générales en Italie

Plus au sud, les Italiens ont choisi leurs députés et sénateurs dimanche 25 septembre. Le scrutin devait se tenir entre février et mai 2023, mais le pays a connu en juillet 2022 sa quatrième crise politique en quatre ans. Les défections du Mouvement 5 étoiles (antisystème), puis de Forza Italia (droite) et de la Ligue (extrême droite) avaient provoqué la chute du gouvernement hétéroclite de Mario Draghi.

Seule grande formation à ne pas avoir participé à ce gouvernement, le parti post-fasciste Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) est arrivé en tête du scrutin avec plus de 26 % des voix. Issu en 2012 du Mouvement social italien, fondé par des adeptes de l’ancien dictateur Benito Mussolini, il est aujourd’hui mené par Georgia Meloni. L’alliance conclue par cette dernière avec Forza Italia, formation dirigée par l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi (environ 8%), et la Ligue de Matteo Salvini (environ 9 %) totalise plus de 44 % des suffrages, s’assurant la majorité des sièges à la Chambre des Députés ainsi qu’au Sénat. Georgia Meloni devrait vraisemblablement devenir la première femme présidente du Conseil italien, au terme de négociations entre les différents partis de droite et d’extrême droite, qui doivent s’entendre sur la composition du futur gouvernement.

18 mois après l’éviction de Mario Draghi de la tête du Conseil italien, les milieux européens s’inquiètent de la politique que pourrait mener ce trio marqué par l’euroscepticisme et ses accointances (pour Salvini et Berlusconi) avec la Russie de Vladimir Poutine. Si la coalition a promis de respecter les alliances internationales de l’Italie, ses engagements vis-à-vis de l’Otan ainsi que son soutien à l’Ukraine face à la Russie, sa campagne a mis aussi particulièrement en avant “l’intérêt national” du pays.

Déjà marquée par une dette de plus de 150 % de son PIB, la fragile santé économique de la péninsule est susceptible de menacer les autres membres de l’UE. Premier bénéficiaire du plan de relance européen adopté en juillet 2020, l’Italie a aujourd’hui reçu un quart des 192 milliards d’euros qui doivent lui être alloués. Or, les prochains versements de la Commission européenne dépendent aussi de la mise en œuvre de réformes auxquelles le pays s’est engagé. Des mesures que Georgia Meloni souhaite réorienter pour alléger directement la facture énergétique des consommateurs.

Face à la coalition de droite, les forces de la gauche et du centre ne sont pas parvenues à s’unir. Le Parti démocrate mené par Enrico Letta (sociaux-démocrates) est arrivé en seconde position avec environ 19 % des votes. Le Mouvement 5 étoiles de Giuseppe Conte (antisystème) arrive troisième avec un peu plus de 15 % des suffrages, tandis que le parti “Azione” de Carlo Calenda (centre droit) collecte un peu moins de 8 % des voix.

1er octobre : élections législatives en Lettonie

Le 1er octobre, les Lettons éliront les 100 députés de leur Parlement (Saiema) pour quatre ans. Selon les derniers sondages, de nombreux partis en lice (sur un total de 19) sont susceptibles d’obtenir plus de 5 % et donc au moins un siège, brouillant les projections sur la composition du futur gouvernement. Avec 19 % des intentions de vote, le parti Unité du Premier ministre sortant Krišjānis Kariņš (conservateur) mène actuellement la course en tête.

2 octobre : élections législatives en Bulgarie

Les Bulgares choisiront quant à eux leurs 240 députés le 2 octobre, le gouvernement pro-européen et anti-corruption de Kiril Petkov ayant chuté en juin après la défection de l’un des quatre partis de sa coalition. Il s’agit de la quatrième élection depuis avril 2021, le pays étant en proie à une importante crise politique. A la mi-septembre, le parti conservateur Gerb, mené par l’ancien Premier ministre Boïko Borissov, était en tête des sondages avec 26 % des intentions de vote, devant le parti de Kiril Petkov (19 %). 

La question du positionnement du pays vis-à-vis de la Russie est un enjeu important de la campagne. Le gouvernement intérimaire soutenu par le président pro-russe Roumen Radev est récemment revenu sur plusieurs mesures de son prédécesseur visant à prendre ses distances avec Moscou et notamment de son gaz, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Si les deux partis favoris sont pro-européens, les principales forces pro-Kremlin cumulent un peu plus de 20 % des intentions de vote. 

Octobre et novembre : élections présidentielles en Autriche et en Slovénie

Deux élections présidentielles doivent également se tenir, en Autriche le 9 octobre et en Slovénie en octobre-novembre (premier et second tours). Si dans les deux Etats la fonction présidentielle est essentiellement honorifique, l’actuel président autrichien Alexander Van der Bellen, écologiste élu en 2016 face à l’extrême droite, a joué un rôle important lors de la crise politique qu’a connu son pays en 2019. Il avait pris la décision de nommer l’ex-présidente de la Cour constitutionnelle Brigitte Bierlein à la tête d’un gouvernement indépendant. Face à une extrême droite en hausse dans les sondages, M. Van der Bellen est candidat pour un second mandat. 

Mai 2024 : élections européennes

Il reste encore un peu de temps pour se préparer à l’élection, dans les 27 Etats membres, des 705 députés du Parlement européen.

Dans plusieurs pays toutefois, les partis s’y préparent déjà. Comme en France, où il s’agit du prochain vote au scrutin universel direct – les sénateurs seront quant à eux partiellement renouvelés par des “grands électeurs” à l’automne 2023. A gauche notamment, les partis qui avaient choisi de s’unir lors des législatives débattent depuis l’été sur l’opportunité de reconduire cette stratégie pour les européennes 2024.

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