Mardi 16 septembre, une Française a été infectée par le virus d’Ebola au Libéria. Conduite le jour même dans un centre d’isolement, la bénévole de Médecins sans frontières n’avait toujours pas été rapatriée en France jeudi matin. “Ca fait déjà plus de 40 heures et c’est trop long” , déplore Bertrand Draguez, directeur médical de l’ONG. Le Libéria est particulièrement touché par l’épidémie.
” Sur l’ensemble des pays touchés par Ebola, le Libéria est celui dans lequel le nombre cumulé de cas et de décès notifiés est le plus élevé, s’élevant au 8 septembre à près de 2 000 cas et plus de 1 000 décès” , rapporte l’Organisation mondiale de la santé. Le 10 décembre, le ministre de la défense libérien a affirmé au Conseil de sécurité des Nations unies que l’épidémie “menaçait l’existence même du pays” . Celui-ci a répondu en affirmant que l’épidémie était une “menace pour la paix et la sécurité internationales” . Lorsque la flambée a commencé, le Libéria ne comptait qu’un seul médecin pour près de 100 000 personnes, pour une population totale de 4,4 millions d’habitants.
Une action trop lente
D’un point de vue général, la lenteur de la réaction de la communauté internationale est très critiquée par les ONG sur le terrain, qui tentent d’enrayer la propagation du virus. “Six mois après son début, le monde est en train de perdre la bataille contre la pire épidémie d’Ebola de l’histoire” , a prévenu le docteur Joanne Liu, présidente internationale de l’ONG, devant les Nations unies le 2 septembre. Elle a accusé les Etats d’avoir “rallié une sorte de coalition mondiale de l’inaction” .
Lors d’une session plénière le 18 septembre, les parlementaires européens ont tâché de réagir en déclarant que “la communauté internationale doit jouer un plus grand rôle” , ils soulignent dans leur résolution “qu’il ne s’agit pas d’un problème de l’Afrique de l’Ouest, mais plutôt d’un problème à l’échelle mondiale” .
Depuis mars 2014, la Commission européenne a annoncé la mobilisation de plus de 147 millions d’euros, sous forme d’aide humanitaire et d’aide au développement afin de contenir la propagation du virus. Toutefois, sur cette enveloppe “seuls 11,9 millions sont destinés en particulier à certains des besoins humanitaires les plus urgents” , rapportent les eurodéputés.
La nécessité de coordination
L’important pour les Européens est désormais de coordonner les différentes actions réalisées par les 28 États membres et par la Commission européenne. C’est déjà ce qu’avait demandé Mariano Rajoy, le 30 août, après le premier décès d’une Européenne, espagnole, de l’épidémie. La dernière annonce en date est celle du président français François Hollande, le 18 septembre, à propos de la future mise en place d’un hôpital militaire en Guinée pour lutter contre le fléau. Les députés européens ont invité la Commission, dans leur résolution du 18 septembre, à redoubler d’efforts et à coordonner des actions avec les Nations unies.
De leur côté, les États-Unis ont l’intention d’envoyer près de 3 000 militaires en Afrique, pour participer à la création de nouveaux centres de traitements. Barack Obama a également demandé au Congrès d’approuver le déblocage de 88 millions de dollars supplémentaires, portant à 250 millions la contribution des États-Unis dans la lutte contre le virus. Afin de lutter contre l’épidémie Ebola, l’ONU prévoit quant à elle de mobiliser 987,8 millions de dollars, soit 763 millions d’euros.
“Les promesses de financement et le déploiement de quelques experts ne peuvent pas suffire » (…), a cependant prévenu Joanne Liu, présidente internationale de Médecins sans frontières . “Le temps des réunions et de la planification est fini, il est maintenant temps d’agir.”