Après les banques, les centrales nucléaires européennes pourraient prochainement se voir imposer des “stress tests” , d’une autre nature… suite à l’incident de Fukushima au Japon, une majorité d’Etats membres se sont en effet déclarés favorables à la mise en œuvre de telles mesures de contrôle en fonction de normes communes de sécurité pour les 143 réacteurs nucléaires en activité de l’UE, voire ceux des Etats voisins.
Plusieurs pays européens, ainsi que le commissaire européen à l’Energie Günther Oettinger, plaident ainsi pour que les Etats frontaliers de l’UE (Russie, Turquie, Suisse, l’Ukraine…) tirent également les conséquences de la crise nucléaire japonaise puisque les nuages radioactifs “ne connaissent pas de frontières” . Selon le ministre lituanien des Affaires étrangères, Andronius Azubalis, plusieurs centrales situées “à quelques kilomètres seulement de son pays” en Russie et Biélorussie, seraient construites “en violation de toutes les normes internationales” . Les 27 veulent aussi que la directive existante (Euratom) sur la sécurité nucléaire soit transposée dans les droits nationaux en juillet.
Le sujet devrait être à l’ordre du jour du Conseil européen de vendredi et samedi, qui doit déjà débattre du futur mécanisme européen de stabilisation et de la situation en Libye. Plusieurs éléments font l’objet de vifs débats entre Etats membres.
Ainsi, le sort des centrales qui échoueraient à ces tests reste incertain. Certains Etats souhaitent que les résultats soient connus d’ici la fin de l’année et que les réacteurs qui ne les passeraient pas soient fermés.
Les critères à contrôler restent également à définir : si le ministre français de l’Energie Eric Besson a suggéré d’examiner avant tout le risque sismique, le risque d’inondation, la perte des moyens de refroidissement et les mesures permettant de limiter un accident grave. M. Oettinger et d’autres pays souhaitent ajouter l’âge des réacteurs (Autriche), leur résistance aux chutes d’avion et aux actes terroristes, points que Paris ne considère pas prioritaires. Un catalogue, qui pourra servir de base pour “discuter avec des Etats non membres de l’UE” , selon le commissaire, devrait être élaboré dans les prochaines semaines.
L’Allemagne a regretté pour sa part que la participation des pays reste volontaire, et plaide pour des tests obligatoires. M. Besson s’est quant à lui montré favorable à la participation d’observateurs internationaux aux tests dans chaque pays afin d’en renforcer la crédibilité.
Enfin, critiqué par plusieurs pays dont la France pour des propos tenus la semaine passée (parlant d’ “apocalypse” pour désigner la situation au Japon et affirmant que tous les réacteurs européens ne passeraient pas les tests), M. Oettinger a assuré lundi n’avoir pas voulu créer la panique, mais noté qu’il refusait de minimiser les événements.
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