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[Revue de presse] Week-end électoral : la gauche radicale triomphe en Espagne, la droite eurosceptique prend la présidence en Pologne

Deux pays, deux choix radicalement différents. En Espagne, les élections locales ont confirmé la poussée de Podemos, parti de gauche radicale, la déconfiture du Parti populaire au pouvoir et la remise en cause du bipartisme. En Pologne, l’élection présidentielle a révélé un tout autre verdict. Andrzej Duda, issu de la droite ultraconservatrice et eurosceptique, l’emporte à la surprise générale face au président libéral sortant. Dans ces deux pays, qui organisent leurs élections législatives cet automne, un changement politique d’envergure semble en route.

De gauche à droite : Ada Colau, Manuela Carmena et Andrzej Duda

En Espagne, la gauche radicale avait jusqu’ici le visage d’un homme, l’indigné Pablo Iglesias. Désormais, il aura également celui de deux femmes : Ada Colau, militante de la première heure arrivée en tête à Barcelone et Manuela Carmena, ancienne juge et communiste, proche de ravir la mairie de Madrid. Ce sont “les nouvelles héroïnes de la gauche” d’après l’Express.

Ada Colau, celle qui donne un coup de pied dans la fourmilière” , titre également Euronews. Le média européen explique sa victoire à Barcelone par sa sincérité et son engagement de tous les instants en faveur des “familles victimes du surendettement, de plus en plus nombreuses en Espagne, et qui finissent par se faire expulser de leurs logements et tombent dans l’engrenage de la marginalisation” .

A Barcelone, elle obtient 11 sièges et devance d’une courte tête le Parti populaire (PP, conservateur) actuellement au pouvoir. Emue aux larmes, Mme Colau a déclaré que c’est “le désir de changement [qui] a vaincu la campagne de la peur, de la résignation” [Le Monde/AFP]. Au pouvoir, elle devrait s’attaquer à la corruption et à la réduction des inégalités sociales.

Dans la capitale espagnole, la situation est presque similaire. L’ancienne juge de 71 ans, Manuela Carmena, termine à la deuxième place, derrière la candidate du PP, mais devrait pouvoir compter sur le soutien du Parti socialiste espagnol (PSOE) pour ravir la mairie, que les conservateurs occupent depuis 1991. Jusqu’ici largement inconnue du grand public, celle qui a été militante communiste “a suscité l’enthousiasme” , relate Libération.

C’est donc en vainqueur que Manuela Carmena s’est présentée face à ses supporters en liesse hier. “Le plus singulier, spécial et extraordinaire, dans cette campagne, est que notre unique moyen pour la faire a été l’imagination, la joie et la créativité” , a-t-elle déclamé [Le Monde].

Le PP demeure, à l’échelle du pays, le premier parti, avec 27% des suffrages, mais perd 10 points par rapport aux élections de 2011. Le PSOE recueille quant à lui 25% des voix, et accuse une chute de 2 points. Ce dernier devrait constituer des alliances avec les différents partis de gauche radicale afin de contrôler plusieurs régions, jusqu’ici gouvernées par la droite, comme l’Aragon et Castille-La Manche, rapporte Le Figaro. Le nouveau parti centriste, Ciudadanos, effectue également une percée, avec 6,5% des voix à l’échelle nationale. Pour l’ensemble de la presse, dont Les Echos, nul doute qu’il s’agit ici de la fin du bipartisme, qui régissait la vie politique espagnole depuis la fin de la dictature en 1975.

Dans ce contexte, les prochaines élections législatives, prévues pour décembre, s’annoncent sous haute tension. Le Premier ministre Mariano Rajoy se veut rassurant sur ses chances de réélection, mais il pourrait de nouveau faire les frais de la politique d’austérité sans fin et des multiples scandales de corruption qui ont fortement érodé sa crédibilité.

En Pologne, l’agenda politique est le même. Les électeurs doivent, en septembre, également renouveler leur Parlement. Et l’élection présidentielle, dont le verdict a été révélé dimanche soir, a aussi fait l’effet d’un sérieux avertissement pour le parti, libéral, actuellement au pouvoir. Andrzej Duda, candidat de la droite (très) conservatrice, l’a emporté à la surprise générale face au président sortant, Bronislaw Komorowski, annonce Libération.

M. Duda a su composer avec son manque de notoriété pour séduire des Polonais de plus en plus lassés par une classe politique issue du mouvement Solidarité. Jaroslaw Kaczynski, dont le frère Lech est mort dans un crash d’avion en 2010, s’est ainsi maintenu en retrait dans cette campagne et a laissé son “fils spirituel” battre la campagne en solitaire. Une stratégie payante pour celui que Le Monde qualifie de “gendre idéal” et de “marionnette” de M. Kaczynski.

Naturellement, cette défaite est de mauvais augure pour le Parti libéral, qui peine à se remettre du départ de Donald Tusk à la présidence du Conseil européen. D’autres observateurs, tels que Adam Michnik, leader de l’opposition anticommuniste de gauche, s’inquiètent également du retour en grâce du parti eurosceptique et europhobe. La Pologne risque, selon lui, de “prendre un chemin de velours vers la dictature” [La Croix].

Les relations avec le Parti libéral, au gouvernement, et avec Bruxelles, s’annoncent en tout cas difficiles. Andrzej Duda a en effet promis d’abaisser l’âge du départ à la retraite et de baisser les impôts : des initiatives dont il n’est pas entièrement maître. De plus, le nouveau président entend faire la guerre aux entreprises étrangères ne payant pas d’impôts en Pologne et opérer un nouveau virage atlantique alors que Donald Tusk s’était employé à se rapprocher de l’Europe, explique Le Monde. Enfin, sur le plan social, M. Duda, fervent catholique semble très proche de Viktor Orban, le Premier ministre ultraconservateur hongrois et opposé à l’avortement ou à la défense du droit des femmes [Euronews].

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