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“Stabilité politique” contre “dérives antidémocratiques” : les difficiles enjeux de la présidentielle roumaine

C’est au terme d’une campagne marquée par les scandales et une lutte sans merci entre les partis au pouvoir que les Roumains éliront leur président dimanche 16 novembre. A tel point que les programmes des deux candidats encore en lice restent difficiles à cerner. Et malgré son avance, la victoire n’est pas acquise pour le Premier ministre sortant, Victor Ponta.

Palais présidentiel Cotroceni - Bucarest Roumanie Ponta Basescu Johannis

Avec 40% des suffrages, le chef du gouvernement social-démocrate Victor Ponta est sorti favori du premier tour de l’élection présidentielle roumaine, le 2 novembre. Il affrontera dimanche le libéral Klaus Johannis, maire d’origine allemande de Sibiu, qui a quant à lui obtenu 30 % des voix. Malgré cet écart important, les indications de vote des 12 candidats recalés influenceront donc près d’un tiers de l’électorat.

M. Johannis jouit d’un certain succès dans la gestion de sa ville, en Transylvanie, capitale européenne de la culture en 2007 et dont la transformation en a fait aujourd’hui une destination prisée des touristes. Son programme est axé sur l’emploi des jeunes, la réforme de l’éducation, le rapprochement de la Roumanie avec l’Union européenne et les Etats-Unis et la croissance économique.

Quant à M. Ponta, crédité de 53 % des suffrages dans les derniers sondages, c’est également son bilan économique qu’il a choisi de mettre en avant pendant sa campagne : croissance de 3,5% en 2013 (malgré une récession au deuxième trimestre 2014) et stabilisation du chômage autour de 7%. Les années précédentes, sous la droite, avaient été marquées par l’austérité, conduisant même à la démission du Premier ministre Emil Boc après les manifestations de l’hiver 2011-2012.

L’impossible cohabitation ?

Mais c’est aussi en vue d’une meilleure stabilité politique que de nombreux Roumains semblent à nouveau prêts à voter pour M. Ponta ce dimanche. Ces deux dernières années ont en effet été marquées par les conflits opposant le chef du gouvernement et le président sortant Traïan Basescu, du parti démocrate-libéral.

Au pouvoir depuis 2004, ce dernier a failli être destitué à deux reprises par le gouvernement en place, la dernière tentative en 2012, d’ailleurs condamnée par l’Union européenne, n’ayant pas obtenu les suffrages suffisants des députés.

Parmi les exemples notables de représailles, M. Basescu a accusé M. Ponta, à quelques jours du scrutin d’avoir été un agent infiltré des Services de renseignements extérieurs entre 1997 et 2001, alors qu’il exerçait la fonction de procureur.

L’opposition a également obtenu la démission du ministre des Affaires étrangères le 10 novembre. Elle n’a pas manqué d’accuser également le gouvernement d’avoir volontairement mal organisé le premier tour à l’étranger. Dans plusieurs pays européens, notamment en France, en Italie ou en Espagne, les expatriés ont dû patienter de longues heures avant de pouvoir accéder aux bureaux de vote, un grand nombre n’ayant même pas pu voter. Or la diaspora roumaine vote traditionnellement plutôt à droite.

Les scandales de corruption, mis au jour par le parquet national anticorruption créé sous l’impulsion de la Commission européenne, se sont également multipliés ces dernières années, touchant particulièrement l’entourage de M. Ponta.

Enfin, les commentaires sur le risque de dérive “antidémocratique” du régime ont été repris par certains médias : en cas de victoire de M. Ponta, les sociaux-démocrates contrôleraient à la fois le gouvernement et la présidence du pays. Une situation que connaissent pourtant déjà de nombreux pays européens, y compris ceux dans lesquels le président de la République dispose d’un pouvoir bien plus important qu’en Roumanie…

Mais dans cette démocratie semi-présidentielle, où le président est responsable des affaires étrangères et des nominations dans la haute fonction publique, y compris des chefs des parquets, l’argument fait mouche. D’autant que des doutes subsistent sur l’indépendance de la justice dans le pays, comme le soulignait encore le rapport de la Commission européenne en début d’année, malgré de réelles avancées dont le caractère durable reste incertain.

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