“Peu de pays européens ont des liens aussi étroits - en raison de leur histoire parfois tragique, des migrations et des exils, des échanges commerciaux et de la proximité géographique et culturelle - que l’Espagne et la France”, entame El País.
Après le traité de l’Elysée signé avec l’Allemagne en 1963, et celui du Quirinal avec l’Italie en 2021, Paris signe aujourd’hui “le traité d’amitié ‘de Barcelone’ aux côtés de l’Espagne” [La Croix]. Pour Les Echos, “c’est le sommet de la complicité retrouvée […] après quelques mois compliqués” entre les deux pays. Onze membres du gouvernements français ont fait le déplacement.
Au programme de la journée, “une série d’échanges ministériels et d’accords bilatéraux, en matière de défense, de sécurité intérieure ou de politiques de la jeunesse”, indique le journal économique. Il sera aussi question du grand projet H2Med, “le pipeline sous-marin d’hydrogène qui reliera, d’ici à 2030, les ports de Barcelone et Marseille” [La Croix].
Une voix européenne…
D’autres sujets doivent être abordés, “d’une portée européenne plus large, comme ceux liés aux priorités de la présidence espagnole [du Conseil] de l’Union européenne, prévue pour le second semestre de cette année”, ajoute le journal catalan La Vanguardia. Côté français, “Paris espère rallier Madrid à une riposte européenne musclée face au regain de protectionnisme américain”, explique Courrier international.
Pour l’hebdomadaire français, ce traité d’amitié et de coopération et aussi un moyen pour Paris de renforcer ses relations avec d’autres voisins que l’Allemagne, “au moment où le moteur franco-allemand de l’UE est souvent apparu essoufflé”. Un constat partagé par l’eurodéputé Renew Pascal Canfin, pour qui “Madrid a besoin de Paris sur des sujets comme la réforme du Pacte de stabilité budgétaire ou le projet de fonds de souveraineté européen. En retour, la France peut espérer un soutien de l’Espagne sur des sujets comme l’énergie” [Les Echos].
Côté espagnol, “l’accord signifie rejoindre les rangs de l’Allemagne et de l’Italie, les deux seuls autres pays à avoir conclu un tel traité avec la France”, remarque Politico. Sur la scène européenne, El Confidencial fait valoir que ce traité est un moyen pour le gouvernement espagnol de renforcer ses relations “avec le pays voisin, notamment en vue de coordonner les stratégies à Bruxelles”.
Dans un mouvement réciproque, “en Europe, Macron a besoin de Sánchez, qui a besoin de Macron pour faire valoir son pays dans cette nouvelle Europe. Une relation gagnant-gagnant”, analyse Philippe Saman, ancien directeur pendant quarante-deux ans de la chambre de commerce française de Barcelone, cité par La Croix.
… et un ton catalan
En Espagne, la signature du traité à Barcelone est aussi un symbole, un peu plus de cinq ans après la tenue d’un référendum contesté sur l’indépendance de la Catalogne. “La tenue du sommet dans la capitale catalane, malgré les manifestations de rejet du mouvement indépendantiste, est vendue comme un succès de la politique de désamorçage du conflit”, juge El Confidencial. Signe de cet apaisement : la participation au sommet du président de la Generalitat, la communauté autonome de Catalogne, Pere Aragonès.
Toutefois, malgré une volonté de montrer “que la situation s’est apaisée en Catalogne […] les indépendantistes catalans ne le voient pas ainsi et manifesteront pour protester contre la tenue de ce sommet”, rapporte Courrier international. Le fait de ne pas avoir choisi Madrid est donc “un geste politique non dénué d’arrière-pensée, dans un calendrier politique catalan chargé” [La Croix]. La région autonome n’a toujours pas réussi à voter son budget 2023, et des élections municipales et régionales auront lieu en mai prochain “alors que les partis indépendantistes sont à couteaux tirés”, explique le quotidien français.
Les autres sujets du jour
Allemagne
- L’Allemagne affirme ne plus être dépendante du gaz et du pétrole russes [France info]
- En Allemagne, Lützerath, l’épine dans le pied des Verts [La Croix]
Economie
- Protectionnisme : l’Europe attend peu de concessions des Etats-Unis [Les Echos]
- La compétitivité de l’UE, un enjeu pour faire face aux aides d’Etat de la Chine et des Etats-Unis [RFI]
Guerre en Ukraine
Parlement européen
- Qatargate : l’ancien eurodéputé Antonio Panzeri passe à table [Libération]
- Marc Tarabella temporairement exclu de son groupe au Parlement européen [RTBF]