Elue samedi 30 mars avec 58,4% des voix, “Zuzana Čaputová, 45 ans, est devenue la première femme à la tête de la Slovaquie” [La Croix]. Elle a défait au second tour Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission européenne en charge de l’Energie et candidat du Smer, parti social-démocrate à la tête du gouvernement depuis 2012.
“Militante engagée dans la lutte pour l’environnement et contre la corruption” , Mme Čaputová, cofondatrice du parti social-libéral Slovaquie progressiste (PS) en 2017, est “libérale dans le domaine économique” ainsi que “sur les sujets de société, où elle défend l’accès à l’IVG et le droit à l’adoption pour les couples homosexuels” , décrit Libération.
Son élection “détonne dans une Europe centrale gagnée par les autoritarismes” , estime ainsi Mediapart.
Crise politique
“Un an après l’assassinat du journaliste d’investigation Ján Kuciak et de sa compagne, les Slovaques ont montré dans les urnes qu’ils aspiraient au changement et à un autre style de rhétorique” , analyse le quotidien suisse Le Temps.
Le double meurtre, commis en février 2018, a en effet suscité une profonde crise politique dans le pays. Comme le rappelle La Croix, Ján Kuciak “enquêtait sur les relations criminelles impliquant le plus haut niveau de l’État” . “Plus de 100 000 personnes indignées étaient descendues dans la rue pour dénoncer ce crime et réclamer une ‘Slovaquie décente’ ” , ajoute le journal.
Le crime a conduit à l’interpellation de cinq personnes “dont le commanditaire du meurtre, un multimillionnaire qui entretiendrait des liens avec le Smer” , précisent Les Echos. Et le “Parlement européen a appelé [jeudi 28 mars] la Slovaquie à poursuivre l’enquête ‘y compris sur toutes les connexions politiques possibles’ ” [Le Monde avec l’AFP].
La mobilisation citoyenne, à laquelle Mme Čaputová a participé, avait abouti à la démission de Robert Fico, Premier ministre Smer au pouvoir à l’époque. Mais ce dernier reste à la tête du parti et demeure un “proche allié de l’actuel Premier ministre, Peter Pellegrini” .
Pour Mediapart, le discrédit de Robert Fico “a largement pesé sur le scrutin” . Le “candidat [Smer] au poste de président, Maroš Šefčovič, un diplomate de carrière, ancien commissaire européen et vice-président de la Commission européenne depuis 2014, qui avait pourtant le soutien de Bruxelles, n’a recueilli que 18 % des voix au premier tour - et 41 % au second” , relate le média.
Une nouvelle figure
L’arrivée à la présidence de Zuzana Čaputová tranche également avec un groupe de Visegrád (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) où “l’illibéralisme” domine. “Elle se veut résolument pro-européenne, quand, à Budapest et à Varsovie, les dirigeants se posent en défenseurs de leur nation contre ce qu’ils considèrent comme le ‘diktat’ de Bruxelles” [Le Temps].
Mme Čaputová “s’est prononcée ouvertement en faveur de l’accès libre à l’avortement et des droits élargis pour les couples homosexuels, alors que son rival mettait en avant ‘les valeurs traditionnelles de la famille’ et s’adressait à des électeurs voulant ‘que la Slovaquie reste un pays chrétien’ ” , rapportent également Les Echos.
Mais comme le souligne Libération, les pouvoirs de la nouvelle présidente slovaque sont limités. “Outre ses fonctions représentatives, le président possède essentiellement un pouvoir de veto, qu’il peut utiliser pour la nomination des nouveaux gouvernements et des juges à la cour constitutionnelle” , explique le journal. Un pouvoir de veto qui a régulièrement “créé des tensions entre son prédécesseur, Andrej Kiska [libéral et soutien de Zuzana Čaputová], et le gouvernement actuel” [Le Temps].
Cette prérogative “pourrait être utile à Mme Čaputová dans son combat contre la corruption et sa volonté de réformer la justice pour priver ‘les procureurs et la police de toute influence politique’ ” [Libération]. Ce sont cependant “les élections législatives en 2020 qui confirmeront ou infirmeront la véritable orientation prise par la Slovaquie” , juge Courrier international. Et celle-ci ne sera pas nécessairement celle de la nouvelle présidente.
“Il est très fréquent que les nouvelles formations obtiennent très vite de très bons résultats [en Slovaquie]. Puis souvent tout s’arrête face à l’inertie du système et aux difficultés à le modifier” , analyse Etienne Boisserie, chercheur à l’Inalco, interrogé par Libération. “Surmonter cet écueil reposera sûrement plus sur la capacité de [la] Slovaquie progressiste à se structurer que sur l’action de Mme Čaputová à la présidence” , conclut l’universitaire.
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